mardi 31 mai 2011

Tilda Swinton Like This de Mathilde Bijaoui pour État Libre d'Orange: récit d'une création



Alors que nous quittions le salon de l’hôtel parisien où le jury du Prix des Spécialistes de la Fragrance Foundation France avait délibéré, l’un des jurés, Nicolas Olczyk, a lâché d’un ton un peu moqueur : « Vous vous rendez compte qu’on vient de donner le prix à un parfum de célébrité ? »

Contrairement aux Fragrance Foundations d’autres pays, la France n’a pas de catégorie qui leur soit dédiée parce que le genre y est pratiquement inexistant. Nous avons bien des « égéries » qui prêtent leurs traits aux campagnes publicitaires – le terme tire son origine de la nymphe Égérie, qui dans la mythologie latine conseillait le roi Numa Pompilius sur les affaires religieuses. Mais personne n’irait s’imaginer que ces célébrités soient réellement des inspiratrices. Y a-t-il, d’ailleurs, des muses en parfumerie ? Jean-Paul Guerlain est bien le seul à raconter que tous ses parfums féminins sont inspirés par des femmes. Mais ce que Loulou de la Falaise était à Yves Saint Laurent, Gala à Dali, Kiki de Montparnasse à Man Ray, Marlene Dietrich à Josef von Sternberg ou Gena Rowlands à John Cassavetes ? Ça n’a jamais été mis en flacon.

Il existe en revanche quelques parfums qui pourraient faire croire à une relation muse-parfumeur. Ce sont des parfums de célébrité, certes, mais tellement originaux qu’ils reflètent forcément la personnalité non retouchée par Photoshop des stars qui les ont inspirés : L’Air de Rien de Miller Harris pour Jane Birkin, Daphne de Comme des Garçons pour Daphne Guinness, Eau de Protection par État Libre d’Orange pour Rossy de Palma…
La maison a collaboré une deuxième fois avec une célébrité en s’adressant à Tom of Finland, icône de la culture gay. Mais c’est avec le troisième parfum qu’elle s’est retrouvée dans l’œil du cyclone parfumé. Pour l’occasion, ELO a renoncé à ses jeux sur l’humour et/ou l’érotisme: le parfum tire son nom d’un poème du mystique soufi Rumi. On en croirait presque que le mauvais garçon de la parfumerie de niche est rentré dans les rangs : l’aficion des USA, qui ne comprend pas forcément cette posture dada, lui ouvre enfin les bras. Il faut dire que la composition elle-même, un camaïeu olfactif brûlant en tons orangés, est d’une originalité saisissante mais aussi douce à porter qu’une veste en tweed patinée par les éléments, et assez belle pour être jugée purement sur l’odeur, ce qu’a d’ailleurs fait le jury. Mais l’aura impeccablement cool dont l’a paré sa muse incandescente ne lui a pas nui : c’est Tilda Swinton, actrice intrépide, icône de mode, beauté extraterrestre, qui a inspiré Like This.

« Je l’ai conçu pour elle en premier », m’explique Mathilde Bijaoui. « Je voulais que ça la touche, elle. »
Mais le mot « muse » la fait hésiter.
« Je ne sais pas si on peut parler de muse. Une muse, pour moi, c’est quelqu’un dont on est amoureux. »
Un co-auteur, alors ? Mathilde hoche la tête.
« Ah oui. »
La jeune parfumeuse me raconte la genèse de Like This dans les bureaux ensoleillés de Mane sur l’île de la Jatte. Elle n’a pas trente ans lorsqu’elle est choisie par le propriétaire d’État Libre d’Orange, Étienne de Swardt, pour présenter ses propositions à Tilda Swinton. Il lui fait confiance : elle a carte blanche.
L’ambivalence sexuelle de cette David Bowie au féminin se serait parfaitement accordée à un jus masculin/féminin bien dans le style d’ELO, mais l'actrice opte pour une autre direction. « Le parfum, pour moi, est synonyme de lieu, d’état d’esprit – voire d’état de grâce. Certainement d’un état de confort », écrirait-elle par la suite. « Mes odeurs préférées sont celles du foyer, l’expérience du fiable, du reconnaissable après l’aventure exotique : le retour régulier – naturel – des saisons, la simplicité et la douceur. »

