vendredi 8 juillet 2011

Aperçu des lancements de l'automne


 Pas encore fini de piocher dans les derniers lancements, que déjà ceux de l’automne se profilent… J’espère découvrir sous peu le Prada Candy de Daniela Andrier, qui comme son nom l’indique est un gourmand, donc une vraie rupture pour Prada et, on peut l’imaginer, une lecture élégante du genre : accord caramel synthétique, musc et overdose de benjoin (12% de la formule). 

Je n’ai pas encore eu l’occasion de parler à Isabelle Doyen et Camille Goutal de Mon Parfum Chéri aux accords de prune, épices et patchouli déjà proposé en avant-première chez Harrod’s, mais cela ne devrait tarder.

Quant au très attendu Philippine Houseboy de Ralph Schwieger pour État Libre d’Orange, dont une version était présentée dans la boutique de la rue des Archives et la sortie annoncée pour juin, il est toujours en cours de développement.

La sortie du prochain Comme des Garçons par Antoine Lie, annoncé comme un vrai retour à l’iconoclasme de la maison, est retardée à cause des événements tragiques survenus au Japon.

En revanche, côté bonnes nouvelles, Frapin vient de me confirmer que le 1697 de Bertrand Duchaufour, lancé en édition limitée, fera à partir de septembre partie de la collection permanente au vu de son succès. Il sera présenté en concentration à 10% (plutôt que 14%) ce qui permet aux notes de respirer et, à mon sens, améliore encore le produit.

Avec Indochine (PG25) de Parfumerie Générale, Pierre Guillaume pousse le genre oriental à l’extrême en évoquant une croisière sur le Mékong dans les années 1920 en tons sépia. Ce parfum aux accents durassiens joue sur le registre gourmand comme bien des créations de la maison, avec des effets de miel et de santal. Aux benjoin résinoïde de Siam, poivre de Kampot, cardamome de Ceylan et miel du Laos s’ajoute une matière première rare, qui n’a été utilisée à ma connaissance que dans Kenzo Amour : le tanakha de Birmanie, préparation cosmétique traditionnelle à base d’écorce. C’est un parfum superbe, sur lequel je reviendrai au moment de son lancement, prévu en septembre/octobre.

Azemour de Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire évoque, via un chypre jouant sur toutes les facettes de l’oranger – fruits, feuilles, fleurs et écorce – l’orangeraie marocaine où le parfumeur est né et a grandi, près de la ville d’Azemmour sur la côte Atlantique. Le « m » en moins évoque le mot « amour »… Les notes : orange, coriandre, cumin, poivres rose et noir, bourgeon cassis, galbanum, néroli, rose, géranium et fleur d’oranger ; absolue de foin, mousse de chêne, henné et cyprès jouent en notes de fond.
Parfum d’Empire vient aussi de présenter ses quatre premières bougies, mises en vente en octobre tout comme le parfum : Lantana Camara, aux accents hespéridés pétillants, Tubéreuse Corse, une interprétation riche et lactonique de la diva, Ambre Absolu, animalisé et cuiré, et Lys Casablanca, narcotique et indolé.

Pour la Batucada de L’Artisan Parfumeur – le mot désigne un sous-genre de la samba – Karine Vinchon à Grasse et Elisabeth Maier à São Paulo ont initié une collaboration transatlantique puisque contrairement aux parfumeurs des autres voyages olfactifs de L’Artisan, Karine n’a jamais mis les pieds au Brésil. C’est donc vers sa consœur paulista qu’elle s’est tournée pour l’authenticité. Le parfum rompt également avec les voyages olfactifs antérieurs, moins littéraux, en offrant des notes typiquement Carioca, facilement identifiables, notamment la célèbre caipirinha – citron vert, menthe, cachaça et sirop de canne --, un accord solaire ylang-ylang/tiaré éclaboussé de cette eau de coco qu’on déguste à Ipanema, et un accord aquatique (eh oui, c’est la calone) sur un fond de musc (ambrettolide), vétiver brésilien (plus « brut » selon Karine, mais qui présente à mon nez un effet floral), et patchouli.

