dimanche 22 août 2010

Belle d'Opium et Bleu de Chanel: Parce qu'ils se valent bien


Belle d’Opium d'Yves Saint Laurent s’efforce à tel point d’être l’antithèse de sa flamboyante ancêtre qu’elle finit par ressembler à ces portraits composites de plusieurs visages générés par ordinateur : flous et fades. Vaguement orange comme Elixir des Merveilles. Vaguement patchouli comme une photocopie d’Angel de 10ème génération. Vaguement lys comme… n’importe quoi. À peine décelable sur peau après les premières minutes il a disparu en environ deux heures, ne laissant qu’une trace délavée de musqué-boisé.

Belle d’Opium est l’exemple même de tout ce qui cloche dans le mainstream. Lancement tapageur, « égérie » largement médiatisée, et le talent d’un excellent parfumeur gaspillé –Flower by Kenzo et la Cologne de Mugler suffisent à démontrer qu’Alberto Morillas peut signer des classiques ; quant à Honorine Blanc qui cosigne, je ne connais pas assez son travail pour me prononcer. Un produit sans caractère, sans pouvoir diffusif, sans ténacité, exploitant la légende de Saint Laurent (en mettant l’accent sur le « Saint ») et de son parfum-phare. Bref, le parfum d’une époque où la marque prime sur le produit, et où le sillage devient un crime contre la société. Opium était scandaleux ; Belle d’Opium l’est aussi, pour d’autres raisons. On a les scandales qu’on mérite.

Quant au Bleu de Chanel, c’est le genre d’eau de toilette que vous sentez sur le type qui vient réparer votre système d’alarme et qui vous drague, plutôt poliment. Vous voyez le genre ? Plutôt pas mal, sympa, mais il part perdant d’avance parce que tout de même, cette eau de toilette… Un tel cliché sport-au-masculin qu’on se dit que même après une douche, ça ne s’arrangera pas. Parce que le genre de gars qui choisit ça, comme le genre de mec qui dit que le bleu est sa couleur préférée, ne déploiera pas forcément des prodiges d’imagination. De ce côté-là, vous avez déjà assez donné.

Mais vous pourriez lui filer le numéro de Belle. Parce qu’elle le vaut bien.



Illustration: Second Beauty Composite, Nancy Burson, 1982, portrait composite d'actrices américaines des années 80 (Jane Fonda, Jacqueline Bisset, Diane Keaton, Brooke Shields et Meryl Streep).


48 commentaires:

  1. En effet, grosse déception de la part de ces deux grands noms du luxe français, qui ont su créer de merveilleux parfums, aujourd'hui cultes, mais qui sombrent dans le merchandising le plus primaire, propret, grand public. Et nous, amateurs et amatrices de belles senteurs, nous restons sur notre faim...

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  2. Pas encore senti Belle des Champs, pardon, d'Opium, mais j'ai senti Bleu (d'Auvergne), par contre. Quand je pense que ce machin se prétend "parfum d'insoumission", c'est à mourir de rire. Absolument fade, à peu près aussi sexy et original qu'un comptable en costume gris (qui s'entendrait bien avec ton réparateur)... Jacques Polge a dû périr d'ennui rien qu'à lire le brief.
    Si Belle d'Opium est au même niveau, ça promet!
    Décidément, les "grands lancements" de la rentrée, c'est franchement pas ça, jusqu'à présent. Tu as senti Hypnotic Eau Sensuelle? Je ne l'ai testé qu'une fois, mais rien que cette seule fois m'a donné envie de hurler. Tout dans l'"""égérie""", rien dans le flacon... hourra.

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  3. Même sentiment sur Bleu de Chanel... Je n'ai pas encore senti la Belle, mais je pense que je n'accourrai pas pour voir de quoi il en retourne... Diable, que l'on s'ennui, encore une rentrée des classes remplie de cancres...

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  4. EVa, en effet. Bof, c'est bien le pire qu'on puisse dire. Même pas de mauvais goût...

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  5. Six, je n'ai pas senti le Dior. Mais mon dernier tour du rayon mainstream du Printemps ne m'en a pas tellement donné envie: ça y est, je crois que j'ai fait mon maximum.

