Comment le « sexe » des senteurs influe-t-il sur l’identification masculine ou féminine? Sur son blog, le Dr. Avery Gilbert, auteur de What the Nose Knows, interviewait récemment Theresa White, qui a réalisé une étude portant sur l’identification du sexe de visages recadrés de façon à ce qu’on ne voie pas les cheveux, alors que les sujets de l’expérience pouvaient sentir, les uns un parfum masculin, les autres un parfum féminin. Lorsque le « genre » du parfum ne coïncidait pas avec celui du visage, il semble que cela retardait le processus d’identification.
Le rapport sur cette expérience tombait pile au moment où je réfléchissais moi-même sur le sexe des senteurs, en rédigeant un chapitre portant sur ma première expérience d’un parfum masculin, Van Cleef and Arpels pour Homme.
Comme la plupart des amoureux du parfum, je n’hésite pas à piquer des compositions destinées au sexe opposé. Étant une femme, cela m’est sans doute plus facile, puisque les femmes se servent dans le vestiaire masculin depuis les années 20 : les codes du masculin/féminin sont plus aisés à mélanger pour nous, et il m’en faudrait vraiment beaucoup pour dériver jusqu’à une panoplie « drag-king » socialement inacceptable, alors que pour la plupart des hommes, surtout s’ils travaillent ou vivent dans un environnement conservateur, la ligne de la transgression se situe beaucoup plus en amont.
Néanmoins, certaines notes restent toujours un peu trop viriles sur mon propre curseur olfactif pour que je puisse les habiter sans arrière-pensées : j’en ai fait l’expérience récemment avec Al Oudh de L’Artisan, que pourtant j’aime beaucoup mais dont les notes du fond boisées me semblent trop mec, ou avec la Cologne du Parfumeur de Guerlain avec ses facettes aromatiques. Je m’asperge allègrement de Bandit qui semblerait macho à outrance à la plupart des clientes de Sephora, et que même des aficionadas confirmées rechigneraient à porter, mais j’hésiterais face à son descendant direct Aramis ; le Cuir de Russie de Chanel m’enchante, mais le Bel Ami d’Hermès ne me tente guère. Et ainsi de suite.
Et pour vous, qu’en est-il? Quelles sont les notes que vous percevez comme trop masculines pour les porter si vous êtes une femme, trop féminines si vous êtes un homme, en dehors de toute considération de bienséance en société ? Quelles sont vos limites ? Quel est le parfum « travesti » le plus extrême de votre garde-robe ?
Pour vous remercier de vos réponses, je tirerai au sort deux échantillons de 2 ml du tout nouveau Womanity de Thierry Mugler, que vous pourrez ainsi découvrir en avant-première.
Illustration: Affiche de Masculin/ Féminin de Jean-Luc Godard.
Black de Bulgari, Encre Noire de Lalique (pour Lui), L'Eau Noire de Dior, Vetyver de Guerlain, Sycomore de Chanel... autant de parfums que je decrirais comme authentiquement "mixtes", donc pas de travesti en ce qui me concerne, juste une attraction irresistible.
RépondreSupprimerMille fois plus facile pour une femme de porter un cuir qu'une rose poudree pour un homme.
RépondreSupprimerPour une femme c'est
davantage "empowering" que travestisme au sens pejoratif du terme alors que ca l'est pour un homme et que pour lui c'est bcp moins acceptable socialement.
Je suis pas branchee parfums androgynes ou masculins, d'ailleurs chez Lutens, je porte ses parfums juges les plus conventionnellement feminins; Nuit de Cellophane, Fleurs d'Oranger et Tubereuse Criminelle. Cela dit, je meurs d'envie de tester le prochain Boxeuses de Lutens, sans doute un cuir qui ira a merveille a l'heroine de mon avatar, Tura Satana dans Faster Pussycat Kill Kill LOL
Personnellement, je porte Vierges et Toreros de chez Etat Libre d'Orange qui est en lui même une combinaison assez tordue, étant donné qu'il s'agit d'une tubéreuse pour hommes (mais masculinisée avec des épices et du cuir). A petite dose, il se révèle un sublime parfum de peau, mais lorsque j'en mets trop, il fait vraiment trop costaud. Je pense cependant que ma légère réticence provient du fait que les ingrédients utilisés ont énormément de personnalité, et que c'est plus l'intensité du sillage qui peut parfois ma gêner, plus que son côté masculin.
