jeudi 17 avril 2014

Patou rapatrié

Encore une adresse à ajouter à votre carnet parisien: le 9 rue Saint-Florentin, métro Concorde.

C’est justement à cette adresse que Jean Patou avait établi sa maison. Elle y est demeurée de 1914 à 2004. Lorsque Bruno Cottard, président de la marque, a décidé de quitter la rue de Castiglione, c’est par là qu’il a commencé sa recherche. Coïncidence de bon augure : il y a trouvé des locaux disponibles. Il a donc pu ramener Jean Patou chez lui, première étape d’une renaissance qui comportera, espère-t-il, celle de la maison de mode.

Plus vaste que celle de la rue de Castiglione, la boutique propose un canapé pour humer ses parfums tranquillement grâce aux fameux Monclin, ces verres à cognac au pied scié pour laisser passer une mouillette introduits par Jean-Michel Duriez lorsqu’il était parfumeur-maison. Elle sera bientôt décorée de meubles Art Déco ayant appartenu au couturier, préservés par son petit-neveu Jean De Moüy. Les autres marques appartenant à Designer Parfums – dont le premier Jean-Louis Scherrer, un superbe chypre vert – y sont également proposées.


 Jean Kerléo a fourni à Thomas Fontaine les formules originales de la collection, afin qu’il puisse en rapatrier en France la fabrication tout en les mettant aux normes réglementaires. L’ancien parfumeur-maison de Patou, encyclopédie vivante, a aussi pu suggérer des matières premières de substitution lorsque les ingrédients d’origine ont disparu.

La collection Héritage, qui comprend aujourd’hui Eau de Patou, Chaldée et Patou pour Homme, s’enrichira sous peu des trois premiers parfums lancés en 1925 par Jean Patou : le floral vert Amour Amour, Adieu Sagesse construit autour du gardénia, et le merveilleux chypre fruité Que Sais-je ? Puis, en 2015, L’Heure Attendue, Vacances et sans doute Normandie ou Colony, mais pas Moment Suprême. Les Cocktails suivront sans doute.

Une version eau de toilette de Joy Forever, déshabillée en partie de ses notes boisées et musquées, est désormais proposée pour l’été. Puisque le musc tend à envelopper les autres notes, cet allègement offre plus de respiration et d’espace de résonance aux beaux accords classiques rose-jasmin et iris-galbanum, qui me semblent s’exprimer plus pleinement dans cette déclinaison.

Photos courtesy Jean Patou et www.studiophotosparis.com


6 commentaires:

  1. Je me souviens d'une visite rue St-Florentin - c'était à la toute fin des années 80. Je ne jurais à l'époque que par les parfums anciens, et j'étais à la fois excitée comme une puce et intimidée à la perspective de découvrir cette adresse mythique de la mode et de la parfumerie - une sorte de syndrome de Stendhal que j'ai ressenti la première fois que je suis rentrée chez Lacroix, dix ans plus tard. Ma mère et moi avions été reçues comme des altesses. Les salons feutrés dégageaient la magie des Années Folles, la sobriété y était de mise, et l'esprit du Maître y régnait encore... Nous n'étions bien entendu pas reparties les mains vides...
    Un très beau et précieux souvenir parisien refait surface dans une bouffée d'émotion. Je me réjouis pour les parfums Patou.
    Merci, Denyse.

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    1. Merci à vous, Rafaèle, d'avoir évoqué ce précieux souvenir! J'étais moi aussi, à la même époque, totalement obnubilée par les parfums anciens -- mon choix s'était porté sur Habanita, puis sur certains Caron (l'accueil de la boutique de l'avenue Montaigne y était nettement plus chaleureux qu'aujourd'hui).

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  2. Quelle bonne nouvelle! J'ai un très bon souvenir de la boutique rue de Castiglione et je suis contente de savoir qu'ils travaillent sincèremet sur la résurrection aussi fidèle que possible à leurs parfums d'antan.

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    1. Tu verras quand tu viendras, cette boutique est plus spacieuse et on peut y trainer encore plus longtemps puisqu'on peut s'y asseoir...

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  3. Je suis passée devant en allant à l'Ambassade de Grande Bretagne tantôt, et ce que j'ai beaucoup aimé c'est que, de l'autre côté de la porte cochère, on ai vue sur le laboratoire. On a l'impression d'être une petite souris qui épie l'alchimiste :) (je suis en train de parcourir le blog, d'où des commentaires sur d'anciens billets!)

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    1. Oui, c'est vrai, je n'y avais pas songé... Je me demande si les touristes prennent des photos parfois?

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