Bien qu’il ait figuré dans certains des parfums les plus mythiques, de L’Origan à Opium, et ait jadis été immensément populaire – au moins une centaine de soliflores depuis la Belle Époque, avec un pic dans les Années Folles – l’œillet se languit depuis des lustres au purgatoire des senteurs. Non seulement parce que les réglementations restreignant l’usage des usages rendent plus difficile l’évocation de la fleur épicée (elle est classée dans la même famille que le lys, l’ylang-ylang et la giroflée), mais aussi parce qu’elle paie le prix de sa popularité d’antan et semble désormais désuète.
La fleur elle-même manque nettement de glamour. En France, certains croient qu’elle porte malheur, tradition née à l’époque où une gerbe d’œillets offerte par un directeur de théâtre à une actrice signifiait son renvoi : elle ne méritait pas qu’on se fende du prix d’un bouquet de roses. Et quiconque a reçu un bouquet acheté à l’arrache dans le métro ou une station-service où trois œillets se battent en duel, peut confirmer son envie de le planter dans la poubelle plutôt que dans un vase de Sèvres.
C’est cette pauvre fille que Serge Lutens a recueillie, foutue en talons aiguille et aiguillonnée jusqu’à ce qu’elle explose, orchestrant sa propre Révolution des Œillets.
L’art du parfum est autant celui des mots que celui des odeurs : c’est en tissant les fils verbaux et olfactifs qu’on raconte une histoire. Et le motif brodé par les pétales dentelés de l’œillet dans les langues et les folklores européens est particulièrement luxuriant. En Français, l’œillet évoque à la fois l’œil et le trou (de lacet, de balle). En anglais, carnation provient soit du latin corona parce que la fleur couronnait les mariées dans la Grèce antique, ou de carnis, la chair, à cause de la couleur de la fleur d’origine – l’œillet mignardise se nomme d’ailleurs pink (la couleur rose) Outre-manche. En Espagne, la fleur s’appelle clavel, du latin clavus, « clou », à cause de sa parenté olfactive avec le clou de girofle. Leurs noms scientifiques relient d’ailleurs l’œillet, Dianthus caryophyllus, au giroflier, Eugenia caryophyllata. Via une série de déformations phonétiques, Caryophyllon a également donné giroflée (parenté olfactive à défaut d’être botanique), l’italien garofano (« œillet ») et l’anglais gillyflower, qui désigne toutes les fleurs à odeur de clou de girofle. Quant à Dianthus, formé à partir des mots grecs signifiant « divin » (dios) et « fleur » (anthus), il ajoute à l’œillet une dimension sacrée qui vient encore renforcer le réseau sémantique/symbolique où est prise l’humble fleur des jardins, décidément moins banale qu’il ne semble.
Autrement dit, l’œillet est à la fois œil, trou, chair et clou. On songe forcément à la passion du Christ et en effet, c’est ce que symbolise la fleur dans l’iconographie chrétienne. Carnation, incarnation, chair clouée à la Croix… Ce qui pourrait (ou pas) faire partie des sous-entendus de Vitriol d’œillet : mais comme il est lancé en même temps que De Profundis qui, lui, tire bien son nom du Livre des Psaumes, cela fait en tous cas partie de son inconscient. On pourrait y ajouter que la fleur portée par les aristocrates montant sur l’échafaud lors de la Terreur est aussi celle des défilés communistes, et qu’elle a donné son nom, au Portugal, à la révolution qui a renversé la dictature de Salazar…
C’est donc une fleur sur-signifiante que Serge Lutens à demandé à Christopher Sheldrake de « dé-figurer » (c’est son terme) en la soumettant au même traitement qu’il avait infligé à la tubéreuse. Autrement dit, de déformer ses traits en exagérant les plus étonnants et les moins attrayants – dans ce cas, la facette clou de girofle de l’œillet. Mais cette distorsion baroque est également une dé-figuration au sens d’une sortie de la figuration. Vitriol d’œillet n’est pas une représentation littérale de la fleur, mais un éventail olfactif qui déploie l’œillet, la giroflée, l’ylang-ylang et la rose, épinglés par un clou de girofle.
