vendredi 25 janvier 2013

Mon Top 10 des parfums de l'hiver 2013: Une exploration de la Voie Lactée


Bien que les amoureux du parfum tendent à cultiver des goûts plus variés que les civils, nous gravitons malgré tout plus volontiers vers des zones précises de la carte olfactive. C’est là que la majorité de nos parfums préférés se croisent, sans qu’il s’agisse forcément d’une famille olfactive en tant que telle.

Fleurs blanches, chypres fruités et ce que j’appellerais les boisés fruités ont un point commun : les lactones. On les trouve dans la tubéreuse, le jasmin et le gardénia (mais pas dans la fleur d’oranger). Elles entrent dans les accords prune, pêche et abricot. Certains muscs, comme ceux qu’on retrouve dans l’angélique, sont aussi des lactones. Comme leur nom l’indique, elles dégagent une senteur crémeuse et présentent des affinités particulières pour nos peaux – qui elles-mêmes recèlent de petites usines à lactones en l’espèce de levures naturellement présentes sur notre épiderme, qui les métabolisent. Ces effets crémeux leur donnent des affinités avec d’autres matériaux aux notes lactées, comme le santal indien ou le benjoin.

Quelle que soit la façon dont elles sont entourées, lactones et notes lactées oscillent entre le charnel et le moelleux. C’est une zone qui m’attire tout l’année, mais voici mes choix de la saison…

Mon Parfum Chéri par Camille figurait déjà dans mon Top 10 de l’année 2011, et j’y retourne encore très régulièrement. Ce descendant bohème de Femme enrobe un cœur prune et pêche de type base Prunol d’un accord cosmétique rose-violette, joyeusement salopé d’un gros patchouli bien terreux.

In the City of Sin de Calice Becker pour la nouvelle collection blanche de By Kilian me semble aussi  – bien que ce n’aie pas été dans les intentions de Kilian Hennessy – être apparenté à la famille des chypres fruités. Disons plutôt, à un boisé fruité comme Féminité du Bois en tant qu’il descendrait de Femme, mais en faisant glisser la forme fruit lactonique + épices + bois du Lutens vers une zone contiguë de la carte olfactive. Le fruité est ici un abricot relevé de cardamome qui donne le crissant acidulé amer vert de la peau ; la chair sucrée, confiturée, presque liquoreuse est accentuée par la rose. Une combinaison presque gustative (recette abricot cardamome eau de rose à essayer dès que la saison s’y prêtera), dont le fond boisé maîtrise les penchants gourmands.

Good Girl Gone Bad, également dans la collection blanche de Kilian, a d’abord été confié à Jacques Cavallier, avec lequel Kilian Hennessy avait travaillé lorsqu’il était chez L’Oréal (sur Armani Mania, il me semble). Lorsque Cavallier a quitté Firmenich pour Louis Vuitton, son collège Alberto Morillas a pris le relais. Pour moi, GGGB suscite une impression de grosse boule florale moelleuse, plutôt abstraite – un J’Adore hardcore ou le revers nocturne de Jour d’Hermès. L’effet liquoreux créé par l’osmanthus, la rose et le davana, en accentuant les lactones des fleurs blanches (jasmin, tubéreuse), donne à la composition des relents sensuels de fruit blet, au bord du fermenté. 


Vol de Nuit Évasion, la version eau de toilette en exclu duty-free de Guet-Apens/Attrape-cœur, n’existe plus depuis belle lurette et j’économise mes deux flacons. À mon sens, l’hommage pêchu à la base De Laire Ambre 83 (vanille/labdanum) de Mathilde Laurent représente toujours la quintessence d’un Guerlain contemporain, même si à l’heure actuelle, une création de 1999 pourrait être considérée comme vintage.

Felanilla m’est revenue en tête en sortant Vol de Nuit Évasion de mes archives. D’ailleurs, j’ai constaté que j’évoquais le second dans le texte consacré au premier. Les lancements se succèdent désormais à un tel rythme qu’il serait aisé d’oublier une création de 2008. Mais même avec cinq ans de recul, la création de Pierre Guillaume pour Parfumerie Générale tient le choc : une cuiller d’argent (safran, iris) plongée dans une crème baumée.