Elle porte le Bluebell de Penhaligon’s depuis si longtemps qu’elle ne le sent plus et n’est pas particulièrement férue de parfums. Elle aime bien les classiques --  Joy, Calèche et 24 Faubourg – mais les odeurs qui la touchent le plus sont celles des fleurs simples et délicates comme les pois de senteur et le chèvrefeuille, le thé lapsang souchong, le whisky pur malt, le fumé, les feux de joie et les feux d’artifice de Guy Fawkes Day, célébration de l’échec d’un attentat perpétré par le susnommé contre le parlement britannique en 1605, qui tombe le jour de son anniversaire. Tilda Swinton est née dans l'embrasement.

Fumée, feu, foyer... C'est un leitmotiv, donc une aubaine pour un parfumeur qui reçoit carte blanche. Une première séance introduisant Tilda aux matières premières le confirme : elle a le coup de foudre pour l’immortelle, note étrange aux facettes brûlées/caramélisées de curry et de sirop d’érable. Cet attrait fait-il inconsciemment écho à l’un de ses rôles-phares, l’Orlando immortel qui d’homme, devient femme dans le roman éponyme de Virginia Woolf, adapté par Sally Potter en 1992 ? C’est, en tous cas, la seule exigence de Tilda Swinton.
L’immortelle tombe sous le sens pour Mathilde Bijaoui, dont la synesthésie lui fait voir cette odeur en orange. L’orange devient donc le second leitmotiv. C’est la couleur des cheveux de Tilda Swinton ; de la robe de son personnage dans I sono amore de Luca Guadagnino qu’elle tourne à l’époque. C’est même le nom de la marque qui lance le parfum. L’idée est si simple que Mathilde craint qu’elle ne soit simpliste. Mais elle est d’une cohérence impeccable, et la parfumeuse continue à superposer les nuances d’orangé.

Au cours de leurs longues conversations, Tilda parle du fait qu’elle soit « ginger » : le terme est appliqué par les Britanniques aux chevelures poil de carotte – va donc pour la carotte – mais il signifie également gingembre. Ce gingembre appelle son partenaire naturel dans les cuisines anglaises, le potiron – encore l’orange – qui vient arrondir l’accord et évoquer le thème du foyer désiré par la muse. Mathilde imagine une cuisine de campagne, une longue table où refroidissent les tartes tout juste tirées du four, picorées par les enfants de Tilda. En tête pour rafraîchir, la mandarine, orange encore… Des palettes de saveurs qui encore une fois, font écho à ce que l’actrice vit à ce moment-là puisque son personnage dans Amore est justement l’épouse d’un industriel milanais qui tombe amoureuse d’un jeune chef cuisinier… « Tu n’as pas idée de la correspondance que je fais, entre sentir ici et goûter là », confie-t-elle à Étienne de Swardt.Mais aussi sans doute à ces concordances de saveur que Mathilde Bijaoui découvrait fillette auprès d'un père chef cuisinier amateur qui la traînait de marché en marché... L'histoire, au fond, s'écrit à quatre mains.

Tilda Swinton suit le développement du parfum à chaque étape, une douzaine de séances, sans rater un rendez-vous – elle fait même une téléconférence depuis New York --, jouant le jeu avec le plus grand sérieux. Elle s’approprie à ce point l’un des essais de Mathilde qu’elle l’appelle pour en avoir un nouvel échantillon : elle a entièrement porté le sien. C’est aussi elle qui trouve le nom, le titre de son poème préféré. Le jour où elle le propose à Mathilde et Étienne, passés la prendre à la gare, elle laisse même entendre que le parfum lui fait pense « au sexe l’après-midi, dans mon lit », se souvient Mathilde.