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  6. Poivre Bleu... Cancres? Même pas. Des moyens-de-classe avec rien qui dépasse. Cette lavande métallique de Bleu, beuuuuuuuh....

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  7. Un ami qui a rencontré Jacques Polge m'a dit que Egoiste restait son meilleur souvenir de création de parfum grand public. Le nom, la publicité et le parfum étaient provocateurs et innovants, tout une époque...
    J'ai senti Bleu et je dois avouer que ce déo en flacon vient ternir l'image d'une maison qui restait encore crédible (même si Allure homme était assez triste aussi).
    Mais peut être faut-il chercher les vrais parfums dans les collections exclusives des grandes marques. Après tout, il ne vous viendrait pas à l'idée de porter des tongues Chanel pour vous sentir "couture".

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  8. Madiel, ce qui me terrasse dans tout ça, c'est ce divorce de plus en plus consommé entre la belle création, cantonnée dans un ghetto, et les lancements mainstream. Alors que justement, l'exemple d'Egoïste démontre qu'on pouvait faire un lancement spectaculaire sur une belle création!

    Que la montagne L'Oréal accouche de la souris Belle d'Opium ne me surprend hélas pas tellement: c'est vraiment le cas extrême de cette tendance à ne penser au parfum qu'en dernier lieu, après tout le reste.
    Mais qu'une chose aussi banale nous vienne de Chanel, qui a une force de frappe suffisante pour imposer un produit original... Surtout pour un truc qui n'est pas un flanker... C'est un triste abus du talent immense de messieurs Polge et Sheldrake.

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  9. Selon moi, il faut tout oublier d'Opium (pré-reformulation) et se dire que ce "Belle d'Opium" n'est pas une variation mais un tout autre parfum, une construction autre, une "nouveauté" (si tant est qu'on puisse appeler nouveauté le fait de recycler à l'infini, très L'Oréalienne comme démarche). Bref, je n'ai pas été désagréablement surprise par ce Bd'O, il m'a énormément fait penser à L'Elixir des merveilles pour le côté boisé/orange confite/musc/ambre puis à Angel pour le fond patchouli. J'ai trouvé le tout très "compact", les notes ne se désolidarisent pas, à mon nez, le tout est dense, épais. Pas bien intéressant, mais pas à vouer aux gémonies non plus, j'ai connu pires jus. Je trouve le flacon très beau. L'égérie beaucoup moins, et surtout pas du tout YSL. Il serait grand temps que L'Oréal fume quelque chose de plus inspirant ;)

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  10. Lamarr, Belle d'Opium ne sent pas *mauvais*, on est d'accord: il est plutôt agréable. Est-ce que "plutôt agréable" est tout ce qu'on peut attendre d'un parfum? Evidemment pas. Par ailleurs, il souffre de défauts techniques flagrants: il n'est ni tenace, ni diffusif, ni original et il manque de contraste. C'est quand même le comble pour un lancement de cette envergure, qui se retrouve donc dépourvu de toutes les qualités qui font un bon parfum.

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  11. Je partage largement votre peine ! Toutefois, Je ne parlerais pas de ghettos mais de domaine spécialisé, tout comme l’art contemporain, la musique classique, l’architecture... Les considérations des spécialistes sont souvent en décalage avec les soucis des consommateurs moyens et la volonté d’une démocratisation reste une belle idée qui n’a souvent que peut de prise dans le réeL
    Par ailleurs, je ne suis pas certain que les consommatrices de Chanel n°5 dans les années 20 appartenait à la classe moyenne. Je ne suis pas certain qu’elles achetaient trois à quatre parfums par ans pour qu’ils finissent dans la salle de bain au milieu des dentifrices et autres shampoing. La mode des flankers, la concurrence de très nombreuses marques ne menaçait pas déjà le succès de ce n°5. La formation des nez était encore peu répendue et Leur savoir faire très respecté. Les matières premières moins accessibles étaient destinées à des produit d’exception et non à des produits de consommation courante. Le parfum français avait le monopole et n’était pas considéré à l’égal des créations Italiennes ou made in USA.