Candy de Daniela Andrier pour Prada a également fait partie de mon best-of-2011, donc encore un qui tient le choc sur la durée. Avec sa coque fine de caramel sur un cœur lacté vanille benjoin – pointe d’iris tout de même aussi –, c’est une gâterie à ne pas se refuser pour se consoler du frimas.

Santal Majuscule, troisième variation de Serge Lutens sur une note introduite dans son repertoire dès Féminité du Bois, explore une autre zone de la Voie Lactée. Cette fois, l’effet est suscité par le santal éponyme. Je subodore une trace de pêche – là, c’est vers la palette « fruits secs » de Lutens qu’on penche – confiturée par une rose miellée qui fait ressortir la facette florale du santal.

L’Arbre est la première composition inedited proposée par Olivia Giacobetti pour Iunx depuis que la marque a quitté le giron de Shiseido pour ressurgir dans la boutique de l’Hôtel Costes à Paris, seule au monde à la proposer. Il contiendrait du véritable santal indien, pourtant très réglementé et qui avait pour autant qu’on sache disparu des palettes pour cause de surexploitation. Réserve « vintage » ou nouvelle source ? Il est en train de ressurgir, notamment dans la dernière création d’une grande marque de niche dont j’ai juré de ne pas parler jusqu’au 15 février. L’interprétation qu’en propose Olivia Giacobetti ? Une vapeur de santal empreinte à la fois de spiritualité et de sensualité, comme toutes ses créations pour Iunx. Sans doute mon prochain achat.

Santal Massoïa, dernier en date des Hermessence même s’il remonte à 2011, tire le laiteux crémeux du santal vers un effet confiture de lait, ce qui le fait basculer dans la zone lactone (le bois de massoïa en recèle). Bien entendu, le jus étant signé Jean-Claude Ellena, cette confiture-là reste délicate, teintée de thé et d’un vert de figue délicats.

L’Amandière, présenté dans le trio “Extraits de Parfum” de James Heeley au printemps dernier, s’écarte légèrement du thème de ce florilège. Mais ce charmant accord fleur d’amandier ourlé de verdure joue un rôle indispensable dans une garde-robe parfumée hivernale, évoquant le printemps tout en conservant assez de chaleur baumée pour réchauffer.

Je n’inclus pas dans cette liste 1932, le prochain Exclusif de Chanel, puisqu’il ne sort que le 1er février. Mais je le trouve magnifique et j’y reviendrai dare-dare, avec tirage au sort d’un échantillon. Rendez-vous jeudi 31 janvier !

Illustration: Galatée de Gustave Moreau, parce que le nom de la nymphe renvoie à la blancheur du lait.

27 commentaires:

  1. Je me suis debarassee de Mon Parfum Cheri et Santal Majuscule, malheureusement je ne les portais pas assez. J'ai decide de garder les flacons que je porte regulierement.

    Je porte toujours Tubereuse Criminelle mais en alternance cet hiver avec Feminite du Bois en vapo de sac noir, Bas de Soie et Sa Majeste la Rose, que je n'aimais pas trop avant et qui me plait subitement.

    Le livre Berlin a Paris au Palais Royal est fantastique, je l'ai achete les yeux fermes au Palais Royal. J'adore aussi les clowns laques des compacts Lutens mais fallait depenser 1400 euros pour craquer, j'ai fait des photos en guise de consolation.


    Emma

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  2. Emma, parfois ça fait du bien de "streamliner" sa collection! En tous cas, si je n'ai pas mis Féminité du Bois dans la liste, c'est qu'il reparait régulièrement, mais il fait partie de la rotation régulière.
    Le livre est en effet très beau, et comme les autres livres de photos de Lutens sont pratiquement introuvables, je suis ravie qu'il soit sorti, il faudra que je me le procure.

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  3. Joli florilège... qui donne des envies d'explorations intergalactiques – à des années-lumière des sirops surfruités actuels – à croire qu'ils ont été conçus par Tesseire. J'aime bien votre expression "même si à l’heure actuelle, une création de 1999 pourrait être considérée comme vintage". Oui, on peut même dire, pour marquer encore la distance, qu'elle est "du siècle dernier". Proxima du Centaure, l'étoile la plus proche de nous, étant quant à elle à quatre années-lumière, une paille comparé. Reste à établir une carte du ciel des parfums :)

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  4. NLR, les ventes se tassant en parfumerie dès qu'il n'y a pas afflux de nouveautés, le devenir-vintage s'accélère, et il devient de plus en plus difficile de revenir vers des produits qui n'auraient, ne serait-ce que cinq ou six ans d'âge. Presque une discipline à s'imposer! Et vertige sidéral...