Le développement de Like This se passe donc  sans conflits, en toute confiance.
« Elle n’y connaissait rien en parfum, elle a joué à l’instinct », raconte la parfumeuse. « Je crois que c’est comme ça qu’elle choisit ses rôles. Elle n’a pas peur de se mettre en danger. Ce qui est très différent de ce qu’on fait toute la journée, c’est qu’elle n’était pas à pinailler sur des redosages à 1%. Elle n’a jamais été dans la formule, et ça n’est pas important pour moi. Je préfère ça plutôt que quelqu’un qui essaierait de tout comprendre et qui ne comprendrait rien. C’était de la vraie parfumerie. »

Est-ce cela qui donne à Like This ce délié, cette souplesse ? Cette logique profonde d'un récit intime et de ses concordances aux odeurs... forcément, ça sent le bonheur à plein nez.


Illustration: Tilda Swinton dans I sono amore

mercredi 25 mai 2011

Back next week... De retour la semaine prochaine



I’ll be handing in my manuscript next Monday. Meanwhile, there’s truly no human way to keep on feeding the blog, considering that my other professional gigs also involve writing and/or translating. But I’ve got a few things in store I’ll be posting soon.

Je rends mon manuscrit lundi prochain. Entretemps, il ne m’est pas humainement possible d’alimenter le blog, étant donné que mes autres activités professionnelles sont également liées à l’écriture et à la traduction. Mais j’ai quelques trucs sous le coude que je publierai bientôt.

dimanche 15 mai 2011

M/MINK de Byredo: humour noir d'encre



 « Le parfum, c’est quelque chose qu’on porte ou qu’on contemple ? »

La question a surgi au cours des délibérations du jury du Prix des Spécialistes de la Fragrance Foundation France. La journaliste qui la posait n’était certes pas étrangère aux parfums, mais elle n’avait peut-être pas l’habitude des parfums de niche puisque plus tôt, elle avait demandé s’il s’agissait de masculins ou de féminins…
Mais le produit qui avait suscité la question était inconnu de la plupart des jurés. Qui avait porté M/MINK de Byredo sur sa short-list parmi tous les lancements niche/exclusifs de 2010 ? On aurait pu suivre la progression des mouillettes autour de la table les yeux fermés  rien qu’à la succession de glapissements, de gloussements et de cris étranglés. Les jurés ont adoré. Les évaluatrices, qu’on paie pour s’assurer que ce genre de jus ne sorte pas des bureaux des parfumeurs, ont dû éprouver un petit frémissement de satisfaction par procuration. En général, lorsqu’un d’entre eux lâche ce genre de bombe, il reçoit sur le nez un coup de journal enroulé.
M/MINK a eu ses supporters jusqu’à l’avant-dernier round. Lorsqu’il a été éliminé, quelques jurées ont suggéré de créer l’an prochain un prix de l’originalité. Qu’il ait réussi à soulever une question aussi fondamentale que celle-ci-dessus au sein d’un groupe de spécialistes qui en ont senti d’autres est un hommage à sa radicale étrangeté.

M/MINK est, rappelons-le, basé sur un brief sans paroles de M/M, Michaël Amzalag and Mathias Augustyniak. Ce duo d’artistes/designers était tout indiqué pour collaborer avec Byredo : ils s’adressent fondamentalement à la même clientèle de trentenaires tendance Colette/Palais de Tokyo. M/M a remis à Ben Gorham de Byredo un bloc d’encre de Chine, une photo montrant un maître calligraphe japonais et une « formule utopique » dessinée par Mathias sur une feuille de papier coréenne traditionnelle, nous informe le site de la marque. Gorman a passé le colis à son complice habituel, Jérôme Épinette de Robertet.
Ce qui est revenu du labo est un jus aussi glacial que les M/M sont cool, qui passe directement du minéral à l’animal sans détour par le végétal. Et qui sent ce qu’on goûterait en léchant une pièce jaune surgelée tartinée de miel.