    Bref, les temps changent et il faut peut être trouver les nouveaux espaces dans lesquels les grands parfums survivent.

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  12. Madiel, je suis d'accord et pas d'accord. Déjà dans les années 60, Edmond Roudnitska se plaignait que l'on déforme le goût des consommateurs en leur offrant des produits médiocres... Mais en compilant ma liste des classiques, je constate qu'il n'y a pas 20 ans, des créations très originales comme Angel, L'Eau Parfumée au Thé Vert ou L'Eau d'Issey étaient proposées au grand public à une époque où le marketing sévissait déjà de plein fouet. Plus récemment, Terre d'Hermès et Dior Homme sont de belles créations, originales et mainstream à la fois, et qui se vendent très bien: c'est donc faisable, il suffit d'avoir des décisionnaires à l'écoute des parfumeurs.
    Quant au N°5, il se vend très bien depuis 90 ans et pas uniquement à une élite. Et des parfumeurs comme Coty avaient amorcé une démocratisation de leurs créations dès les années 20.
    Flatter le plus petit dénominateur commun n'est pas une fatalité.

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  13. Pour les féminins, on peut penser à Lolita Lempicka ou Hypnotic poison, qui sont des grands succès commerciaux, et qui pourtant sont intéressants. D'ailleurs, j'avais de mauvais pressentiments pour l'Eau Sensuelle, Six' achève de détruire mon peu d'espoir !

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  14. Vous avez raison et je défendrais plutôt votre point de vue mais je m'efforce à me faire l'avocat du diable pour essayer de trouver une explication à ce carnage olfactif.
    Récemment Prada à aussi fait un travail honorable et cohérent et n'oublions pas que Serge Lutens se trouve aussi chez séophomarionnaud et remporte un certain succés. Pour YSL on peut comprendre que ça se laisse aller mais pour Chanel ! Un parfumeur de génie, une marque ultra célèbre, un Karl L qui aurait pu taper du poing (Hedi Slimane à bien exigé de prendre la direction des parfums Dior pour donner naissance à Dior homme et aux eau de colognes exclusives). Tout ceci me dépasse...

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  15. Je ne sais plus qui disait: "pour gagner de l'argent, il faut une compétence; pour le dépenser, une culture"! Ces gens du marketing pensent assurément posséder l'une comme l'autre. Hors c'est peut être vrai pour construire une voiture mais pour faire un parfum...

    La culture du parfum ne s'improvise pas, il faut du temps et un grand sens de l'humilité. Mais le parfum est devenu une histoire de gros sous, une industrie! Et art(isanat) et industrie ne sont ils pas antinomiques?

    Bien sûr, nous avons vu des parfums nouveaux sortir des sentiers battus et proposer de nouvelles formes (cf le top 10 de Grain de Musc posté précédemment) et devenir des succès commerciaux. Mais nous avons hélas vu de merveilleux parfums nouveaux ne pas rencontrer leur public et avoir soit disparus, soit périclités au fil des ans, ou vu leur formaule s'appauvrir à un tel point qu'ils sont devenus méconnaissables et je pense respectivement au Feu d'Issey, à Nahéma et à Dioressence. Je pourrais citer àl'envie d'autres exemples nombreux...

    La faute à qui au final? A la profession certes mais aussi aux consommateurs!

    Rappelons nous aussi que le mythique Iris Gris de Jacques Fath, créé par Vincent Roubert, bien qu'encensé par la profession et les connaisseurs n'a jamais été un succès commercial. Et que les parfums de François Coty ont périclité parce que les formules avaient déjà commencé à être revues à la baisse... Jacques Guerlain disait déjà peu avant sa mort: "les bons parfums ne sont pas nouveaux et les nouveaux pas bons"! Ce qui rejoint aussi la pensée d'Edmond Roudnistka, évoquée il y a un mois par Grain de Musc.

    Si la profession savait ce qui fait un succès doublé d'un bon parfum...