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  5. Très intéressant, merci ! Je pends notes du mot "lactones"!
    Je vais essayer d'aller sentir quelques unes de ces références: c'est ce qui est frustrant lorsque l'on aime sans connaître, on cherche à l'aveugle!
    Or j'aimerais savoir ce qui me plaît dans le "New Look 1947" de Dior, sa tubéreuse ou son santal (sûrement l'ensemble!), mais définitivement son adéquation poudrée à la peau, pour essayer de toucher d'encore plus près à... qui sait?!
    En tout cas cet article est inspirant, je comprends mieux pourquoi aimer un jasmin et le santal n'est pas obéir à deux goûts distincts forcément!

    Pardonnez mon inculture, je pense tout haut!

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  6. Mandine, ce que vous appelez "l'inculture" est ce qu'il y a de mieux partagé même quand on aime le parfum: ce n'est pas comme si on avait un large accès aux formations dans ce domaine. Et je suis persuadée que c'est du côté de ces affinités/contiguïtés plutôt que des notes en tant que telles qu'il faut creuser pour trouver des parfums qui nous correspondent (il y a d'autres paramètres, évidemment).
    New Look 1947 joue de façon exquise sur l'accord iris musc tubéreuse, si mes souvenirs sont bons. Un effet poudré, presque cosmétique qui s'accorde merveilleusement à la peau, comme vous le soulignez.
    Ravie en tous cas de vous avoir donné des envies de découvertes!

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  7. "les ventes se tassant en parfumerie dès qu'il n'y a pas afflux de nouveautés". Mouahahahaha ! Excellent. Et c'est pas étonnant. Tiens, ça me donne une idée® de roman ça, imaginer que – pour X raison – toute la création s'arrête brutalement, boycott généralisé des "artistes-créateurs", devenus tellement interchangeables (et pas seulement sur les parfums, mais la peinture, la littérature, la photographie, etc.) On arrête tout. On se retrouverait alors à devoir FORCEMENT regarder en arrière et juste autour de nous. Ralentir. Profiter. Ce qui ne serait pas plus mal finalement ! Consumérisme à outrance, quand tu nous tiens...

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  8. Oups, n'allons pas du côté d'Ayn Rand, idole des "libertarians" US (extrémistes de l'hyper-libéralisme), dont l'Atlas Shrugged racontait la grève des citoyens les plus "productifs" en protestation contre les impôts... Mais non, j'ai compris! Sauf que nous autres pauvres créateurs de contenu devons bien croûter, on ne vit pas tous de royalties. Les parfumeurs encore moins que les autres puisqu'ils n'en ont pas.
    Cela dit, en effet, bon argument de roman -- allez zou, au boulot!

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  9. Un parfum qui se nomme "L'arbre" ne peut être que génial... Je suis curieux de le découvrir.
    Pour l'Atlas Shrugged inversé (car dans l'idée de NLR, les citoyens sont sauvés par l'absence d'activité), je ne suis pas certain que cela me conviendrait.
    On se plaint de toutes ces nouveautés, mais en même temps c'est assez amusant.
    Il faudrait plutôt inventer un parfum qui change d'odeur toutes les semaines. Autant aller au bout de la logique...

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  10. Romuald, oui, j'avais bien compris que ce salut n'était pas celui envisagé par Rand! Je ne serais pas non plus ravie que les créateurs croisent les bras... et pour toutes les autres formes de créations, sur lesquelles je ne suis pas tenue d'écrire, je suis plutôt du genre à revisiter qu'à suivre les nouveautés à tout prix.
    En tous cas, pour ce qui est de changer de parfum, mon rythme est plutôt quotidien par la force des choses: il y a de quoi faire!

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  11. Bonjour Denyse,

    Santal m'a fait penser à Sira des Indes qui m'a fait penser à Jean Patou.....qui m'a fait penser à marque disparue ou en voie de disparition ??