M/MINK se conforme au brief : ça sent l’encre. Le fait que ça senti aussi la bête est peut-être une allusion au poil des pinceaux des calligraphes. Ou alors, le résultat d’une collision graphique entre le « m » et « ink » (encre en anglais) : m + ink = mink, autrement dit le vison.

Autre lecture possible : avec sa structure aldéhydée/animale, M/MINK est un parfum classique écorché et éviscéré.

Mais on pourrait aussi lire M/MINK comme un manifeste sur (ou contre) la tendance « pressing » en parfumerie. Le parfum s’ouvre sur un hurlement aquatique/aldéhydé tellement aigu qu’il pourrait sans doute percer la couche d’ozone en visant bien. Le site Byredo nous informe que le parfum est overdosé en Adoxal, molécule qui sent à la fois le métal, le muguet, la meringue et la lessive propre : et pour cause, elle est largement utilisée dans les lessives. Tout se passe comme si Jérôme Épinette avait pris l’idée de « propre » qui prédomine dans la parfumerie grand public et l’avait exacerbée jusqu’à la fréquence de l’ultrason, puis l’avait plaquée sur son antithèse, une note de basse animalisée, ambrée et miellée, en soudant l’ensemble par les facettes minérales/sang de l’encens. Autrement dit, un oxymore olfactif, réalisé avec l’économie de gestes de la calligraphie orientale.
Ce style en abrégé confère à M/MINK un côté inachevé ; le rapprochement sans médiation du propre et de l’animal relève à proprement parler du mécanisme de l’humour.

M/MINK prouve qu’on peut lâcher les monstres hors de labos et plaire quand même. C’est le premier qui corresponde olfactivement à l’image pointue dont jouit Byredo auprès de sa clientèle, et le genre d’odeur qu’aurait pu lancer la Maison Martin Margiela au lieu d’une variation sur les Prada (la composition de Daniela Andrier est très bien, mais Margiela méritait un parfum plus expérimental).
Dans le même registre, j’aimerais que Francis Kurkdjian produise l’odeur de billet de banque composée pour l’exposition « L’Argent » de Sophie Calle en 2003 à la Fondation Cartier, travail sur des thèmes olfactifs similaires.

Et maintenant, question : dans une exposition d’art olfactif pointu, quel parfum rangeriez-vous à côté de M/MINK ?

Illustration: éléments typographiques créés par M/M.


Byredo M/MINK: Black Humour



“Is perfume something you wear or something you contemplate?”

The question popped up during the deliberations of the jury of the Fragrance Foundation France’s Specialists’ Awards. The beauty editor who asked it seemed to be a niche newbie: earlier on, she’d wondered whether what we were judging was masculine or feminine…
But the product that triggered the question was a new one on most jurors. Who’d put Byredo M/MINK on his/her shortlist out of all the niche/exclusive launches of 2010?
Blotters were passed around the table and you could’ve chartered their progression with your eyes closed: a succession of gasps, yelps and giggles. The jurors loved it. The evaluators, who get paid to see that kind of stuff never makes it past the perfumers’ offices, must have felt a little vicarious thrill on their behalf. They usually get bopped on the nose with a folded newspaper when they drop that kind of a bomb.
M/MINK found staunch supporters and when we eliminated it, a couple of jurors suggested there could be an award next year for originality. That it managed to raise the vexing and fundamental “wearable vs. stand-alone work of art” question amongst a group of specialists who’ve pretty much smelled it all is a tribute to its splendid oddity.

Byredo's shocker is based on a visual brief by M/M, aka Michaël Amzalag and Mathias Augustyniak. The achingly hip art/design duo has worked with just the kind of people or brands Byredo’s 30-something, Colette-shopping hipster clientele would be drawn to, from Björk to Balenciaga and Vogue France to Purple Magazine. 