    Tout reste possible et les marques de niche (pas toutes naturellement) le prouvent assez. De toute façon, gardons aussi à l'esprit que sortir un nouveau parfum à base de rose naturelle ou tout autre produit naturel rare et coûteux à l'échelle mondiale est IMPOSSIBLE. Il n'y aurait tout simplement pas assez de champs de roses sur terre. Déjà en 1985, Dior avait du revoir sa formule de Poison à la baisse car l'absolue tubéreuse manquait... Et rappeleons nous enfin que le LUXE ne peut exister à l'échelle mondiale, comme le faisait remarqué il n'y a pas si longtemps Octavian sur Bleu et être distribué à tous les coins de rue comme des T shirts made in China...

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  16. faisait remarquer!!!

    Tout reste possible avec naturellement moins de produits naturels, rares et coûteux, à condition de ne pas vouloir plaire au plus grand nombre, et à condition aussi de prendre le risque qu'au final ce soit un flop commercial... et là c'est autre chose.

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  17. Garance, en effet, Lolita Lempicka et Hypnotic Poison sont d'excellents exemples... A tel point que ce dernier, qui était un faux flanker (de Poison, il n'avait que le nom) a désormais sa propre franchise!

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  18. Madiel, je pense que Karl Lagerfeld n'a rien du tout à voir avec les parfums Chanel. Et lorsqu'il a sorti son trio sous son propre label, on ne peut pas dire que cela ait fait date, donc ce n'est sans doute pas la panacée.
    J'avoue que je ne comprends pas ce qui se passe non plus.

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  19. Rebecca, art et industrie ne sont pas antinomiques, nous en avons pour preuve un très grand nombre de très beaux parfums grand public, comme tu le soulignes toi-même. Le problème est qu'ils semblent se faire de plus en plus rares.

    Il me semble que ce n'est pas nécessairement une question de matériaux onéreux bien qu'en dessous d'un certain budget, de plus en plus radin, on ne peut pas faire de miracles...

    Le goût des consommateurs n'est pas toujours déplorable: ils ont fait le succès de ces parfums cités dans mon top 10 et de bien d'autres belles créations, après tout. C'est plutôt, comme tu le dis en début de commentaire, le goût et la culture des décisionnaires qui me semble fautif. Que les gens, séduits par un flacon, une campagne, une marque prestigieuse, achètent une nouveauté, ça se comprend. Qu'ils rachètent, c'est moins sûr, ou alors faute de savoir de quel côté se tourner (je l'ai souvent entendu dire en tous cas).

    Et il n'est pas nécessairement plus cher de faire beau que de faire moche: la preuve est que notre monde est envahi par le design à petit prix.

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  20. Je reviens sur le commentaire que j'ai laissé sur le blog de notre camarade Mechant Loup, où mon plus grand étonnement a été de constater que mêmes les vendeuses SephoraMarionnaud font la grimace en vous présentant "Bleu". J'avoue que c'est la première fois que je vois cela, ce qui, d'un sens, est rassurant quant au réalisme des narines de ces dernières, mais qui descend un peu plus encore la politique "petit joueur" de Chanel.
    Concernant Belle d'Opium, j'ai cru, 30 secondes, qu'il y avait peut-etre là une jolie surprise... Mais là aussi, patatra ! On ne peut pas dire que cela soit raté en soi, mais cela ressemble en effet à une compilation de plusieurs féminins vanillés-patchoulisés-boisés-ambrés. Donc indigne d'une grande maison comme Saint-Laurent, et qui me fait vraiment regretter la disparition de "Nu" que, j'avoue, j'avais complètement zappé pour une histoire de mauvaise tenue (mais c'était l'eau de toilette).

    Alors, je place tous mes espoirs sur "Boxeuses" de Lutens, le nouveau masculin de Marc Jacobs (j'ai un trou de memoire quant au nom) et "Midnight in Paris" de Van Cleef & Arpels. Meme plus... Je croise les doigts et les narines !

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  21. Eva, si les démonstratrices font la grimace alors c'est que vraiment, rien ne va plus...