Toutes ces fleurs on bien les eugénols en commun, mais comme l’usage de ces matières premières sont réglementés, Vitriol d’œillet fait appel à d’autres épices pour évoquer leur brûlure : le poivre noir, complice phénolé du clou de girofle, qui entraîne à son tour le poivre rose plus vibrant et anisé, puis le piment de Cayenne qui nous ramène à l’œillet par sa couleur, et à la sphère criminelle par son nom qui évoque le bagne. Vitriol d’œillet, arme défensive, s’ouvre donc sur une bouffée de spray au poivre qui embrase la fleur.
La brûlure de ces épices chaudes perdure longtemps dans le développement mais, étonnamment pour une mixture au nom aussi menaçant, Vitriol d’œillet n’est pas excessivement diffusif. D’ailleurs, au cours de son évolution, il subit une métamorphose semblable à celle de Tubéreuse Criminelle en s’adoucissant sur un fond musqué poudré facetté de jasmin et de rose, relevé de muscade. À ce stade, c’est plutôt Bas de Soie qu’il évoque par son chic rétro et son odeur de savonnette à l’ancienne.
Mais Vitriol d’œillet n’est pas spécialement désuet : lorsqu’on le compare, par exemple, au Malmaison de Floris (qui n’existe plus) ou à une version vintage du Poivre de Caron, il est beaucoup plus stylisé et, pour des réglementaires évidentes, bien moins chargé d’eugénols. Quant à Bellodgia (également vintage), il prend des allures de matrone à rangs de perles. Je n’ai ni le Dianthus d’Etro, ni le Garofano de Santa Maria Novella sous la main pour les comparer, mais mon échantillon du regretté Œillet Sauvage de L’Artisan Parfumeur, sans doute le plus bel œillet contemporain jusque là, est nettement plus doux et vanillé (avec me semble-t-il une touche d’héliotropine), ce qui correspond assez bien au style tendre et naturaliste de la spécialiste des fleurs qu’est Anne Flipo.
Vitriol d’œillet peut donc désormais aspirer au titre. Son lancement national est prévu pour septembre mais il est déjà disponible au Palais-Royal.
Pour ceux et celles d’entre vous qui ne seraient pas Parisiens, ou sur la liste de mailing de la maison, j’offre un atomiseur de 5 ml. Laissez un commentaire expliquant pourquoi vous aimez l’œillet, ou ce qu’il vous évoque, et je tirerai au sort un gagnant le 6 juillet.
Illustration: Carmen con clavel, Julio Romero de Torres (1907)
l'oeillet est chez moi une fleur familiale. Je ne sais pas si comme tu le dis, Denyse, il manque de glamour, mais dans ma famille il est de tradition qu'il orne les repas de famille, qu'il soit offert en bouquets, il est la fleur préférée pour tous les moments importants sur au moins trois générations. A ce titre, l'oeillet m'évoque facilement les personnes qui me sont, ou m'ont été, les plus chères. Je rêve donc de voir comment Lutens a pu traiter ma fleur de poète, et souhaite participer au tirage au sort!
RépondreSupprimerAndy
Andy, je trouve très touchant qu'une fleur représente ainsi les bons moments passés en famille... Et ton nom est dans le "chapeau"!
RépondreSupprimerL'eau de toilette à l'oeillet, c'est pour moi l'image des grandes bombonnes disposées en haut des étagères du rayon parfums du Monop' du coin, à mon adolescence. Un parfum cheap, pour les petits porte-monnaies et les petites vertus... Il était vendu au détail, précurseur du système Angel &co. J'adorais cette odeur à la fois de fleur et de poivre, charmeuse et insolente comme une grisette.
RépondreSupprimerDianthus d'Etro est aux antipodes de cet oeillet-là. Je viens de m'y replonger pour une piqûre de rappel : l'odeur d'un bouquet séché oublié dans la sacristie. Un oeillet castré, asexué. Un oeillet triste, en odeur de sainteté, desséché comme une bigotte et qui se la joue un peu, hautain et digne. Pff...
Ah je rêve à ce que Serge Lutens va réaliser. Déjà le nom est toute une promesse ! Oui j'aimerais bien recevoir une fiole de vitriol, please miss Jicky donnez un coup de patte en ma direction ,) !
alizarine.
Alizarine, je n'ai pas connu cet oeillet de Prisu, mais ça me fait penser à la violette pour grisettes qui a récupéré quelques-unes de ses lettres de noblesse depuis...
