Cinq ans après notre rencontre
au-dessus d’un flacon scellé d’Iris Gris, mon ami Octavian Coifan est devenu un
« personnage » de mon livre The
Perfume Lover. Récemment, dans 1000fragrances, il a livré sa version du
récit avec ses impressions du livre (pour lire son texte, cliquez ici).
Et dimanche dernier, le jour de
Pâques, il m’a répondu en composant pour moi un parfum qui traduit le voyage au
pays des fleurs blanches où il m’a guidée dans le chapitre 18: Shanghai Lily.
Malgré son nom, cette tubéreuse
épicée sur fond animal n’est pas un hommage au lys, mais à l’une de mes
héroïnes préférées du cinéma, la courtisane incarnée par Marlène Dietrich dans Shanghai Express de Josef von Sternberg,
film au demeurant étonnamment féministe.
Avant même de déboucher le flacon, j’ai donc cité la réplique que fait Marlene à son ancien fiancé, lorsque, la retrouvant cinq ans après leur rupture, il lui demande si elle est mariée : « It took more than one man to change my name to Shanghai Lily » -- « Il a fallu plus d’un homme pour changer mon nom en Shanghai Lily. » (Pour lire la scène, voyez la version anglaise de ce post).
Avant même de déboucher le flacon, j’ai donc cité la réplique que fait Marlene à son ancien fiancé, lorsque, la retrouvant cinq ans après leur rupture, il lui demande si elle est mariée : « It took more than one man to change my name to Shanghai Lily » -- « Il a fallu plus d’un homme pour changer mon nom en Shanghai Lily. » (Pour lire la scène, voyez la version anglaise de ce post).
Madeline, le prénom du personnage de
Marlene avant qu’elle ne se transforme en aventurière surnommée Shanghai Lily, « La
Fleur Blanche de la Chine », est également celui de Marlene Dietrich mais
aussi, bien entendu, celui de la patronne des parfumeurs, Marie Madeleine.
Le sort réservé aux Madeleine est
peu enviable. Qu’il s’agisse de la sainte, disciple choyée du Christ,
transformée en pute repentante par les Pères de l’Église et la Légende Dorée,
ou de la courtisane de Von Sternberg, conspuée par les passagers du Shanghai
Express, on ne pardonne pas aux fleurs blanches faites chair de dispenser leurs
faveurs et leurs fragrances aussi librement…
Et comme les fleurs blanches, les
femmes de petite vertu choquent autant qu’elles enivrent. Mais la vraie
vertu ne se résume pas à savoir tenir un sou entre ses genoux en présence des
mâles : dans son sens premier, le mot signifie « énergie morale,
force », qualités dont Shanghai Lily fait bien plus abondamment preuve
dans le film que ses compagnons de voyage…
On ne pourrait rêver plus beau nom pour un parfum destiné à une
Madeleine impénitente que Shanghai Lily, cadeau touchant et odeur enivrante…
Dans le post qu’il consacre à sa création, Octavian explique pourquoi les
parfums à la rose doivent éternellement se renouveler pour rester d’actualité,
tandis que les parfums des fleurs blanches sont éternels. Il sait bien que si
j’aime les roses, je ne les porte pas. Et il a deviné pourquoi.
Le parfum est
le poison de l’âme…
Hello,
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup votre récit. En particulier la chute, très finement cisélée en quelques mots.
Dominique, merci. Mais pour la dernière phrase, j'avoue n'avoir le mérite que de mes lectures: elle est de Paul Valéry et a été utilisée lors du lancement de Poison... C'était un clin d'oeil.
RépondreSupprimerCertes mais cela n'enlève rien à votre récit court mais prenant - je ne connais pas Paul Valery, honte à moi et non je ne lis pas assez - mais je commence à connaître un tout petit peu Grain de Musc !
RépondreSupprimerBonne journée à vous.
Dominique, je crois que plus personne ne lit Valéry, en tous cas pas moi -- je le connais plutôt indirectement via des citations que j'ai lues ailleurs... Et encore une fois merci!
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