    J'ai hâte de découvrir le santal de Mysore dans cette grande marque de niche qu'on aura sans doute reconnue (en modeste détective des parfums, je ne fais que recouper ce que je lis ici et les infos de ma parfumerie préférée....) mais je reste perplexe vu la limitation de la production par les autorités indiennes...

    Savez-vous comment les parfumeurs l'ont remplacé (du moins dans les parfums ne revendiquant plus un santal de Mysore) : par le santal de Polynésie ? Je suis tombée par hasard sur une publication scientifique sur ce santal qui semblait pressenti pour "remplacer" celui de Mysore.

    J'ai porté il y a une quinzaine d'année Sandalwood de Crabtree and Evelyn (je sais, ce n'est pas "niche" du tout) et qui ne devait pas contenir beaucoup de Mysore vu son modique prix.

    Je ne sais plus où il en est des reformulations, je ne sais pas d'ailleurs où en est cette marque qui a été rachetée il y a longtemps (je regrette la disparition de Savannah Garden, qui était vraiment chouette).

    Merci pour cet article, les parfums lactés nous réchauffent en hiver, effectivement (même si là où je suis, nous sommes un peu moins concernés par la neige ;)

    Bon week-end

    Narriman

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  12. Narriman, Jean Patou n'est pas en voie de disparition, au contraire: elle était en sommeil chez Procter & Gamble mais ses nouveaux propriétaires ont fait appel à Thomas Fontaine (que vous auriez pu voir dans le documentaire sur Lubin dont nous discutions avant Noël). Deux parfums seront remis sur le marché (Eau de Patou et Patou pour Hommme), d'autres rééditions sont envisagées.

    Pour le santal, je sais qu'il existe une exploitation en Nouvelle-Calédonie, mais on m'a assuré il ne s'agissait pas de celle-là et que le santal était bel et bien indien... La SFP organise une conférence sur le sujet le 21 février, on y verra peut-être plus clair.

    Et bon weekend à vous aussi!

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  13. Et j'ai oublié d'évoquer Manoumalia, très lacté, non ?

    Il a été reformulé mais je ne sais pas où (j'ai un échantillon de la première version, mais pas encore la deuxième).

    Il me semble que vous l'aimiez beaucoup aussi.

    Narriman (bis)

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  14. Quelqu'un parle aussi de Manoumalia côté anglophone et, oui, je l'aime beaucoup. Sandrine Videault ne m'a pas parlé de reformulation. Lorsque nous en avons discuté, elle m'a simplement précisé que le concentré d'origine n'était plus exploitable et qu'elle avait demandé qu'on en produise de nouveau.

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  15. Nos messages se sont croisés, merci pour ces infos.

    J'ai quand-même pu revoir un court reportage qui était passé sur France 2 à propos de Lubin et voir Thomas Fontaine (très bonne nouvelle pour Patou !) et Gilles Thévenin, dont je confirme au passage qu'il est toujours aussi sympathique et passionné !

    Narriman (qui a le cerveau éparpillé)

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  16. En effet, je confirme! (pour les messieurs sympathiques, pas pour l'éparpillement).

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  17. Quand je lis "Vol de nuit Evasion" j'ai un pincement de coeur. je viens d'entamer mon dernier flacon et je vais y aller goutte à goutte. J'ai toujours préféré cette version edt à son grand frère des boutiques Guerlain.
    En tout cas, c'est une belle sélection...

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  18. Veneziana, ça me fait mal aussi... et en effet, je porte plus volontiers cette version edt, peut-être tout bêtement parce qu'elle est en vaporisateur. Mais il y a bien longtemps que je n'ai pas vérifié l'état des autres, aïe!

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  19. P.S. Par rapport à Manoumalia, pour lequel Narriman mentionnait une reformulation: j'ai posé la question directement à son auteur Sandrine Videault qui m'a confirmé qu'aucune reformulation n'avait eu lieu.

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  20. Je suis très heureuse de l'apprendre (encore que les reformulations ne me font pas pousser des grands cris d'effroi). Ceci dit, je tenais l'information d'un mail qui m'avait été envoyé par la marque elle-même, tant mieux si c'était une erreur !

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  21. Narriman, ça, c'est bien René... En fait ce sont le flacon et l'étui qui changent.