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  22. Et le type qui vient réparer votre alarme, il porte une chemise Boss. Définitivement rédhibitoire...
    Sur le reste, je suis d'accord avec vous Denise, on devrait coller un procès à ces "grandes" marques.
    Lala

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  23. Lala, en l'occurrence c'était un polo marine, mais je n'ai pas remarqué le logo!

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  24. C'est marrant, j'avais d'abord écrit "Polo ralph Lauren" mais çà faisait vraiment trop cliché...comme quoi !
    Bon, disons qu'il porte le polo pour réparer et s'il réussit à vous inviter à dîner, il met la chemise Boss...

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  25. Ben comme quoi, les clichés sont vrais pour une raison...

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  26. C'est désolant mais pas franchement surprenant... je n'attends plus rien des lancements grand public depuis un long moment. Mon seul vrai espoir cet automne est Boxeuses.

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  27. Tara, ça ne me surprend pas de la part de L'Oréal/YSL mais de Chanel on attend toujours mieux, non? Même si les deux derniers flankers féminins étaient bof-bof...

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  28. Quelqu'un pourrait me dire d'où vient cette sensation "chaud boisé fade" de tous les parfums masculin actuels ? Je pense à l'Ebanol de chez Givaudan qui à l'avantage de durer lonnngtemps... et peut être de compenser la faiblesse des autres matières premières. Cette sensation chaude et amer présente dans Bleu et tant d'autres masculins devient insupportable.
    Le nouveau masculin de Marc Jacobs s'appelle Bang. La promo est ridicule, le flacon très beau et l'odeurs plus qu'intéressante. J'espère lire bientôt sur ce blog une critique de ce parfum.

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  29. Madiel, pour les questions de matériaux il n'y a qu'Octavian qui pourrait vous répondre. Quant à Bang, qui dans ma tête s'appelait Crash ou Flash, Dieu sait pourquoi, je ne suis pas encore allée le sentir mais justement, Octavian en a dit le plus grand bien et nous sommes rarement en désaccord...

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  30. L'illustration choisie pour le texte français a au moins le mérite de composer un visage avec des actrices telle que Jane Fonda, Diane Keaton, ou Meryl Streep, qui avaient de vraies "gueules". D'ailleurs le résultat est plutôt troublant et sexy. Les années 80: dernières grandes années et début du déclin. Votre choix d'illustrations et d'oeuvres d'art est toujours excellent: ici, on se prend une claque rien qu'en comparant les deux "mix" de visages. Pourtant, et sauf erreur, la photo de Mark Taw contient des "vieilles" actrices aussi. Or, le résultat est lisse est sans âme. Comme si les visages des actrices des années 2000 avaient tout écrasé, avaient absorbé les traits des Hepburn et Bergman. L'Oréal choisit comme égéries pour ses pubs des actrices du monde entier, mais leurs traits caractéristiques sont effacés. On a l'asiatique, l'indienne, la wasp, la norvégienne...mais elles finissent par se ressembler, selon le modèle occidental bien sûr censé incarner la modernité. Des yeux bridés un peu moins bridés, une peu noire un peu moins noire. Pour que chacune, de NY à Shangaï puisse s'y reconnaître. Ce qui signifie bien qu'on vit une ère catastrophique, où la différence est perçue comme laide, où l'envie ne vient que de l'identification. Le parfum n'échappe pas à la règle: la médiocrité actuelle contamine tout. Je viens de sentir "Bleu". C'est une insulte à l'histoire de la maison Chanel. Le réparateur de l'alarme, je le fous dehors à coups de pieds aux fesses, çà lui apprendra, tiens.
    Lala

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  31. Lala, dans mes bras! Oui, en effet, la comparaison des deux jeux de superpositions est assez démoralisante. Personnellement, mais c'est peut-être mon côté vieille schnoquesse avant l'heure, j'ai souvent du mal à distinguer les jeunes actrices américaines les unes des autres. C'est l'époque numérique/photoshop qui gomme toutes les aspérités. Avez-vous vu les nudités des films des années 60-70? Corps d'autant plus troublants qu'ils ne sont pas formatés, seins expressifs car ils sont tous différents, mollesses ou maigreurs intempestives... Même Bellucci, qui a une vraie tête, devient méconnaissable sur les pubs Dior...
    C'est la même chose pour les parfums, je dirais.