M/M gave out “a block of solid ink purchased in Asia, a photograph showing a Japanese master practising his daily calligraphy, and a large utopian formula that Mathias drew on Korean traditional paper” to Byredo’s Ben Gorham. He handed the bundle over to Robertet’s Jérôme Épinette, who has signed most of his line-up. What came back was a juice as icy as M/M is cool, that seems to go straight from mineral to animal, bypassing the vegetal, and smells like licking honey off a frozen penny.

The brief was ink, and that’s what M/MINK smells of. That it also smells pretty beastly may be an allusion to the hair of the calligrapher’s brush, or the result of a graphic collision: “m + ink = mink”, as in the furry critter, with a wink to PETA: there's blood on that fur.

Another possible interpretation: with its bare-bones aldehyde/animal structure, M/MINK is the disembowelment of a classic perfume, for instance the original Visa by Piguet.

But M/MINK might well have had its own, olfactory agenda: you could also read it as a provocative statement on the “clean laundry” school of perfumery. 
 The perfume opens with a protracted, marine/aldehydic screech that could probably rip a hole into the ozone layer if aimed correctly. This is due to an overdose of Adoxal, the Byredo website informs us. Adoxal is a molecule that manages to conjure metal, lily of the valley, meringue and clean laundry: it is, in fact, widely used in detergents. It’s as though Jérôme Épinette had taken the idea of “clean” so prevalent in mainstream perfumery and boosted it until it reached the shrillness of ultrasound, then contrasted it viciously with its polar opposite, a honeyed ambery animalic bass note (not a typo), welding the two effects with the mineral/blood facets of incense. An olfactory oxymoron, executed with the economy of strokes of Chinese ink calligraphy.

As a result, M/MINK feels unfinished but also exhilaratingly fun – at least, a perfumer’s idea of fun when he’s allowed to let loose and experiment (Dr. Épinette coming out as Mr. Mink-hide). It demonstrates that you can let a monster shamble out of the lab and come up with a real statement on perfumery, something the hipster Byredo had failed up to then to achieve. This is the kind of perfume Maison Martin Margiela should have put out instead of an outtake on the Prada series (which I think is very good on its own, but not up to Margiela’s conceptual standards).
In the same line, I wish Francis Kurkdjian would bottle the smell of banknotes he created for Sophie Calle’s “L’Argent” exhibition in 2003 at the Fondation Cartier, which similarly played on the mineral/animal contrast.

Now, a question: which perfume would you place alongside M/MINK in a gallery?


Illustration: M/M's "utopian formula" for M/MINK

mercredi 11 mai 2011

Jasmine censored in China


 In a private conversation with a common friend, the writer Milan Kundera scoffed that as soon as you add a qualifier to the name of a revolution, like “Velvet” or “Orange”, you somehow disqualify it. Clearly the Chinese authorities weren’t listening in on the call. In a kafkaesque move to crack down on the dissenters who might be inspired by the Jasmine Revolution spreading through the Arab world, the government has been cracking down on the little white flower so beloved by its constituents.

In a May 10th article entitled “Catching Scent of Revolution, China Moves to Snip Jasmine”, the New York Times reports that authorities have cancelled China’s International Jasmine Cultural Festival, blocked the ideogram meaning “jasmine” from appearing in text messages and instructed growers and vendors that the flower had become contraband. Vendors are even asked to note the licence plate numbers of those seeking to buy jasmine.

Will dissidents turn to jasmine scents to signal their protest, just like the Muscadins wore musk during the French Revolution – a fragrant badge that could cost you your head? And will this put a crimp on the sales of, say, Dior J’Adore just as cosmetics giants are panting to find a peg on the humongous Chinese market?

But as the artist Ai Wei Wei, arrested on April 3rd, has not been seen or heard from since, nothing the Chinese authorities do is a laughing matter. In an admittedly feeble gesture of solidarity, I plan to wear a beautiful jasmine scent to remind myself of his plight…

Which jasmine would you recommend?