RépondreSupprimerPour Dianthus, je me rappelais de quelque chose d'un peu éteint mais avec votre façon très drôle de l'égratigner, je risque de ne pas me jeter dessus.
Jicky a bien pris note!
En vous lisant , avant d'arriver plus bas dans le texte, je me disais justement que j'aimerais comparer Poivre et Bellodgia de Caron (version vintage) à ce nouvel oeillet Lutensien. Même si cette fleur a pour moi une connotation funéraire, j'adore sa facette clou de girofle/poivre.
RépondreSupprimerAvec la réglementation sur l'eugénol, j'ai hâte de sentir par quelle habile tournure épicée Christopher Sheldrake est arrivé à dé-figurer cette fleur. J'espère donc que la Bonne Fortune me sourira pour ce tirage au sort...
Merci pour votre article qui donne, une fois encore, envie de sentir et découvrir.
Eric
Eric, j'ai tiré mon flacon de Poivre et mon minuscule échantillon un peu tourné de Bellodgia. Poivre, à côté, n'est pas "vitriol" mais carrément radio-actif. Je l'ai beaucoup porté et aimé, mais je pense le Lutens plus praticable malgré tout, et plus poivré que clouté.
RépondreSupprimerEt je vous note sur la liste!
"L’art du parfum est autant celui des mots que celui des odeurs : c’est en tissant les fils verbaux et olfactifs qu’on raconte une histoire."
RépondreSupprimerEt moi qui croyais que je devais me méfier des mots du séduisant Serge! Quelle erreur! Et tu nous en a fait une belle démonstration en décryptant ainsi ce Vitriol d'oeillet. (je ne participe pas au tirage au sort).
Je lui trouve plus un colère de Dandy que de Carmen... Et cela ne me dérange guère, je l'adore. Il a une tenue exceptionnelle aussi.
J'achète souvent des oeillets de poète chez mon fleuriste, quand il en a, et ne soupçonnais pas la dense histoire de cette fleur délaissée et démodée, vendue pour trois fois rien. Je la regarderai autrement...
vh
VH, je n'en ai pas parlé ici parce que cette note se serait transformée en roman-fleuve, mais l'image de la Carmen de Romero de Torres est là pour me rappeler mes propres souvenirs andalous de l'oeillet, piqué sous le peigne durant la Feria, tendu par les Gitanes qui veulent te dire la bonne aventure...
RépondreSupprimerMais la fleur que Carmen lance à Don José, c'est la cassie!
Joli billet pour un parfum qui l'est tout autant !
RépondreSupprimerJ'ai vraiment beaucoup aimé ce Vitriol, et la subtilité entre le discours et le parfum. Cependant, je ne le trouve pas si poivré, ni violent que ça. Un peu violette, un peu prune, un peu jasmin. Il a l'aura d'un nouveau 5 dans l'essprit...
(je ne participe pas au jeu concours ! Je vais éviter à Miss Jicky d'avoir des problème de Dr Jekyll & Mister Hyde ;)
Jicky, au départ, je l'ai trouvé très doux aussi -- comme en témoigne ma question à M. Lutens dans l'interview ci-dessous -- mais en le re-testant sur plusieurs jours, le poivre a fini par me monter au nez. Après 24 heures sur mouillette, seul Poivre de Caron lui tient encore tête.
RépondreSupprimerEt Miss Jicky salue son homonyme...
J'associe l'oeillet à certaines toiles représentant la Nativité. On retrouve parfois, en premier plan, l'évocation de la vie du Christ, par une composition florale. Un vase à la forme pure contient toujours des lys, des iris, des ancolies, et des oeillets... Représentations du caractère divin du Christ, de la douleur de la Vierge Marie, de la présence de l'Esprit Saint, et les oeillets, clous de la crucifixion.
RépondreSupprimerJ'associe aussi l'oeillet à Christian Lacroix et à ses défilés Haute Couture ! Ces oeillets, lancés à la fin de ces défilés comme on rendrait honneur à un torero. Quand je vois des oeillets, ce rapprochement se fait quasi automatiquement. J'imagine la magnificence des broderies sublimes de Lesage, comme l'on n'en trouve plus que sur des vêtements liturgiques ou sur des vierges de processions.
