lundi 21 février 2011

Le Mimosa d'Isabelle Doyen pour Annick Goutal : Le Printemps, tout simplement



C’est de la mangue. Aucun doute là-dessus. Vous avez mis les pieds dans un jardin du Midi à l’orée du printemps, enivrée par les plumeaux duveteux jaune soleil du mimosa à l’odeur poudrée anisée aussi charnelle et fraîche qu’une jeune joue…Et vous vous retrouvez dans une plantation de manguiers à l’autre bout du monde. Oui, c’est vraiment la sensation à la fois glissante et poudrée de la mangue sur la langue, mouillée, un peu laiteuse, avec une pointe de vert…

Isabelle Doyen a glissé un mot d’esprit olfactif dans son dernier soliflore pour Annick Goutal, et son mimosa en ressort avec le sourire. Surtout qu’il est en bonne compagnie: pas tout à fait un soliflore, donc, puisqu’après la mangue arrivée par les facettes vertes de l’absolue de mimosa – il y a toujours des feuilles et des brindilles avec les fleurs lorsqu’on les traite – c’est l’iris, un peu plus grave, qui vient accompagner les facettes presque carton du matériau, habillé d’un bouquet de violettes. Puis les pompons poudrés de la fleur se posent sur la douceur vanillée du bois de guaïac, soutenu par le fumé laiteux du santal.

Mimosa n’est pas un parfum qui se complique la vie : il recèle juste assez de surprises pour faire sourire, et affiche la sensualité aimable d’un modèle de Renoir à la chair éclatante et saine. Un Renoir qui ne rêverait pas de guinguettes en bord de Seine, mais des Antilles…



Illustration: Pierre Bonnard, L'Atelier au Mimosa (1939)

6 commentaires:

  1. La mangue s'acoquine avec les fleurs blanches, après avoir accompagné la tubéreuse dans "Nuit de tubéreuse", maintenant elle fait copine avec le mimosa? La nouvelle vague de fruités semble bien tentante, après la poire de la "Belle Hélène", est-ce que bientôt toutes les perfumista qui ont tant râlé contre "Chance eau tendre" porteront des fruités nouvelle génération si ça continue comme ça!

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  2. Clochette, à vrai dire cette mangue-là n'est pas annoncée dans les notes, qui parlent de pêche (on peut tout aussi bien l'y voir). Les notes fruitées apportent de la tendresse lorsqu'elles sont bien exécutées, ce serait dommage de s'en priver sous prétexte qu'on en a abusé.

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  3. Aaaaaahhhh !!!! Denyse !!!! Vous faites sauter la vérité aux yeux !!!!

    Aaaaaaahhh !!!! Wouahhh !!! Mais oui !!! La mangue !!! Elle est tellement évidente, que c'était impossible que je la vois :p

    Wouah !!! Mais oui, complétement !

    Au début, je sentais énormément Petite Chérie, sauf que l'accord si connu s'est peu à peu déshabillé pour révéler pour moi une nectarine. Celle qui est rose sur les cavités, et blanches à l'extérieure. Celle qui est trèèèèès juteuse, et qui rend nos mains collantes après l'avoir mangée. Et je la trouvais vraiment hyper réaliste !!!

    Mais oui, maintenant que vous le souligner, c'est immanquablement la mangue qui se révèle. Le côté doré, surement apporté par le fameux mimosa, apporte un peu de croustillant. J'ai l'image de la paille sur le fruit jaune. Je sens aussi un peu comme une note de transpiration. Mais pas de la mauvaise transpiration. Une transpiration délicate, comme le fruit.

    Il y a aussi ces notes vertes et épicées qui jouent à la corde à sauter toutes les deux. Oui, ça pourrait presque rappeler une tubéreuse...

    Puis une toute petite note fumée qui "reste en bouche"... Oui, c'est très délicat !

    En tout cas, bravo pour la mangue, c'est totalement ça !!!

    Vive l'odorat !

    Jicky =)

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  4. Jicky, le mimosa et la mangue ont tous deux en effet des odeurs un peu charnelles... La pointe soufrée de la mangue peut éventuellement connoter la transpiration.

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  5. Oh, c'est trop drôle! J'essaie de ne plus lire tes avis avant d'avoir écrit le mien pour éviter tout effet "cryptomnésie"... et arrivant donc ensuite, je vois que, si on a fait un choix différent chez le marchand de fruits, on se retrouve toutes les deux sur Renoir! C'est l'effet immédiat que m'a fait ce Mimosa, un Renoir, sans aucun doute.
    Je me demande bien ce qui peut donner cet effet, une rondeur feutrée et épanouie, peut-être?

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  6. Six, en effet, je pense... Certaines rondeurs fruitées évoquent assez irrésistiblement la chair des femmes de Renoir! Donc, qu'on soit toutes les deux parties là-dessus ne m'étonne pas du tout... mais me fait plaisir.

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