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  22. Ha ha, sacré René alors ! Et franchement je n'en connais pas beaucoup qui pourrait déceler une légère reformulation même s'il y en avait une. J'avais posé la question par curiosité et au regard des normes Ifra (question qui me turlupine comme vous le savez !). Puisque c'est le cas d'à peu près tous les parfums, j'étais curieuse de savoir si les parfums plus confidentiels étaient également soumis à ces restrictions. Une de mes regrettée amie était assise en face de moi lorsqu'elle a reçue un appel téléphonique l'informant que sa formule ne passerait pas les normes Ifra. Elle m'a expliqué à quel point c'était compliqué de retrouvé l'équilibre ensuite. Pour en revenir à Manoumalia, il est fantastique, un des rares parfums qui puissent m'émouvoir et pas seulement me plaire.
    Et je ne saurais dire pourquoi, d'ailleurs !
    Narriman

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  23. Narriman, tous les parfums doivent être aux normes s'ils sont produits en Europe ou y sont importés, à moins d'être créés "à domicile" par des personnes en dehors de l'industrie... Et en effet, c'est un vrai casse-tête (tout autant qu'un crève-coeur) de les repatouiller lorsque les normes changent ou qu'une formule ne passe pas la rampe...

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  24. Un nouveau Giacobetti chez Iunx, yum yum! et du santal qui plus est!
    Je trouve que "l'arbre" est un joli nom pour symboliser une marque qui rebourgeonne. Nouvelle création, nouvelle floraison.

    [au fait, les 50ml de Safran troublant sont soldé chez l'AP, mon dieu qu'ils préservent les 100ml de celui-là]

    Je ne pense pas que "Manoumalia" ait été reformulé. Je porte les soupçons sur le sniffeur, car c'est un parfum extrêmement changeant, difficile à baliser. Ylang caramel santal vetiver dieu-sait-quoi.

    Je suis curieux sur cet approvisionnement nouveau de santal? -15 février, donc-
    Ce serait super qu'ils aient réussi à pérenniser une exploitation responsable. Parce que je déteste le santal australien. Par contre j'aime beaucoup le substitut synthétique que Céline Eléna appelle sobrement "bois de satin".

    Je me demande d'ailleurs si la note de cendrier froid dégueux de "jeux de peau" et "santal majuscule" (les goûts, les couleurs) n'est pas qu'un masque pour dissimuler les facettes pénibles du santal australien. Juste une supposition.

    Sur le post sur 1932, on parle de bois des îles. Luca Turin signale que la proportion de santal de mysore a baissé. C'est bien possible. De toute façon, BDI est l'évocation d'une femme apprétée, plus qu'une invitation au voyage. Plus sage qu'oriental, plus flou que saturé.

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    Et pour l'hivers, j'ai décidé d'arrêter de me casser le cul. Marre de tester des parfums que je n'aime pas trop, pour me remettre en mémoire telle agencement.
    L'insatisfaction me guette. L'esprit critique c'est bien, mais reste que le parfum est une danse, et qu'il y a un temps pour se laisser modeler par les parfums qu'on aime.

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  25. Julien, il me semble que L'Artisan arrête tout ses 50 ml. Perso, je trouve que cela va à l'encontre des tendances du marché: les petits formats marchent bien et génèrent bien plus d'achats spontanés. Je les conseille à tous les propriétaires de marque qui veulent bien m'écouter. Mais bon, ce n'est pas moi qui fais leurs comptes...

    A propos de Manoumalia, ce n'est pas Narriman qui a "mal" senti, puisqu'elle n'a pas encore senti ce nouveau lot, mais le propriétaire des Nez qui s'est peut-être un peu maladroitement exprimé dans un échange mail avec elle. Je sais par Sandrine Videault directement qu'aucune reformulation n'a eu lieu.

    Quant à la boulimie des essais à tous crins... En effet, ce qui est difficile dans cette passion, c'est de vivre avec toutes sortes de compositions où on n'a pas forcément envie d'habiter pour parfaire ses connaissances. Ça finit par devenir un pensum, d'autant plus morose que porter un parfum, ce n'est pas comme analyser un texte ou un film, il fait partie de nous pendant quelques heures. Il n'est pas "détachable".