Enfin, j'associe l'oeillet au chic de la fleur à la boutonnière d'un dandy.
L'odeur : je la trouve tellement équivoque ! Et elle m'évoque tant de choses !
C'est pour moi une odeur qui évoque des passions sombres, qui ne trouvent de repos que quand le sang est versé ! A la corrida, au duel, sur la croix...
C'est une odeur d'un autre temps. Très XIXème siècle à mes yeux (ou à mon nez).
Impatient de découvrir comment l'oeillet est interprété par Serge Lutens !
Je croise les doigts et espère que j'aurai la chance d'être tiré au sort !
JD
J'associe l'oeillet à certaines toiles représentant la Nativité. On retrouve parfois, en premier plan, l'évocation de la vie du Christ, par une composition florale. Un vase à la forme pure contient toujours des lys, des iris, des ancolies, et des oeillets... Représentations du caractère divin du Christ, de la douleur de la Vierge Marie, de la présence de l'Esprit Saint, et les oeillets, clous de la crucifixion.
RépondreSupprimerJ'associe aussi l'oeillet à Christian Lacroix et à ses défilés Haute Couture ! Ces oeillets, lancés à la fin de ces défilés comme on rendrait honneur à un torero. Quand je vois des oeillets, ce rapprochement se fait quasi automatiquement. J'imagine la magnificence des broderies sublimes de Lesage, comme l'on n'en trouve plus que sur des vêtements liturgiques ou sur des vierges de processions.
Enfin, j'associe l'oeillet au chic de la fleur à la boutonnière d'un dandy.
L'odeur : je la trouve tellement équivoque ! Et elle m'évoque tant de choses !
C'est pour moi une odeur qui évoque des passions sombres, qui ne trouvent de repos que quand le sang est versé ! A la corrida, au duel, sur la croix...
C'est une odeur d'un autre temps. Très XIXème siècle à mes yeux (ou à mon nez).
Impatient de découvrir comment l'oeillet est interprété par Serge Lutens !
Je croise les doigts et espère que j'aurai la chance d'être tiré au sort !
JD
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerBonsoir.
RépondreSupprimerJe me suis battue durant des mois pour "retrouver" la senteur de l'oeillet "Artisan Parfumeur".
C'est chose faite depuis mai sur un célèbre site d'enchères.
Je m'en enduis tous les mercredis un poignet (j'apprends le plaisir dans la modération et non dans l'avarice, sourire...)
Alors, aujourd'hui, je suis candidate à ce tirage au sort pour voir ce que mon parfumeur préféré qui sut rendre criminelle une tubéreuse a pu faire de l'oeillet pour qu'il soit ainsi vitriol...
PS : Merci pour votre chronique et votre blog.
JD, la Croix et Lacroix... Mais oui! Je me rappelle maintenant des défilés de haute couture de Christian Lacroix et, comment dire? D'une réelle *enfance* de ce couturier dans l'émerveillement... Et des oeillets que nous trouvions sur nos chaises pour lui lancer.
RépondreSupprimerPour moi aussi c'est la fleur de la Feria et de la corrida: je la portais dans mes cheveux.
Et, oui, je vous inscris au tirage!
Mélinée, merci à vous! Il est vrai que l'Oeillet Sauvage de L'Artisan était superbe. Celui-ci est différent, moins champêtre.
RépondreSupprimerEt vous êtes dans le tirage!
Bravo pour ce beau billet consacré à l'oeillet et au nouveau Lutens.
RépondreSupprimerMon souvenir immédiat quand on parle d'oeillet, c'est un énorme bouquet que ma cousine et moi avions offert à notre grand mère pour son anniversaire le 22 juillet. Nous étions en vacances à Saint-Laurent du Var dans leur maison secondaire et près de là, il y avait des serres d'oeillets. Nous étions très jeunes et ne pouvant conduire, nous étions allées au plus près, ignorant le symbole de l'oeillet... Je me souviens de leur doux parfum crémeux et épicé et de la profusion des couleurs. Et puis comme tu le sais je pense toujours aux oeillets à cause de mon nom de famille!!!
Inutile de m'inscrire pour le tirage car je vais l'avoir sous le nez très bientôt.
Rebecca, je suis sûre que votre grand-mère a été ravie, et cette serre devait être un ravissement!
