Lilas Mauve d'Annick Menardo pour Yves Rocher: bouffée de printemps

Tout d’abord, un mot sur le salon Esxence de Milan, pour ceux d’entre vous qui attendaient mes impressions… À vrai dire, j’ai sous-estimé mes dons d’ubiquité et sous-estimé la quantité effarante de marques présentes, ainsi que le temps que je devrais consacrer à la promotion de The Perfume Lover. J’ai réussi à prendre quelques échantillons, notamment chez YS Uzac et Maria Candida Gentile, dont je parlerai en temps voulu… En attendant, toutes mes excuses à ceux et celles que je n’ai que trop brièvement rencontrés !

Une agréable surprise m’attendait dès mon retour à Paris, lorsque je me suis rendue chez Yves Rocher pour acheter l’un de mes produits de toilette fétiches, l’Huile de douche orientale à l’huile d’argan à l’exquise odeur de fleur d’oranger, d’épices et de vanille…

Si la parfumerie fine dédaigne le lilas, c’est qu’il est trop utilisé dans le fonctionnel (les propriétés antiseptiques de l’alpha-terpinéol, un dérivé de l’huile essentielle de pin à l’intense odeur de lilas, en font un composant très répandu dans les savons et les détergents). Les amoureux de cette fleur négligée doivent donc se rabattre sur son interprétation par Olivia Giacobetti pour Frédéric Malle, En Passant, impression fugace d’un lilas dans la ville aux effets aquatiques prononcés. Mais depuis peu, la note est réapparue, chez Guerlain dans Idylle Duet Jasmin Lilas (que je n’ai senti… qu’en passant) et chez Phaedon avec Rue des Lilas, un « lilas blanc » selon la marque, à la tête assez aldéhydée et qui penche assez nettement vers l’amande.

Quant au Pur Désir de Lilas d’Annick Menardo pour Yves Rocher, considéré par la profession comme le meilleur lilas d’un marché qui, certes, en compte fort peu, il vient de se faire détrôner par Lilas Pourpre, du même auteur et de la même maison. Présenté dans le nouveau trio « Un Matin au Jardin » avec une Rose Fraîche de Shyamala Maisondieu et un Agrumes en fleurs de Christiane Plos, ce Lilas Pourpre remplace, en l’améliorant, son prédécesseur. Des notes de tête vertes offrent un rendu plus naturel et l’effet rosé est accentué en cœur sur fond poudré vanillé. Là où le Pur Désir péchait un peu sur peau par son côté savonneux et légèrement synthétique, Lilas Mauve est plus plein, même s’il ne joue pas sur les facettes épicées et un peu miellées animales de certains lilas.

Comme la plupart des produits Yves Rocher, Lilas Mauve est d’un rapport qualité-prix assez époustouflant, et même si j’aurais plutôt tendance à l’utiliser en parfum maison, je le recommanderais sans hésiter aux citadins en mal de printemps plus champêtre…

Et maintenant, à vous : quelle fleur mal aimée de la parfumerie fine aimeriez-vous voir représentée ?

Illustration: Les Lilas d'Édouard Vuillard