Entre le torride Muscs Koublaï Khan et le candide Clair de Musc, tout se passe comme si Serge Lutens avait voulu exacerber le paradoxe du musc jusqu’à son point de rupture. Et alors que Muscs Koublaï Khan représente le summum du style baroque de Lutens, Clair de Musc relève d’une esthétique sereine, presque désincarnée et assez inattendue.
La première odeur est purement celle de la savonnette – si les séraphins se lavent les ailes, leurs bulles sentent certainement le Clair de Musc… Une bouffée laque Elnett d’aldéhydes disperse des tourbillons poudrés d’œillet et d’iris, dans une évocation dépouillée de grands floraux classiques comme Chanel N°22. Manifestement, la fleur d’oranger et le jasmin ont été renvoyés à la maison pour débarbouiller leurs notes trop charnelles. Le santal n’est convié à la fête que s’il promet de rester sur le banc de touche. Puis, au moment où on l’avait oublié, le musc s’élève au premier plan, teinté des nuances rosées de l’ambrette, et Clair de Musc allonge en douce un tentacule parfumé vers sa sœur barbare. Et si, après tout, l’ange avait les ailes sales ?
Image: Francesca Woodman, Angel Series (1977)
que j'aime vos commentaires, un vrai bonheur !
RépondreSupprimerMerci Chakim!
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