RépondreSupprimerC'est vrai que la note oeillet a une connotation "vieillote", mais moi,cela me plaît, même si je ne peux plus sentir "L'Air du Temps" qui a trop bercé mon enfance.
RépondreSupprimerJ'aime sa présence dans "Blue Grass" d'E. Arden: ce parfum méconnu en France fait décidément très vieillot...et je l'aime beaucoup. J'espère sentir sans tarder ce Lutens dont l'oeillet doit être bien différent!
Oups! Je ne suis pas anonyme, mais zab63 !
RépondreSupprimerZab63, j'avais complètement oublié Blue Grass, que j'ai forcément beaucoup senti puisque j'ai grandi au Canada et énormément trainé au comptoir Elizabeth Arden.
RépondreSupprimerVous êtes dans le tirage.
Il est de tradition familiale, à laquelle je déroge peu, de se laver avec la savonnette "Oeillet mignardise" de R&G, odeur particulière dont je raffole depuis mon enfance (Proust n'est pas loin).
RépondreSupprimerJe suis depuis des années aussi une inconditionnelle de Garofano/SMN dont je n'ai jamais trouvé d'équivalent.
Aussi étais-je très intriguée par ce VdE, et, je l'avoue, un brin pessimiste (il ne fera pas, il ne peut pas faire mieux que mon Garofano) : c'est chose faite ! VdE n'a, à mon nez, rien de l'oeillet, ni mignardise ni du poète. Mais vitriol il l'est bien, par son départ extrêmement vert et crissant comme a pu l'être Bas de Soie.
Dans cette tonitruance verte et acide je ne perçois ensuite qu'un fond floral gentillet. J'attends qu'une magie soudaine s'opère, que quelque chose se passe, qu'un poudré s'installe mais non point. Rien, désespérement rien que de jolies fleurs dans un vase dont on n'a pas changé l'eau depuis 3 jours.
Certes le propos de Sheldrake/Lutens n'était apparemment pas de "faire un oeillet" mais plutôt de déconstruire l'oeillet. Réussi pour la déconstruction.
Je passe encore une fois mon chemin... mes pas me menant tout droit chez SMN :-)
Le Vitriol d'Oeillet de Serge Lutens, les oeillets des defiles de Christian Lacroix (qui manifestement ne lui ont pas porte chance)...moi qui vit aux Etats-Unis je vous le certifie, ca n'existe qu'en France des artistes comme ca, vous en avez de la chance! ;-))
RépondreSupprimerEmma
Rêve-je ou bien il y a de l'oeillet dans "Après l'Ondée" ? L'oeillet dont j'ai toujours aimé l'odeur des fleurs, reliée à ma tante qui portait non pas "Après l'Ondée" mais "Mitsouko". Quand je l'ai découverte en parfumerie, elle a le pouvoir de me rendre (plus que d'habitude) mélancolique.
RépondreSupprimerDe ce genre de tristesse que l'on trouve en musique, que l'on recherche (sans toujours savoir pourquoi, l'inconscient...).
Et je suis donc, ayant presque aimé "Poivre" (mais pusillanime que je suis, je lui ai préféré "Parfum sacré"), très curieuse de ce Lutens. Et du De Profundis aussi, pour l'encens.
Amicalement,
Monique
Lamarr, c'est curieux que tu ne sentes pas le poudré, pour très présent, mais bon... C'est pas le tien, c'est pas le tien! et je vais de ce pas acheter ces savonnettes Roger & Gallet qui ne sont pas de tradition chez moi, mais que j'aime énormément aussi...
RépondreSupprimerEmma, j'avais énormément d'affection pour Lacroix, qui de plus est un homme adorable, et son naufrage m'a vraiment chagrinée... Cela dit, ses collections en PAP, je n'aurais pas forcément acheté. Mais sa couture m'émouvait tellement!
RépondreSupprimerMonique, absolument, il y a de l'oeillet dans Après l'ondée... Et la mélancolie en parfum, c'est aussi beau que la mélancolie musicale.
RépondreSupprimerJe vous inscris donc au tirage.