Penhaligon’s boucle sa rénovation de la collection Anthology avec la réécriture par Bertrand Duchaufour de L’Esprit du Roi, sa seconde fougère pour la maison après Sartorial. Le parfum introduit deux matériaux assez inhabituels. D’abord l’absolue de framboisier, aux facettes vertes résineuses à effets de sève qui évoque à la fois le lentisque, la feuille de violette, le maté, le cassis, la mousse et le foin… Ensuite, la pierre d’Afrique, matière première animale garantie sans cruauté puisqu’il s’agit de la teinture de l’urine fossilisée de l’hyrax, dont l’odeur complexe et veloutée est proche du castoréum.

Suite avec le prochain By Kilian, dernier chapitre de la collection l’Oeuvre au Noir: Sweet Redemption.


Photo : Le trottoir de Copacabana créé par Oscar Niemeyer, photographié par Xtinalicious/ flickr

7 commentaires:

  1. Merci pour ce bilan sur les sorties à venir ! Batucada décidément m'intrigue au plus haut point. Avec deux options : la réussite pleine de sourire et de bonne humeur, ou le fruité écoeurant fleuri lourdingue patchoulisé... J'ai déjà posé la question à Soph et à Jicky sur leurs blogs respectifs, mais toi, comment l'as-tu trouvé, qualititativement parlant ?

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  2. Je ne l'ai pas assez porté pour l'évaluer, mais je peux déjà dire que Batucada est plutôt un parfum fusant, pimpant, de texture assez aérée.

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  3. Bon. Déjà, si on évite le fleuri gras et empesé, c'est pas mal !

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  4. Oui tu as raison ! :-) Mais ce parfum a tellement tout pour me plaire sur le papier que j'ai peur d'être déçu. A suivre !

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  5. Le parfum de "parfum d'empire" est celui qui fait s'emballer le plus mon imagination.
    J'imagine un parfum à mi-chemin entre "noirs épices (Malle)" et "fleur d'oranger (l'artisan parfumeur)". Entre la puissante radiance, et le raffinement délicat.
    Je repense à leur "3 fleurs", dont la qualité extrême me rappelle la beauté symphonique de Joy.
    (Je pense qu'à l'arrivée, l'éléphant n'accouchera pas d'une souris, en l'occurrence une malheureuse cologne toute gentille, comme dans certaines marques de niche (Armani privé?))

    Les ingrédients du derniers Penhaligon attise ma curiosité. Mais je me méfie :
    Contre. C'est penhaligon, et j'ai une image un peu bas de gamme de ce qu'ils font (à tort : je connais peu cette marque).
    Pour. C'est Duchaufourd, c'est le nouveau visage de Penhaligon.
    Donc à l'arrivée : mystère.

    [mais comment fait Duchaufourd pour crée autant de parfum?
    Des fans -avec leur fortes attentes- diront qu'ils espéraient plus de ces dernières créations. Néanmoins chacune de ses sorties est remarquable, et j'aime, et est novatrice. Bref c'est du bon!
    -> Vas-tu parler de la série des "numéros" de l'artisan parfumeur, 5 parfums, Duchaufourd aussi!]

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  6. Julien, Azemour est beaucoup moins épicé que Noir Epices, et plutôt orange que fleur, mais très saturé et coloré comme toujours les Parfum d'Empire.
    Quant à Penhaligon's, cela fait déjà un moment qu'ils ont entamé un virage remarquable sur la qualité, il faut aller y mettre le nez.
    Et, oui, je compte parler de Mon Numéro, mais comme j'ai des échantillons de la gamme entière, ça bouchonne un peu. Je précise que ces parfums ont été composés il y a deux ou trois ans, donc avant l'explosion tous azimuts de la carrière de Bertrand Duchaufour.

    Pour ce qui est des marmonnements qu'on commence à entendre sur cette productivité extraordinaire, je les trouve injustifiés. En fait, Duchaufour, parfumeur "star" indépendant et "mercenaire" qui maîtrise sa palette et auquel ses clients accordent une grande liberté, se trouve dans une position encore inédite... Sa grande productivité s'explique sans doute en partie par le fait qu'il puisse être sollicité par plusieurs marques (donc être sur plusieurs projets à la fois), mais également travailler dans un dispositif plus souple et rapide que les grands labos, dont les clients demandent souvent des milliers d'essais. Du coup, forcément, il peut composer plus.

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