La note de tête d’Aurore Nomade, la carambole, pourrait énoncer son programme : carambolage du tropical dans le minéral, du brûlant dans l’aqueux. Créé par Bertrand Duchaufour pour la « Collection Excessive » de The Different Company, le parfum semble reprendre en les décalant sur la carte olfactive les idées travaillées dans Mon Numéro 6 chez L’Artisan Parfumeur, création bien antérieure. En l’occurrence : fruits exotiques soufrés (mangue, goyave, fruit de la passion) sur fleurs blanches (tubéreuse et jasmin sambac) dont les indoles ont été boostées jusqu’à rendre l’effet de gouttes de pluie sur le tarmac brûlant, avec un grésillement ozonique.
Aurore Nomade hante les mêmes paysages tropicaux. Fond minéral,
toujours, mais la note ozonique du N°6 bascule vers l’aquatique, dont les
facettes aqueuses boostent les tendances banane vertes de l’ylang-ylang. Rhum,
cannelle et girofle font bouillonner ce cocktail éclaboussé sur l’asphalte
brûlant. Cet hybride culotté du tropical, de l’aquatique et de l’épicé serait-il
la riposte du nez mercenaire à un exercice beaucoup plus scolaire sur le thème
lancé ailleurs en 2010 ? On ne le saura pas.
Illustration :Carmen Miranda dans Banana Split de Busby Berkeley, 1943. En précisant tout de même qu'il n'y a pas l'ombre d'une fraise dans le parfum.
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