J'ai egalement bcp d'affection et d'admiration pour le personnage meme si je ne le connais pas personnellement bien sur. En tout cas j'ai adore l'anecdote des oeillets, j'imagine tellement pas du tout un designer americain faire ca devant Anna Wintour sur les podiums a New York pendant Fashion Week! ;-))
RépondreSupprimerA l'epoque ou la mode qui marche dans le monde au niveau commercial est italienne (la femme americaine qui achete du PAP haut de gamme se fout d'avoir de la classe, elle est friquee et veut que ca se remarque), la HC francaise depuis la disparition de Christian Lacroix va mal. Est-ce que Gaultier va pouvoir continuer ses collections HC alors qu'Hermes vient de le lacher? Et Franck Sorbier qui n'a pas presente de collection HC automne hiver cette annee? (il est vrai que sa collection HC printemps ete 2011 n'etait pas ce qu'il a fait de mieux)...
Emma
BOnjour Denize,
RépondreSupprimerj'ai posté un commentaire ce matin.Je me rends compte qu'il ne vous est pas parvenu.
Il parlait de mes émois poétiques de jeune fille :
"Un bouquet d'oeillets blancs(...)
Qui semble au bord du vase, un vol de papillons arrêté dans l'extase."
C'est tout ce qu'il m'en reste.
Le savon R&G dont l'odeur de la matière se mariait (suivant mon goût) si mal à celle de l'oeillet, Bellogia que j'ai porté il y a 20 ans et l'oeillet lui-même que j'adore et dont j'ai planté les espèces les plus parfumées à plusieurs coins du jardin. Et ma découverte ébahie de le retrouver chaque été à l'état sauvage dans les dune atlantiques, rose vif, muni de quatre pétales seulement, minuscules mais dont l'odeur est parfaite : intense et fraîche, exactement fidèle à tout ce que j'aime en lui.
Emma, comme tu sais je ne couvre plus les défilés, mais il est bien vrai que le paysage a énormément changé depuis la fin des années 90 où la semaine de la haute couture durait... une semaine, alors que sur la fin, c'étaient deux jours qu'on avait du mal à remplir, et qu'on avait collés au PAP masculin pour que les journalistes ne se déplacent pas pour rien. Imagine comment ça a pu changer depuis l'époque où Serge Lutens arrivait à Paris et rencontrait M. Balenciaga!
RépondreSupprimerCarmenca, quel dommage! Le commentaire n'est même pas arrivé dans ma BAL... Ces oeillets de la côté Atlantique, Christian Dior en parle lorsqu'il évoque son enfance à Granville.
RépondreSupprimerJe vous inscris au tirage au sort!
Quel plaisir de vous lire ! Car il n’est que justice de briser enfin le châtiment du brillant œillet, lui qui fut choisi par Zeus pour être son emblème.
RépondreSupprimerPasser de l’Olympe aux limbes de notre mémoire, c’est trop triste, je croise les doigts pour que notre dernier alchimiste le ressuscite et lui rende sa gloire.
… Quant à moi… J’aime "Poivre", j’ai adoré "l’œillet sauvage" de l’Artisan, élixir quasi botanique, ou je retrouvais la délicate senteur des œillets des chartreux, espèce alpine endémique aux pétales arachnéens.
Et puis, quand on est femme, comment ne pas se pâmer pour cette fleur héroïque, apanage des rebelles et des renégats ? Celle qui, avec ses partisans, tenta de sauver Marie-Antoinette et perdit à sa suite, selon Dumas, le chevalier de Maison-Rouge ?
Comment ne pas désirer s’envelopper du sillage ambigu, androgyne, de la seule fleur accréditée dans le dress-code masculin ?
Vous l’avez compris, je piaffe d’impatience de découvrir ce bel éphèbe en flacon, avec tous les dangers que cacherait sa beauté ressuscitée. J’imagine un marbre de Michel-Ange mis en bouteille par la magie de Serge Lutens.
Pour écourter cette impossible attente, auriez-vous la gentillesse de m’ajouter a votre tirage au sort ?
Ajisai, j'aime beaucoup vos évocations de la fleur rebelle, héroïque et androgyne... Décidément, l'oeillet est d'une richesse insoupçonnée, tout comme le talent littéraire de mes lecteurs!
RépondreSupprimerIl n'est pas trop tard, donc vous êtes inscrite au tirage.
Carmen, les savonnettes "Oeillet mignardise" de R&G sont de plus en plus difficile à trouver depuis leur rachat/repositionnement :(
RépondreSupprimerFais comme moi, des stocks :-)
Emma, si si, la présentation de la collection HC de F. Sorbier automne/hiver 2011/12 aura bien lieu, demain d'ailleurs (mercredi 6).
