Amoureuse n’arrête pas de raconter des histoires ; et chaque histoire qu’elle raconte en dévoile une nouvelle, enchâssée dans la première… On s’y perd. Délicieusement.
D’abord, elle vous dit qu’elle vient de San Francisco. Pendant qu’elle vous parle – d’une voix peut-être un peu trop assurée – des buis qui poussent en Californie et de leurs petites fleurs odorantes, vous remarquez qu’elle a laissé entrouvert un tiroir de sa coiffeuse.
Vous y distinguez une vieille photo du Parfum de Thérèse, et vous remarquez qu’Amoureuse tient de sa grand-mère sa tête hespéridée, son cœur de jasmin et son âme de mousse de chêne -- moins que sa petite soeur Émotionnelle, mais tout de même... Sous sa vigueur américaine, c’est bien une Grassoise, non ?
Pendant que vous détaillez la photo, le rire des aldéhydes mandarine fuse, entraînant dans son effervescence une tubéreuse verte, mais de cette verdeur sourd une touche d’amertume – la cardamome.
Puis Amoureuse vous confie que son père, Michel, a vécu dix ans à Tahiti… Elle vous raconte qu’un jour, alors qu’il se promenait sur la crête de collines desséchées, une odeur florale puissante et épicée a attiré son attention. Elle émanait d’une petite vallée à la végétation luxuriante, mais il n’arrivait pas à en retrouver la source, jusqu’à ce qu’il repousse enfin des feuillages pour découvrir de minuscules fleurs orangées… C’est alors que vous comprenez d’où Amoureuse tient sa beauté sensuelle et ses allures moites, paresseuses et tropicales : sa mère est une fleur de gingembre sauvage.
Maintenant, elle ne parle plus, et le fredonnement hypnotique du santal s’infiltre dans le chœur des fleurs tandis qu’elle pétrit distraitement une écorce de mandarine. Ses doigts sont poisseux de miel, et tout ce qu’elle vous a raconté depuis le début semble avoir été piégé par ce nectar ruisselant – les fleurs de buis, la tubéreuse, le jasmin, la fleur de gingembre et son sillage épicé…
Amoureuse ? C’est vous qui êtes prise au piège. Dans la touffeur estivale, elle vous colle à la peau. Et tout d’un coup, vous avez très, très chaud…
Image: Tabou de F.W. Murnau (1931)
Amoureuse, l'un des plus beaux noms de la parfumerie. Un parfum romantique mais si j'avais commissione Amoureuse, je l'aurais imagine a la fois romantique, sexy et sexuelle, une version moderne en trois actes de Que-Sais Je?, Amour Amour et Adieu Sagesse...
RépondreSupprimerSecret de Parfum, je trouve qu'Amoureuse est déjà tout ça, à sa manière (il y en a tellement...).
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