Depuis l’été dernier, une nouvelle adresse s’est ajoutée à
l’itinéraire « parfums » parisien. Certes, on trouve les produits
Roger & Gallet un peu partout. Mais dans la « Boutique du
Bonheur » de la vénérable enseigne fondée en 1862, à quelques jets de mouillette
de Colette – pimpante à en arracher des « kawai !» extatiques aux
touristes japonaises – on déniche quelques raretés. Dont des éditions spéciales
inspirées par le fameux flacon Jean-Marie Farina que Napoléon glissait dans ses
bottes lorsqu’il était en campagne.
La marque, surtout vendue en parapharmacie, a au cours des dernières années ouvert un secteur qu'on pourrait appeler le "niche" des jeunes (ou des fauchés): soliflores, comme dans le niche, compositions bien buchées et plutôt détachées des clichés olfactifs du marché, bref de quoi s'extraire des sillages Nociphorionnaud sans hypothéquer un rein. Jadis, l'eau de Cologne était le produit parfumant des milieux modestes : finalement, ça se tient.
La marque, surtout vendue en parapharmacie, a au cours des dernières années ouvert un secteur qu'on pourrait appeler le "niche" des jeunes (ou des fauchés): soliflores, comme dans le niche, compositions bien buchées et plutôt détachées des clichés olfactifs du marché, bref de quoi s'extraire des sillages Nociphorionnaud sans hypothéquer un rein. Jadis, l'eau de Cologne était le produit parfumant des milieux modestes : finalement, ça se tient.
Où je retrouve
un ancien amour…
J’étais persuadée que le savon rond Œillet Mignardise n’existait plus. Mais non, il est là, dans sa robe
à plis creux vieux rose en papier de soie, délicieusement épicé, adorablement
rétro. Niché dans une boîte pastel avec d’autres savons enrobés de couleurs
tendres, nouée d’un ruban en gros-grain dont on peut choisir la nuance, c’est
un cadeau aussi tentant qu’une boîte de macaron (et moins périssable). J’y
ajouterais un Bois d’Orange,
excellente alternative à la gamme Eau d’orange
verte que j’achète chez Hermès à quelques pâtés de maison de là (il existe aussi
en pochettes de lingettes, indispensables en été ou pour les voyages
long-courrier). Shiso pour son arôme
végétal, Vétyver, Cédrat, Fleur d’Osmanthus, et la boîte de six est remplie.
… deux
flashbacks des 80s…
Mais le vrai coup de théâtre, ce sont les pépites 80s
signalées par le beau Damien, directeur du magasin (un passionné du parfum que
les Parisiens auront peut-être déjà croisé jadis au Bon Marché, où je l’ai
connu). L’Homme est un vrai chypre
old-school qui plante son brin de menthe dans un fond boisé-moussu, pour un
effet subtil plutôt que dentifrice. Open,
exquise aberration, a conservé son packaging style 70s – boîte marron et capot-boule
ambiance Cardin. Sa note aromatique tabacée posée sur un fond vétiver-patchouli
a des allures d’Équipage. Deux
trésors à prix mini qui font moins cheap – pas cheap du tout, en fait – que les
trois quarts des nouveaux masculins.
… et une fleur de gingembre
Gingembre Rouge,
qui sera lancé le 1er avril, est signé Alberto Morillas (également
auteur de la Rose Imaginaire de l’an
dernier) et Amandine Marie[i]
– comme Yves Rocher, Roger & Gallet peut se permettre de mobiliser des
stars (Dominique Ropion a composé Bois d’Orange,
Francis Kurkdjian Fleur de Figuier…).
Contrairement au Gingembre
de 2003, puissant et assez monolithique, cette variation sur le thème, inspirée
par Zanzibar, est plus transparente (ce qui, fort heureusement, décolle les
notes fruitées de l’effet sirop Teisseire qu’on aurait pu redouter). Ce
gingembre sous-tend l’accord grenade acidulé en tête et réchauffe le fond muscs
blancs (signature de Morillas, le maestro du musc).
Présent tout au long du développement, donc, sous trois
formes. D’abord un gingembre frais « plus fruité, plus citronné, plus
riche en sève », précise Morillas. Puis un extrait de fleur de gingembre :
le dossier de presse cite l’hedychium
zingiberaceae, tandis que la fleur montrée sur la boîte semble être l’alpinia purpurata, sa parente dans la
famille des zingiberacées. Bref, on nous dit que ça sent le lys, ce qui est
peut-être pourquoi je m’obstine à détecter une touche de benjoin, pour le coup non
revendiqué (vanillé épicé, on n’est en effet pas loin du lys). Enfin, un accord
gingembre confit en fond.
Gingembre rouge
tient plutôt du voile odorant – ambiance « j’ai la peau qui sent bon »
-- que du sillage ravageur, mais il est persistant et évolutif. Pour 39,10€ les
100 ml, je lui trouve plus de caractère que bien des jus plus coûteux.
La Boutique du Bonheur de Roger & Gallet se trouve au 195 rue
Saint-Honoré, 75001.
On peut feuilleter un ebook de l’histoire de la marque, et se pâmer en
contemplant les flacons Lalique de Cigalia, Narkiss, Persana et Le
Jade en cliquant ici.
[i]
Dans le dossier de
presse, Amandine Marie revendique les notes fruitées et explique qu’elle a
remplacé les eugénols “un peu datés” par du poivre rose ; Alberto Morillas
lui accorde aussi le « bouquet cramoisi du cœur (…) qui rappelle la tige,
les feuilles, bref : le végétal ». Le texte est d’ailleurs bien
gaulé, explicite sur le processus de création, bref utilisable.
Moi aussi j'aimais beaucoup leur Oeillet mignardise dans leur petite boîte rose pâle... J'ai toujours été fidèle à Roger et Gallet, notamment à une époque où je suis restée longtemps au chômage, je n'avais pas beaucoup de moyens et je pouvais sentir bon sans me ruiner.... Je suis restée fidèle, d'autant que je trouve leur Fleur de figuier très réussie. Mais c'est surtout Amande Persanne ma préférée : je raffole de la crème pour leur corps, véritable cocon de douceur pour la peau et qui laisse un parfum très agréable dans les draps au moment du coucher. Et leur eau dont je me pschitte en sortant de la piscine pour me débarrasser des éfluves de chlores. Inutile de dire que je guette la sortie de Gingembre Rouge avec impatience !
RépondreSupprimerJe crois que c'est une marque qui suscite énormément d'affection pour les raisons que vous évoquez: souvenirs d'enfance, accessibilité quand on traverse une mauvaise passe, et qualité quand on veut s'offrir un plaisir sans se ruiner!
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