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  32. Parce qu'ils valent bien = parce qu'ils ne valent rien. Bah ces parfums, ou plutôt ces produits de marketing, sont si formatés et prévisibles qu'ils n'éveillent même pas en moi l'envie d'aller les découvrir. Tristesse !
    Tout ça est bien déprimant et heureusement que votre texte a de l'esprit et fait sourire, même tristement, avec cette image de réparateur d'alarme ;)) Boouh...
    Oui vos illustrations sont vraiment toujours très pertinentes et celles-ci méritent un double coup de chapeau effectivement, elles résument tout et le démontrent en un coup d'oeil. Une compil de beautés ne fait pas une beauté tout comme un assemblage de recettes/parfums qui "marchent" et sont dans l'air du temps ne fait pas un super parfum. Si encore ça produisait un monstre, ça pourrait valoir le détour mais pfff non :juste un truc innommable (d'ailleurs en noms aussi il n'y a plus aucune inventivité, imagination...et ce n'est pas qu'une question de dépôt de droits, ), juste un produit lambda. Comme si tous ces plus en s'additionant s'annihilaient. Où alors la beauté est quelque chose de magique qui ne se calcule pas, qui s'éloigne et s'évapore quand on veut la réduire à une équation douteuse. Ces parfums ne semblent être conçus que pour faire un "coup", ils ne veulent pas séduire, ils sont programmés pour conquérir une part de marché, même fugacement. Des étoiles filantes qui disparaîtront sans même avoir brillé. Tristesse. Tristesse...
    alizarine

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  33. Oui, Denise, les Bertolucci, les Pasolini...c'était quand-même autre chose.
    Quant à Bellucci, les pubs sont un massacre.
    Un maroquinier célèbre a lancé des sacs du nom de stars françaises: Adjani et Bardot.
    La promo du sac Adjani montre l'Adjani d'aujourd'hui, si j'ose dire, donc toute lisse et quasiment sans trait.
    La promo du Bardot montre la BB....dans sa jeunesse. Dans les deux cas, on évite les marques, les rides, bref ce qui nous rapproche de la mort. Ne serai-ce pas la question ? Uniformité et éternité. Les deux grands fantasmes actuels. Et, paradoxalement, ce que ces fantasmes produisent n'a jamais été aussi dispensable et éphémère. Il y aurait vraiment un truc à écrire sur l'approche sociologique du parfum. çà dépasse peut-être le marketing, ou disons que le marketing n'est qu'un reflet de quelque chose de plus profond. Un peu comme la bouffe.
    Lala.

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  34. Alizarine, le pire c'est que l'on sait que le tandem Polge/Sheldrake peut créer des beautés: la preuve, encore récemment, L'Eau Première et Sycomore...

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  35. Lala, absolument, le marketing fait symptôme... Ces images lissées me dégoûtent et me troublent. Je n'ai pas parlé d'Adjani, mais cela me rend triste de la voir ainsi. J'ai dû m'y reprendre à deux fois pour la reconnaître sur cette pub. Je me demande aussi avec une certaine inquiétude ce que les générations qui n'ont vu *que* ces images lissées peuvent appréhender de la beauté.

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  36. C'est la génération hygiène, photoshop et chirurgie esthétique. C'est exactement la réflexion que je me faisais, ce week-end en visitant le belvédère, et on peut aussi mettre tout ça en relation avec ton article en mars sur les parfums désincarnés. Je regardais ces muses sensuelles, rondes, expressives, aux chairs qui semblent plus vivantes sous le pinceau que les mannequins d'aujourd'hui en photo. Et paradoxalement, jamais on n'a autant martelé les adjectifs "sensuel, sexy, féminin" etc. qu'aujourd'hui.

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  37. Ce n'est que justice. A force de vouloir plaire au plus grand nombre pour engranger des piècettes dans les tiroirs caisses, en ne prenant aucun risque....Bleu de Chanel, est fait pour les camionneurs qui font Paris Istanbul en 36 heures chrono sans arrêt. Immonde!

