J’arrive en retard à la fête : depuis au moins deux ans, The Party in Manhattan fait buzzer la blogosphère anglophone. J’ai donc été ravie que mon amie Tara débarque de Californie avec un échantillon de ce parfum qui, pour autant que je le sache, ne se vend pas à Paris.
Et quel parfum ravissant… Un chypre fruité aux lactones, avec une belle note de pêche en tête enrobée d’une bouffée de civette, un cœur de rose et de jasmin et un fond de mousse de chêne, de patchouli et d’ambre... Tout ce qu’on aime.
Sauf. Que. Ce parfum, je l’ai déjà. Ou en tous cas, son jumeau. Le Profumo d’Acqua di Parma, pré-reformulation (très bien réalisée par Nathalie Lorson l’an dernier). Si les deux ne sont pas absolument identiques, je parierais tout de même qu’il s’agit peu ou prou de la même formule, même si les fournisseurs sont différents (la pêche de The Party est un peu plus « bonbon » que celle de Profumo, sans doute à cause de la facette « banane » de la jasmone).
Un rapide recherche sur Google me confirme dans mon intuition. Bon sang, mais c’est bien sûr… Qui a lancé The Party ? Un certain Paolo Borgomanero, celui-là même qui a relancé la maison Acqua di Parma avec Diego della Valle (Tod’s) et Luca di Montezemolo (Ferrari) en 1993, avant de revendre 50% des actions à LVMH, puis de la céder totalement au groupe de Bernard Arnault en 2003.
Le Signore Borgomanero a-t-il emporté quelques formules dans ses dossiers en quittant l’entreprise ? D’après le site web d’Acqua di Parma, le Profumo est une formule des années 30 – mais malgré ses recherches dans des magazines italiens de l’époque, mon ami Octavian Coifan n’en a retrouvé aucune trace (ce qui ne signifie pas forcément qu’il n’existait pas, mais le doute subsiste). The Party, pour sa part, serait inspiré d’une fragrance d’une grande maison, lancée dans les années 30 (d’après le site de la marque), sur laquelle un voile pudique est jeté… Mais dans une interview à Cosmetics Business, M. Borgomanero déclare s’être inspiré d’un parfum des années 30 appelé Galore.
Taratata… D’un Galore des années 30, nulle trace, mais Germaine Monteil a lancé un parfum de ce nom en 1964, qui existe toujours, d’ailleurs. Et qui n’est pas un chypre, mais un floral aldéhydé.
Décryptons encore un peu l’ADN des jumeaux The Party/Profumo, et nous y trouverons bel et bien l’empreinte d’un parfum ancien, mais des années 20 : Que Sais-je ? de Jean Patou (1925), la réponse ensoleillée d’Henri Alméras au chef d’œuvre ombrageux de Jacques Guerlain : Mitsouko.
L’ascendance de The Party est donc fort distinguée, bien qu’un peu illégitime… Mais comme Profumo a été reformulé, que le Que Sais-je ? n’est plus fabriqué (on trouve cependant encore chez des dé-stockeurs sa réédition des années 80, réalisée par Jean Kerléo), et que Mitsouko est… enfin, passons, The Party saura toujours charmer les amoureux des chypres de style vintage.
... mais vous nous conviez à une véritable enquête policière !
RépondreSupprimerC'est quand même très curieux cette histoire de formule "dérobée" qu'on attribuerait à un autre parfum...
D'après ce que vous dites Profumo correspond plus à mon "goût"...
Thierry, je me rappelle parfaitement que c'est vous qui m'avez branchée sur Profumo... Merci!
RépondreSupprimerLa coïncidence est trop frappante pour que ce soit le fruit du hasard. J'aime beaucoup TPIM, et quand mon Profumo viendra à s'épuiser, fatalement, j'en achèterai peut-être... Même s'il faudra sans doute passer par l'Italie! (l'horreur, non?)
Finalement c'est un parfum avec un nom anglais que vous avez découvert via la Californie qui est en fait italien et le sosie de Profumo d'Aqua di Parma l'ancien pas le nouveau! Chouette, voilà une bonne nouvelle car j'aime beaucoup Profumo ( j'ai un flacon en réserve que je garde précieusement). Mais The Party va-t-il résister aux interdictions de l'IFRA?
RépondreSupprimerSenga, oui, c'est un peu compliqué comme itinéraire... Je ne pense pas que TPIM soit compromis: il semble que la version que j'ai testée ait été formulée assez récemment, donc déjà soumise aux restrictions portant sur la mousse de chêne... Enfin, j'espère.
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