Dans le micro-revival des eaux de Cologne des dernières années – radicale chez Mugler, aromatique chez Guerlain avec Cologne 68, classique chez Dior avec Escale à Portofino, plus-que-parfaite chez Chanel dans la gamme des Exclusifs – Hermès avait déjà marqué son territoire avec un classique : l’Eau d’Orange Verte de Françoise Caron, lancée en 1979 sous le nom d’Eau de Cologne Hermès[1].
Manifestement, Jean-Claude Ellena apprécie la note : dans l’Eau de Pamplemousse Rose, il prélève l’accord de tête pamplemousse/rose d’Hermessence Rose Ikebana et Kelly Calèche (où le pamplemousse est beaucoup plus perceptible dans la récente version eau de parfum) en amplifiant l’agrume ; les deux notes principales sont raccordées par l’accent aigrelet de la rhubarbe[2] -- également utilisé dans Rose Ikebana.
La note de tête de pomelo est étonnamment éclatante et réaliste, notes soufrées comprises (elles n’apparaissent cependant que sur carton), dont l’effet de fraîcheur est intensifié par une sensation menthée qui fait picoter le nez, et qui rappelle un moment le Roadster de Cartier. La rose est transparente et légèrement poudrée de musc blanc ; la note de fond du vétiver reste assez peu perceptible.
Bien que Jean-Claude Ellena déclare que c’est la première fois qu’on utilise la gentiane dans un parfum, les Aqua Allegoria l’ont devancé avec Gentiana ; le Tea for Two de l’Artisan Parfumeur et le Zen de Shiseido (version 2000, dans le flacon qui ressemble à un sex toy pour aliens) comportent aussi cette note.
Dans l’Eau de Gentiane Blanche, la gentiane est mariée à une autre racine, celle de l’iris : dans un style typique de l’écriture d’Ellena, la gentiane s’enchaînent à l’iris par leurs facettes terreuses et amères, et l’iris, à son tour, s’enchaînent à la troisième note principale, le musc blanc, par leurs facettes poudrées.
Ajouté le 23 avril : L'Express a publié une interview de Françoise Caron et de Jean-Claude Ellena. Ce dernier y précise que l'absolu de gentiane est un nouveau matériau: c'est donc pour cela qu'il affirme être le premier à l'utiliser, alors que la note gentiane, elle, a déjà été mise en valeur en parfumerie.
Image: Photo par Cy Twombly
[1] Une Eau d’Herbes, créée par Germaine Cellier, l’avait devancée au début des années 60.
[2] Le dossier de presse cite parmi les notes le Rhubofix, molécule de Firmenich dont les descripteurs sont « frais, boisé, épicé, floral, rhubarbe ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire