Manoumalia de Sandrine Videault pour LesNez : Souriantes Tropiques
L’inspiration du Manoumalia composé par Sandrine Videault pour LesNezest exotique, certes, mais pas dans le genre “j’ai voyagé jusqu’au pays des cartes postales pour vous rapporter les essences les plus rares”…
Sandrine Videault a bien voyagé, mais elle n’a pas eu besoin d’aller au bout du monde puisqu’elle y est déjà (de notre point de vue) : l’île de Wallis est à mi-chemin de Tahiti et de la Nouvelle-Calédonie, où Sandrine Videault est née et où elle vit toujours.
C’est sur le Tuitui ancestral des Wallisiens qu’elle a basé sa composition, autour d’un type de fleur de frangipanier à l’odeur crémeuse, proche du gardénia, appelée le fragraea, du santal de Nouvelle-Calédonie et du vétiver de Java. Mais la sensation naturelle du parfum, sa façon de s’ouvrir, sa grâce nonchalante, c’est autant au talent et au savoir-faire de Sandrine Videault qu’on les doit, qu’à ses qualités d’exploratrice olfactive.
Manoumalia s’inscrit dans la tradition de la parfumerie française malgré ses origines documentaires, précisément parce que la parfumerie française joue littéralement un rôle dans les rituels des Wallisiens. Ceux-ci, raconte Sandrine dans une interview à 1000fragrances, aiment se laver les mains avec du parfum; les vieux chypres, les ambrés et les fleurs blanches comptent parmi leurs odeurs préférées… Autrement dit, ce sont mes âmes sœurs. Mieux que ça : l’un des parfums français les plus anciens, le Pompéïa de L.T. Piver (1907), est incorporé dans la formule même du Tuitui, révèle Sandrine dans Perfume Shrine. De sorte que, pour parler comme les philosophes français des années 70, la culture française contamine toujours déjà les pratiques rituelles de ce terre lointaine… C’est ainsi qu’une référence à Pompéïa se niche dans le cœur tropical de Manoumalia, comme un clin d’œil au détournement en douce, par les Wallisiens, d’une culture qui est de toute façon la leur, puisqu’ils sont français…
Ai-je dit déjà combien je portais souvent Manoumalia, combien il était beau et quel plaisir j’éprouvais à me vaporiser les cheveux, le cou, les seins et les bras de sa senteur luxuriante et moite ? Comme ces fleurs blanches minuscules qui exhalent les parfums les plus puissants, tapies sous de grandes feuilles vernissées, Manoumalia sature l’espace, mais sans ostentation.
À un mètre de distance, c’est le sillage du santal qui s’élance… Ce qu’on sent sur sa peau, c’est une fleur d’une intensité comparable à celle de la tubéreuse, soulignés d’épice et de noix de coco, avec une facette un peu champignon de gardénia et un fond de sucre brun. Mais le plus curieux, c’est le comportement déconcertant du vétiver: il se faufile en tapinois pour vous surprendre, comme un fantôme errant à l’orée de la conscience olfactive. La première fois que j’ai porté Manoumalia, je n’arrêtais pas de songer à Bandit (je parie que les Wallisiens l’adorent) : un senteur sombre, amère et verte me hantait sans répit, pour se dissoudre dès que je pressais mon nez à mon poignet.
Manoumalia est un parfum qui raconte une histoire (vraie) – les Tropiques dans les petits parasols en papier dans le cocktail aux jus de fruits – mais qui vous laisse assez d’espace pour vous y glisser. Il respire. Vous vous évadez.
Image : Je sais, j’aurais dû choisir Gauguin, et je commets sans doute une hérésie en juxtaposant les Mexicaines graves et sombres de Flor Garduño à l’ode à Wallis de Sandrine Videault, mais je le sentais comme ça, alors voilà. Elles méritaient de se rencontrer.
Manoumalia m'avait marquée par son côté authentique, qui, comme vous le précisez, raconte une vraie histoire, il transmet une véritable émotion, grâce à sa complexité, son épaisseur, ses nuances et sûrement la qualité des matières qu'il contient. LesNez est décidemment une maison dont on aimerait voir sortir des nouvelles créations chaque semaine !
Comme vous le savez, j'aime beaucoup Manoumalia. Je l'ai découvert grâce à un échantillon que LesNez m'avaient envoyé gracieusement en fin d'année. Cela faisait suite à une commande d'échantillons préalablement faite afin de découvrir leurs parfums, décrits dans Perfumes the guide (aka my Bible). J'ai apprécié qu'ils me fassent découvrir Manoumalia qui est mon préféré de tous. Bien sûr, vous le savez, j'adore les fleurs blanches, donc un dérivé exotique du gardénia ne pouvait que me séduire, surtout lorsqu'il est aussi réussi que celui-ci. Comme je vous le disais récemment, il m'évoque un peu le fond de Samsara, c'est sans doute l'accord fleurs blanches/santal/vétyver. En tout cas, merci pour votre belle description et au plaisir de vous lire et de vous revoir. Rebecca
Rebie, merci d'avoir inclu cette remarque au sujet de Samsara, que je n'avais pas intégrée au texte car elle ne venait pas de moi -- j'espérais votre commentaire. Nous nous verrons au plus tard le 22!
bonjour j'ai découvert Manoumalia également grâce à un échantillon que m'avait envoyé LesNez suite à une commande de mon adoré "Antimatière", je ne suis pas comme Rebie fan de fleurs blanches mais j'admets que Manoumalia est une jolie réussite ds la déclinaison du gardénia ! Je n'en achèterais sans doute pas un flacon mais si j'en trouvais un décant je pense que je me laisserais faire ! Quant à avoir mis une si belle image de mexicaines je trouve celà fort à propos et bien plus original qu'une image de Gauguin qui semblait plus évidente
Manoumalia est très réussi. Le travail de S. Videault me parait authentique, il y a une vraie recherche d'émotion, au-delà d'un travail sur les matières (a priori de très bonne qualité de surcroit) lui aussi tourné vers l'authenticité. Sur ma peau Manoumalia démarre très narcotique et très en tête, avec une note presque d'asphalte brûlante et de gaz-oil (aucunement rebutant à mon nez), qui se mêle rapidement aux fleurs blanches très suaves (beau travail sur le gardenia, ici solaire, mais ni gras ni beurré). Hélas, comme RebieFR, il prend vite un tour trop santalé, qui me rappelle aussi Samsara (que je fuis comme la peste), mais encore bien plus Loulou ! Et je le déplore grandement. J'aimerai qu'il s'arrête en phase intermédiaire. Je pourrais le porter très ponctuellement pour quelques soirées d'été. Si je lui reconnais une très belle facture, il n'est hélas pas tout à fait convaincant sur ma peau.
Lamarr, plusieurs personnes sur d'autres blogs et forums ont commenté sur ce côté gaz-oil -- je ne le sens pas sur Manoumalia mais je l'ai déjà perçu dans des compositions très jasminées comme Joy (extrait) ou A la nuit. Le santal, pour moi, se tient assez loin du nez. Et je suis addict!
C'est que mon nez supporte très difficilement le santal Carmen, et il le perçoit très radicalement. Certains jasmins ont cette note très "gaz-oil", cela me fait penser à la fleur presque en voie de décomposition/pourrissement. C'est d'ailleurs ainsi que je le préfère et le trouve le plus charnel.
Je suis en train de flashé complètement sur manoumalia. J'avais l'échantillon depuis longtemps. Je l'avais essayé surtout sur tissus : une note de cheveux sale restait en tête. Je n'étais pas amoureux, mais j'étais impressionné par la qualité.
Sur la peau : sublimé. Je suis totalement confondu qu'un tel degré de maîtrise soit apporter à un parfum qui parle sur la peau, en laissant un vrai sillage.
Je pourrais en écrire une page entière (j'envisage de me mettre au blog). La plus belle tubéreuse que je connaisse. Ce qui m'impressionne le plus c'est cet dégradation de l'accord "viande - latex" d'ouverture qui rejoint la tubéreuse, et les autres fleurs. Et la dose de vétiver haïtien est orgasmique, une sorte d'effet habanita sans le côté rebutant, une ouverture puissante, puis un drydown d'un puissant bonheur tranquille. Et le santal! whoua... Inspirant, méditatif, et exaltant.
Manoumalia mérite une gloire inégalée, pour avoir réussi là où tant d'autres ont échoué. Je m'en vais le crier sur les toits.
I am a writer and translator based in Ottawa, as well as the perfume editor for Citizen K and a writer for NEZ, the olfactive magazine. My book The Perfume Lover, A Personal History of Scent is published by Harper Collins (UK), St. Martin's Press (USA) and Penguin (Canada). The perfume linked to the book,Séville à l'aube, was composed by Bertrand Duchaufour for L'Artisan Parfumeur.
Copyright/ Tous droits réservés 2008 Denyse Beaulieu
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Manoumalia m'avait marquée par son côté authentique, qui, comme vous le précisez, raconte une vraie histoire, il transmet une véritable émotion, grâce à sa complexité, son épaisseur, ses nuances et sûrement la qualité des matières qu'il contient. LesNez est décidemment une maison dont on aimerait voir sortir des nouvelles créations chaque semaine !
RépondreSupprimerJeanne, en effet, ce sont des parfums rares... Des parfums d'auteur, ce qui a beaucoup plus de sens que de parler de "niche"!
RépondreSupprimerComme vous le savez, j'aime beaucoup Manoumalia. Je l'ai découvert grâce à un échantillon que LesNez m'avaient envoyé gracieusement en fin d'année. Cela faisait suite à une commande d'échantillons préalablement faite afin de découvrir leurs parfums, décrits dans Perfumes the guide (aka my Bible). J'ai apprécié qu'ils me fassent découvrir Manoumalia qui est mon préféré de tous. Bien sûr, vous le savez, j'adore les fleurs blanches, donc un dérivé exotique du gardénia ne pouvait que me séduire, surtout lorsqu'il est aussi réussi que celui-ci. Comme je vous le disais récemment, il m'évoque un peu le fond de Samsara, c'est sans doute l'accord fleurs blanches/santal/vétyver. En tout cas, merci pour votre belle description et au plaisir de vous lire et de vous revoir.
RépondreSupprimerRebecca
Rebie, merci d'avoir inclu cette remarque au sujet de Samsara, que je n'avais pas intégrée au texte car elle ne venait pas de moi -- j'espérais votre commentaire.
RépondreSupprimerNous nous verrons au plus tard le 22!
bonjour
RépondreSupprimerj'ai découvert Manoumalia également grâce à un échantillon que m'avait envoyé LesNez suite à une commande de mon adoré "Antimatière", je ne suis pas comme Rebie fan de fleurs blanches mais j'admets que Manoumalia est une jolie réussite ds la déclinaison du gardénia !
Je n'en achèterais sans doute pas un flacon mais si j'en trouvais un décant je pense que je me laisserais faire !
Quant à avoir mis une si belle image de mexicaines je trouve celà fort à propos et bien plus original qu'une image de Gauguin qui semblait plus évidente
Chakim, il est vrai qu'entre l'Antimatière et Manoumalia, il y a un univers...
RépondreSupprimerManoumalia est très réussi. Le travail de S. Videault me parait authentique, il y a une vraie recherche d'émotion, au-delà d'un travail sur les matières (a priori de très bonne qualité de surcroit) lui aussi tourné vers l'authenticité. Sur ma peau Manoumalia démarre très narcotique et très en tête, avec une note presque d'asphalte brûlante et de gaz-oil (aucunement rebutant à mon nez), qui se mêle rapidement aux fleurs blanches très suaves (beau travail sur le gardenia, ici solaire, mais ni gras ni beurré). Hélas, comme RebieFR, il prend vite un tour trop santalé, qui me rappelle aussi Samsara (que je fuis comme la peste), mais encore bien plus Loulou ! Et je le déplore grandement. J'aimerai qu'il s'arrête en phase intermédiaire. Je pourrais le porter très ponctuellement pour quelques soirées d'été. Si je lui reconnais une très belle facture, il n'est hélas pas tout à fait convaincant sur ma peau.
RépondreSupprimerLamarr, plusieurs personnes sur d'autres blogs et forums ont commenté sur ce côté gaz-oil -- je ne le sens pas sur Manoumalia mais je l'ai déjà perçu dans des compositions très jasminées comme Joy (extrait) ou A la nuit. Le santal, pour moi, se tient assez loin du nez. Et je suis addict!
RépondreSupprimerC'est que mon nez supporte très difficilement le santal Carmen, et il le perçoit très radicalement. Certains jasmins ont cette note très "gaz-oil", cela me fait penser à la fleur presque en voie de décomposition/pourrissement. C'est d'ailleurs ainsi que je le préfère et le trouve le plus charnel.
RépondreSupprimerJe suis en train de flashé complètement sur manoumalia. J'avais l'échantillon depuis longtemps. Je l'avais essayé surtout sur tissus : une note de cheveux sale restait en tête. Je n'étais pas amoureux, mais j'étais impressionné par la qualité.
RépondreSupprimerSur la peau : sublimé. Je suis totalement confondu qu'un tel degré de maîtrise soit apporter à un parfum qui parle sur la peau, en laissant un vrai sillage.
Je pourrais en écrire une page entière (j'envisage de me mettre au blog).
La plus belle tubéreuse que je connaisse.
Ce qui m'impressionne le plus c'est cet dégradation de l'accord "viande - latex" d'ouverture qui rejoint la tubéreuse, et les autres fleurs.
Et la dose de vétiver haïtien est orgasmique, une sorte d'effet habanita sans le côté rebutant, une ouverture puissante, puis un drydown d'un puissant bonheur tranquille. Et le santal! whoua...
Inspirant, méditatif, et exaltant.
Manoumalia mérite une gloire inégalée, pour avoir réussi là où tant d'autres ont échoué. Je m'en vais le crier sur les toits.