    À ce propos, j'aime citer le critique rock Greil Marcus à qui l'on demandait s'il se mettait à analyser une chanson dès qu'il l'entendait. Il a répondu que non, d'abord il entrait dans la chanson, et que ce qu'il écrivait ensuite était "the pleasurable byproduct of wow" -- "le sous-produit jouissif du waouh".

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  26. J'adore le format 30ml. "Les parfums de Nicolaï" en font, et j'apprécie beaucoup.
    C'est intelligent à double titre : 1/ les amoureux des parfum peuvent acheter sous l'impulsion et soutenir la marque. Même quand 100 flacons les attendent déjà à la maison.
    2/ les gens qui n'ont pas l'habitude d'acheter des parfums, et de mettre 100€ là-dedans, trouve un compromis raisonnable et séduisant.
    100ml ou 30ml, j'y vois aussi deux visions du parfum qui s'affrontent :
    - l'ancienne, celle de l'image de luxe du parfum, qui doit coûter cher pour être bon. C'est un objet de distinction sociale où il faut mettre le prix.
    - et l'actuelle, plus éclairé, où on laisse l'exploreur faire rationnellement son rapport qualité/prix et quantité/prix.
    Commercialement, il n'est pas sûr que les petits flacons soient rentables.
    J'ai pu constater la hausse des prix. Chez PDN, une hausse de ~5€ qui fait que je n'offre plus une edt comme petit cadeau, le prix est passé au-dessus de mon seuil psychologique.
    La disparition des 50ml, je voudrais me l'expliquer comme une double contrainte : l'AP avait aussi hausser ses prix, personnellement je trouve leur 50ml beaucoup trop chers, la marque en vendait moins, elle supprime certains parfums en 50ml.
    Pourtant l'AP fait des flacons 15ml ultra joli, qui ressemblent à des petits bijoux.
    Ce choix est un pari. Actuellement, forcé le client à payer >100€ un parfum est antynomique avec l'esprit de la marque, le plaisir désinvolte de se parfum, avec derrière une recherche intellectuelle et hédoniste.
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    Même les nez des marques de niche affirment ne pas avoir reformulé, puis jurent sur la tombe de leur grand-mère.
    Je prends la situation avec détachement et tempérance. On ne peut prendre aucune vérité argent comptant. Je n'ai pas de regard moral sur la situation. Certains mentent, altèrent, reprennent, déforment des propos, ou se trompent.
    En bon stoïcien, je suspends mon jugement.
    Manoumalia est un exemple rigolo. On pourrait croire à une reformulation alors que non. Moi-même, quand j'ai acheté Manoumalia, j'ai fait des aller retour entre mon échantillon et mon flacon. Ce parfum est brutal puis doux, saturé, riche, délicieux et dérangeant. Le nez sature, et en fonction des jours on ne vit pas le même parfum. Le plus ironique, c'est qu'après avoir mieux compris Manoumalia je l'ai beaucoup moins porter. J'aurais du lui laisser son mystère.
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    Et toi aussi, quand tu te dis que tu vas porter un parfum, tu te poses cette question? "Quelque chose d'ancien que j'aime à coup sûr, OU la curiosité de quelque chose de nouveau/la curiosité de retester un parfum qui ne m'avait pas convaincu?"
    Chez moi, la curiosité de retester l'emporte 85% du temps.

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  27. Julien, j'adorais les 15 ml de L'Artisan, et je les regrette. Qu'est-ce qui est mieux, avoir un client qui revient trois fois en hésitant à investir une grosse somme, ou un client qui se dit "tiens, ça me plait, allez, hop, j'embarque" et qui repart avec deux ou trois plus petits flacons? Quitte à revenir en chercher un plus grand s'il est accro? L'Atelier Cologne fait ça très très bien.

    Pour Manoumalia: Sandrine n'est pas juste un nez parmi d'autres pour moi, c'est une amie et quand elle me dit quelque chose, je la crois. Elle n'a pas à jurer.

    Quant aux tests de parfums, ma position est particulière puisque j'y suis astreinte, non seulement pour le blog mais aussi pour mes articles. Je dois me faire des programmes, la plupart du temps autour des nouveautés, et pour une sortie importante je m'astreins à au moins trois jours avec un seul parfum. Je n'ai donc pas beaucoup de temps pour porter mes créations préférées purement par plaisir. Je le fais surtout quand je sors.

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