Cristalle m’a toujours rappelé le genre de fille dont toute mère rêve comme bru : ravissante, facile à vivre, tirée à quatre épingles, distinguée comme on peut l’être lorsqu’on a du sang de chypre. Maintenant, elle a une petite sœur, qui comme bien des petites sœurs, n’a pas tout à fait mûri sous sa robe en nid d’abeille blanche.
Je suis fan d’à peu près tout ce qu’a fait le tandem Jacques Polge/Christopher Sheldrake depuis qu’ils collaborent, et Cristalle Eau Verte arbore un net air de famille avec Beige (pour le côté floral blanc abstrait) et N°5 Eau Première (pour le citrus ensoleillé). Mais visiblement, Eau Verte -- qui tente de réaliser pour Cristalle l'opération de rajeunissement réussie pour le N°5 -- ne descend pas, comme sa sœur, du patriarche chypré.
Notamment parce qu’elle manque de base. Ce qui donne quelque chose de déséquilibré à ce citron en note de tête, à la fois amer et huileux, comme si l’on mordait dans une écorce de citron. Cette sensation perdure assez longtemps pour m’empêcher de savourer les accords floraux blancs teintés de vert, assez sensuels, qui l’enrobent (mais c’est qu’on en voit beaucoup ces temps-ci, non ? À croire qu’un brief marketing circule dans les maisons de parfum en ce moment : « Quand j’entends le mot crise, je dégaine mon bouquet de mariée ».)
Le vert se retrouve essentiellement dans la couleur du jus, si, dans ce vert annoncé, on s’attend à trouver du galbanum ou une note « herbe fraîchement coupée » : il semble se dégager du voile diffus de magnolia (décidément la fleur de l’année) ou de la jacinthe (qui ne figure pas dans la pyramide officielle).
Cristalle Eau Verte tente une innovation structurale intéressante, en renonçant aux traditionnelles notes de fond en faveur de « fleurs blanches abstraites ». Entre l’abstrait et l’indéfini, la frontière est parfois ténue, et je me demande si Cristalle Eau Verte ne l’a pas franchie.
Alors que le couac du citron empêche la composition de verser dans la joliesse convenue, la dissonance qu’il crée me semble cependant manquer de contrepoint. Comme la cadette d’une bonne famille qui chercherait ses mots après avoir lancé sa seule anecdote croustillante et se rabattrait sur son sourire de jeune fille en fleur et sa poitrine naissante…
Dites, ce ne serait pas la cousine N°19 que vous apercevez à l’autre bout de la pièce, l’air sophistiqué, un peu hautain et férocement intelligent ? Pardon, mademoiselle, je vais me chercher quelque chose à boire…
Malheureusement Cristalle Eau Verte ne m'a pas plu du tout... une note de the vert synthetique qui augmentait de volume de minute en minute a tout gache pour moi. Je prefere No. 19 et l'ancien Cristalle...
RépondreSupprimerTara, moi je n'ai pas le thé vert mais j'ai ce citron qui ne m'a pas plu du tout, alors que j'aime beaucoup le travail sur les notes florales. Et moi aussi, surprise, surprise, je préfère les aînées de la famille.
RépondreSupprimerChère Denyse,
RépondreSupprimerVotre critique de CEV est à mourir de rire. Je ne l'ai pas encore sentie.
Quant à l'émission de radio, elle était assez intéressante, sortant des banalités habituellement liées à ce genre d'émission grand public. Cela a permis entre autre pour beaucoup d'autideurs d'avoir la certitude que leur(s) parfum(s) avai(en)t changé et que ce n'était pas une vue de leur imagination malgré le déni des marques... J'ai trouvé M. Duchaufour très (trop) réservé...
Bien à vous
Chère Rebie, je suis heureuse que nous ayons pu parler des reformulations, c'était l'information que je tenais le plus à faire passer au-delà du cercle des initiés. Quant à Bertrand Duchaufour, il semble qu'on ne lui ait pas très clairement expliqué le sujet de l'émission: il s'attendait à ce qu'on l'interroge sur autre chose et s'est trouvé un peu pris de cours.
RépondreSupprimerSerait-ce en réaction à l'émission de lundi que vous dégainez soudain une plume plus critique que d'habitude ? ;)
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore senti cette eau verte citronnée, mais grâce à votre description précise, mon nez commence déjà à se l'imaginer en hologramme olfactif ! Il faut que je répare cela rapidement...
bravo pour les photos qui sont toujours très intrigantes donc intéressantes!
RépondreSupprimerest il possible d'écouter a nouveau l'emission à laquelle vous avez participé ?
est ce celle où est intervenu Octavian?
merci
Denyse,
RépondreSupprimerVous m'aviez dit votre déception... mais là c'est les Tatas Flingueuses, le Retour ? :-)
Jeanne, ce papier a été écrit avant l'émission, donc, non (et Thierry pourra en attester), l'un n'est pas l'effet de l'autre. Mais en effet, je me suis dit que je pouvais de temps à autre avoir la dent un peu plus dure! Surtout lorsqu'il ne s'agit pas d'une petite marque qui pourrait en souffrir (auquel cas, si j'estime que s'il ne s'agit pas d'une entreprise cynique, je préfère me taire).
RépondreSupprimerSylvaine, oui, vous pouvez réécouter l'émission: j'ai mis le lien tout en haut de la première page du blog, dans la colonne de droite. Je crois qu'il faut un ordinateur équipé de RealPlayer... L'émission sera disponible sur archives jusqu'au 20 mai, je crois. Et c'est bien celle où était également invité Octavian.
RépondreSupprimerThierry, ben voilà, c'est comme ça, je suis d'humeur contrariante ces jours-ci! ;-)
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