RépondreSupprimerLamarr, j'y veillerai si je tombe dessus!
RépondreSupprimerOui oui je sais j'allais corriger mon erreur d'ailleurs, desolee pour l'intox. De meme Gaultier presentera sa collection HC aussi demain et d'apres les rumeurs en profitera pour demander officiellement la main a Mylene Farnmer (un coup de pub rien de plus a mon avis).
RépondreSupprimerEmma
Je n'ai pas encore vu le defile de Franck Sorbier sur youtube et vous?
RépondreSupprimerMylene Farmer a cloture le defile Haute Couture Automne-Hiver 2011/12
de Jean-Paul Gaultier vetue d'une somptueuse robe de mariee noire.
Gaultier est venu rejoindre Mylene pour l'embrasser a la fin du defile, elle a quitte les lieux vers 16h15. Les fans masses a l'exterieur ont donc pu la voir.
Emma
Emma, là, pour le coup, je plaide l'ignorance, je n'ai pas eu un moment aujourd'hui pour suivre l'actualité de la couture...
RépondreSupprimerEt moi j'avais l'invitation pour Sorbier dans mon sac et.... pas eu le temps d'y aller ! :((
RépondreSupprimerComment ca pas eu le temps d'y aller? Quoi?? Rien au monde etait plus important, enfin je pense, non?
RépondreSupprimerLe jour ou il n'y aura plus de defiles HC a Paris, la France deviendra un peu plus un pays europeen comme un autre en train de baigner dans la culture anglo-americaine...
Emma
Mesdames, mesdames! La haute couture est un univers merveilleux, mais hélas, lorsqu'on n'a pas de raison directement professionnelle d'assister à un défilé, on peut choisir... de faire ce qu'il faut pour garder son boulot.
RépondreSupprimerMais je suis d'accord avec toi, Emma, la couture est l'une des choses qui distingue le monde de la mode parisienne des autres, et doit être préservée, nourrie, réinventée à tout prix -- et pas que comme moteur à image servant à vendre des sacs à main.
Absolument Denyse! Haute Couture, Haute Parfumerie...dans un monde ou tout est fait en Chine c'est le meme combat.
RépondreSupprimerDans l'intro qui accompagne l'ouverture du defile Automne-Hiver 2011/12, la maison Franck Sorbier rappelle que la HC est en voie de disparition et qu'il est important que des createurs arrivent a perenniser un savoir-faire unique au monde.
Emma
L'oeillet victime de son image désuette?
RépondreSupprimerOn a tous en tête la violette, qui a fait un retour en mode dans les années 90, justement pour son côté nostalgique. Une nouvelle mode pourrait s'emparer du clou de girofle (et s'il y a bien un "trendsetter" en parfumerie, c'est Lutens).
Ma considération est fausse : en fait la violette, ou le clou de girofle (eugénol), sont des ingrédients si important de la parfumerie, qu'on ne pourrait s'en passé. Ils n'ont jamais été démodées, ils ont toujours été là.
C'est une longue description que tu nous offre de vitriol d'œillet. J'aurais une question qui appelle une réponse plus directe. La question à 115€ : alors, très envie de l'acheter, ou pas vraiment (comme les précédents lutens)?
Oeillet sauvage de l'AP. Oh oui je connais. Ma mère a siphonné (mais remboursé) mon flacon de 50ml en une vitesse record.
Tiens d'ailleurs. "Oeillet sauvage" faisait partie d'une série avec "verte violette" (en super solde actuellement chez l'AP à Paris Louvres), et avec "jacinthe des bois" (RIP) et "Lilas de trianon" (RIP de chez RIP) surtout. Et s'il y a bien une troisième accord de parfumerie qui subit une disgrâce, c'est le lilas.
Malheureusement, le lilas n'est pas seulement considéré comme désuet, mais utiliser dans beaucoup de produit pour les WC et déodoriser les pièces, il aura beaucoup plus de mal à revenir en mode que l'oeillet et la violette. (faut que je ressente "En passant" de Malle)
Oeillet (isoeugénol), Mimosa (héliotropine), autant d'odeur délicate à la base, que les réglementations ont amené à être encore plus évanescente dans les flacons. Tous ces parfums marchent au bord de la falaise, si jamais la réglementation se durcit, nous n'auront plus rien. Snif!
