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Pour varier notre rituel du Top Ten saisonnier, mes consœurs américaines ont proposé un thème Halloween. Cette fête anglo-saxonne n’a jamais vraiment pris en France malgré les efforts des marchands du temple : aussi y a-t-il plus de vingt ans que je n’ai pas vu un gamin déguisé en vampire se présenter au pas de ma porte, bave aux crocs, pour réclamer des bonbons. Je me souviens tout de même du mélange de plaisir et de déception éprouvés chaque 31 octobre quand j’étais petite. Plaisir d’inventer mon déguisement. Déception qu’il ne me transforme pas vraiment en super-héros ou en danseuse andalouse…
Pour varier notre rituel du Top Ten saisonnier, mes consœurs américaines ont proposé un thème Halloween. Cette fête anglo-saxonne n’a jamais vraiment pris en France malgré les efforts des marchands du temple : aussi y a-t-il plus de vingt ans que je n’ai pas vu un gamin déguisé en vampire se présenter au pas de ma porte, bave aux crocs, pour réclamer des bonbons. Je me souviens tout de même du mélange de plaisir et de déception éprouvés chaque 31 octobre quand j’étais petite. Plaisir d’inventer mon déguisement. Déception qu’il ne me transforme pas vraiment en super-héros ou en danseuse andalouse…
D’une certaine manière, mon amour des parfums relève peut-être en partie de ce amour du déguisement : invisible, certes, mais capable de me transporter vers d’autres personnages. De quoi faire la joie de la petite fille que je n’ai jamais cessé d’être. Chacun de mes parfums est une vie parallèle.
Voici donc ce que je porterais si je me déguisais…
En fantôme du glamour d’antan: Mon Parfum Chéri, hommage de Camille Goutal et d’Isabelle Doyen aux grands chypres fruités, a la splendeur d’une robe du soir vintage exhumée, démantelée et rassemblée par une petite fille qui préférerait l’alcool de prune de mamie aux bonbons Haribo.
En réplicante : Philippe K. Dick se demandait si les androïdes rêvaient de moutons électriques. On pourrait également se demander s’ils se font la cour en s’offrant des fleurs synthétiques. Le nouveau parfum Comme des Garçons d’Antoine Lie et Antoine Maisondieu colle de subversives odeurs industrielles au charme nostalgique d’un bouquet de lilas et de pois de senteur. Manque plus que Rutger Hauer à mon bonheur.
En déesse hindoue : Le Trayee de Bertrand Duchaufour pour Neela Vermeire Créations, c’est des coups à vous donner envie d’avoir six bras comme Kali, donc six poignets à vaporiser de cet élixir profond, résineux, fumé, épicé, qui fond sur la peau comme un baume.
En faunesse : Onda de Vero Kern, désormais en version eau de parfum, attire sa potion de sauvagesse hors des bois en tempérant les notes animales, remplacées par un fruit de la passion aux notes encore un peu diaboliques puisqu’elles sont soufrées. Une touche de l’extrait entre les cornes, tout de même. Désormais disponible chez Jovoy, hourrah !
En diablesse : Plume d’oie et parchemin glissé sous le smoking au cas où une âme se propose à l’achat, coiffée d’un haut de forme à la Marlène Dietrich, la diablesse s’inonde du Patchouli Impérial ultra-raffiné et pourtant animal de François Demachy pour Dior, assombri par l’ambre et la civette.
En fée : Forcément le Baiser Volé de Mathilde Laurent pour Cartier, inspiré par la Fée de Lilas coquette et capricieuse de Delphine Seyrig dans Peau d’âne : tant qu’à faire la fée, autant jouer du lys nimbé de poudre de riz que des paillettes girly.
En sultane : Mais façon Paul Poiret ou Ballets Russes, arrosée d’une liqueur de fruits secs – datte et prune – relevée d’un cocktail d’épices aphrodisiaques. L’Aziyadé de Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire, c’est un peu Femme revu par Constantinople.
En truffe au chocolat : Rien qu’à dire Angel eau de parfum sublimée de cacao amer, on a la bouche qui colle. Et comme sa sœur Alien eau de parfum sublimé de beurre de caramel salé, cet Angel cacaoté est d’une telle puissance et d’une telle ténacité qu’il devrait être vendu avec un rendez-vous chez l’exorciste. Un parfum qui, littéralement, vous hantera des jours entiers.
En rose bonbon : Le Candy de Daniela Andrier pour Prada, c’est le caramel le plus chic après celui des macarons de Pierre Hermé, mais en fait, malgré ses atours rose shocking, c’est surtout un parfum délicat de musc et de benjoin que je trouve very irrésistible.
En Cendrillon au potiron : Phaedon, la nouvelle marque produite – mais non composée, à part deux parfums – par Pierre Guillaume, était présentée la semaine dernière chez Sens Unique. Pierre m’a fait sentir une bougie assez délicieuse appelée Carrosse, manifestement celui de Cendrillon après transformation car il affiche une note citrouille extrêmement réaliste, donc parfaite pour Halloween. Les souris ne sont pas comprises.
Et maintenant, à vous : comment vous déguiseriez-vous pour Halloween, et quel parfum porteriez-vous pour entrer dans votre personnage ?
Pour d’autres Top Ten (en anglais), voyez :