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  38. Clochette, qu'ajouter à ce constat? Quand on fait de la surenchère de mots sur les images, c'est que les images ne suffisent pas, alors que les images, c'est tout ce qu'on nous vend... du vent.

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  39. Anonyme, je n'ai jamais fréquenté de camionneurs et je ne peux pas me prononcer sur leurs eaux de toilette préférées. Disons qu'on est dans une image vraiment convenue du masculin.

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  40. Bonjour, et bien d'accord avec vous tant sur Belle que sur Bleu ("Oh, la belle bleue!" tout est dit). Au fait, Jacqueline Bisset est la plus française des... anglaises (cf. légende de ce remarquable portrait, d'ailleurs j'adore le parti-pris de vos illustrations!).
    Merci pour ce blog, que j'apprécie beaucoup,
    à un prochain commentaire,
    D

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  41. Dawn, j'ai recopié un peu vite la légende fournie avec la photo. En effet, Bisset est peut-être une actrice d'Hollywood, mais pas une Américaine!

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  42. Pour répondre à la question "Bleu de Chanel" (parfum pour Homme)

    Ayant été accompagner d'un talent olfactif, plus respectivement parlant un "Don du Nez", je peux vous assurez que c'est une très grande réussite. Je le vous conseille à 100%. Le genre de parfums que beaucoup trop de femme aimeront, forcement. Signé Chanel.

    Vous pouvez lever la tête.

    Je tenais plus particulièrement à tranquilliser les hypersensibles à ce genre d'avis divergent.

    "Bleu de Chanel" pour résumer, une grande ligne masculine, obséder par une douceur de vivre dans une plénitude de fraicheur et de joie parsemer d'intelligence émotionnelle. Sacraliser.

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  43. Anonyme, Bleu fait un carton. Je doute que ceux à qui il plait se fassent des boutons à l'idée qu'il soit démoli par des amateurs de parfums plus exigeants sur l'originalité. Ce n'est pas un mauvais produit, manquerait plus que ça, mais c'est juste un produit pas très excitant.

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  44. carmencanada,

    Peu de parfums possède une identité olfactive. "Bleu de Chanel" oui. C'est typiquement le fondement propre de cette originalité.

    Remarque: Le parfum est considérablement plus fort qu’il ne l’est en réalité. Parce qu'il faut donner du temps au temps pour que les essences se diffusent dans l’air ambiant. Ensuite l'aromate s'adoucît et s'exprime.

    Quel est votre parfum préféré ?

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  45. Anonyme, si Bleu est un parfum que vous aimez et portez beaucoup, il est tout à fait naturel que son caractère vous apparaisse plus marqué, plus complexe que celui d'autres produits: il fait partie de votre histoire et on pourrait dire que vous lui apportez des notes en plus!

    Quant à moi, à n'en choisir qu'un, ce serait forcément Séville à l'aube, le parfum créé avec ma collaboration par Bertrand Duchaufour, qui sortira en juillet. Forcément, puisque j'y ai mis tout mon amour!

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  46. carmencanada,

    Oui en effet je lui apporte des notes en plus de façon condescendant. Dans la justesse et l'équilibre.

    Que pensez vous du "FiFi Awards 2011" ?

    Connaissez vous un bon parfum masculin ou l'essence distincte de la citronnade est fortement énoncer, suffisamment perceptible avec une enveloppe valide et vigoureusement homogène ? Stricte attitude.

    En tout les cas je ne vous souhaite que du bonheur et de la satisfaction pour "Séville à l'aube". Mes félicitations.

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  47. Anonyme, si vous parlez des prix de la Fragrance Foundation France l'an dernier, j'avoue qu'à part le prix des spécialistes pour lequel j'ai fait partie du jury et qui a été attribué à Like This, le palmarès sur lequel le public a voté ne m'a pas assez frappée pour que je m'en rappelle très bien...

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  48. Merci.
    Bee hive ...
    Ma discussion sur ce sujet est clos.

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