Julien, pour le coup c'est presque plus l'oeillet que le parfum qui m'a passionnée, d'où la longueur de ce texte. Et, oui, j'ai pensé au retour en grâce de la violette, porté d'ailleurs par la vogue des odeurs cosmétiques en parfumerie fine.
RépondreSupprimerLe lilas, j'en ai peur, va rester disgracié à cause de cette association avec les produits ménagers. C'est en tous cas ce que j'entends chez tous les parfumeurs, y compris dans des maisons qui offrent beaucoup de soliflores comme Annick Goutal.
un petit commentaire sur ce vitriol dans lequel j'ai plongé mon nez hier, sous la pluie du palais royal. Allez savoir... Je trouve que la pluie va bien à l'oeillet. Une réminiscence d'Après l'Ondée ?
RépondreSupprimer"un parfum en colère" me répétait la novice en noir derrière ses mouillettes. Mais de colère, je ne sentis aucune foudre, ni étincelle, si ce n'est quelques instants.
Las ! Ses beautés laissées choir !
Cet oeillet me fait les yeux bien doux... c'est désarmé et presque fragile que j'ai porté ses quelques derniers soupirs jusqu'à l'évanouissement, élégants, discrets, presque muets. Sa féminité est merveilleuse mais son nom subversif le corromp. Non ?
Carmenca, c'est bien ce que j'avais fait remarquer à Serge Lutens lors de notre entretien épistolaire: cet oeillet est en effet assez doux. Le côté poivré ne ressort pas forcément toujours, même si en portant plusieurs fois le parfum j'ai fini par entrer par ces facettes, qui me sont, du coup, devenues beaucoup plus perceptibles. Mais il est vrai que s'il y a colère, elle est plutôt sourde.
RépondreSupprimerBon, pour le tirage au sort, c'est fichu... pas très grave, puisque je n'aurais pas su parler de l'oeillet, et que j'ai pu essayer cet "oeillet en colère" hier.
RépondreSupprimerJe n'imaginais pas aimer. Plutôt branchée épices et bois (d'où mon affection pour la maison Lutens), les soliflores me laissent de marbre et je ne me reconnais pas dans les parfums dits fleuris.
Ah si! Il y en a un, un seul dans lequel je me sentirai toujours bien, c'est Après l'Ondée: ma maman m'en parfumait quand j'étais petite, voilà plus de 25 ans que j'y reviens quand j'ai besoin de délicatesse, de tendresse, de printemps (l'oeillet, donc à en croire Monique?).
Bref, à la recherche d'un parfum plus "femme" que ce dernier, amoureuse éconduite de Vol de Nuit (because grosse allergie) souhaitant m'éloigner un peu de Féminité du Bois, me voilà en quête d'épices, mais aussi de finesse, de légèreté, de... je ne sais pas trop quoi en fait.
Et je pousse les portes du salon Palais Royal. Je balance un speech qui ne veut rien dire (genre "Je veux des fleurs mais je n'aime pas ça, je veux du chaleureux mais frais aussi...") et là, paf, je sens Vitriol d'Oeillet. Hein?! Ohhh, mais c'est ça; pile-poil!
Je ne saurais pas le décrire, mais j'ai adoré le porter jusqu'à ce qu'il s'évanouisse. L'oeillet, mais aussi une impression de violette, m'ont donc rappelé Après l'Ondée. Mais avec le poivre et le Clou de Girofle, c'est comme si la petite fille douce et romantique du précédent était devenue une fichue peste, ça m'amuse énormément; surtout qu'elle s'adoucit finalement, comme un caprice qui passe, la mélancolie qui resurgit.
Moi qui achète très peu de parfums, j'ai bien envie d'y succomber. Mais je me pose une question et vous pourriez peut-être m'aider: la note de clou de girofle me semble très présente, surtout quand le parfum chauffe. Je crains qu'au fil des semaines, elle ne domine l'ensemble. Vous qui l'avez porté plus longtemps, avez-vous eu cette sensation?
(au passage, milles mercis pour votre blog, que je prends plaisir à lire régulièrement, même si je n'y connais pas grand chose)