RépondreSupprimerAprès, je pense que l'intensité du sillage peut jour parfois beaucoup plus que la composition en ce qui concerne le genre.
pour moi qui suis un homme, c'est sans doute à l'occasion l'ombre dans l'eau, qui est très rose mais pas poudrée pour un sou, qui serait mon parfum le plus travesti, car il est tout à fait mixte, voire sans doute souvent plus porté par des femmes.
RépondreSupprimerSinon, cologne gentiane blanche de Hermès, mais cela me paraît aussi bien masculin que féminin.
MAndragore de Goutal, tout à fait mixte aussi.
Tous ceux-ci sont ceux que je porte pour alterner, ou en vacances, ou quand il fait chaud, à vrai dire, car ceux que je porte au quotidien sont plus "mec": vétiver de Goutal, et surtout M7 de Saint-Laurent, portable par une femme (l'ambre ressortant), mais je trouve le bois de oud vraiment très masculin.. D'ailleurs je partage cette même impression pour Al Oudh.
Mais je r^ve secrètement de porter Aromatic Elixir (je n'ose pas, alors j'attend une occasion ou un voyage pour découvrir Aramis qui est censé lui ressembler- Personne ne sait si on peut en trouver en France..?)
Voilà!!
Les seuls "féminins" que je réussis à porter sont Fleur de Narcisse, Aedes, Bois Farine chez l'Artisan et Pathouli de Reminiscence.Parfois, La Chasse aux papillons qui par ses notes de thé vert au jasmin me plaisent bien. C'est exceptionnel. Pourtant, j'aimerai franchir le pas sur les tubéreuses, comme celles de l'Artisan, sur Carnal Flower ou sur des parfums comme Musc Ravageur ou Dans tes bras, mais je n'y arrive pas. Pourtant, les quelques rares tentatives n'ont pas laisser l'impression d'être moins mec.
RépondreSupprimerPour me consoler, il y a beaucoup de beaux masculins aussi, mais il faut souvent rester dans les bois et les épices.
Je me vois pas trop porter un vétiver, encore que, j'ai testé Turtle Vetiver et j'ai adoré, alors pas vraiment de règle. Sinon, Méchant Loup trouvait étrange que j'aime Musc ravageur sur mon chéri, j'ai aussi adoré Havana Vanille de l'AP sur lui. J'ai une question HS, j'ai choisi Songes pour cet été, par contre je ne le connais qu'en edt, avant de le commander j'aimerais demander ce que tu me conseilles, comme version, Denyse stp?
RépondreSupprimerLaurinha, ce n'est pas moi qui vais vous contredire, car je porte deux d'entre eux (Black et Sycomore) et j'aime beaucoup les autres...
RépondreSupprimerUella, j'adore Tura Satana! Tu as raison, il est plus facile à une femme de "transgresser" en parfums comme en tenues vestimentaires. Cela étant, je suis sûre que de nombreux parfums "féminins" ne seraient pas lus comme tels portés par un homme.
RépondreSupprimerAnne, je n'ai pas vraiment testé Vierges et toreros, ce qui est une vraie faute de ma part car j'adore la tubéreuse et le cuir (et les toreros). Quant à l'intensité du sillage, j'ai souvent remarqué que les jeunes gens s'en rendaient plus coupables que les jeunes filles. Oh, ces sillages d'Axe à six mètres!
RépondreSupprimerEh-andy, il y a bien des parfums que je dirais androgynes ou hermaphrodites, ou angéliques (c'est-à-dire sans sexe). L'Eau de Gentiane Blanche, par exemple, en ferait partie.
RépondreSupprimerMais il faut oser Aromatics Elixir sans attendre Aramis! Et si vous avez des amis qui vont aux USA, faites-vous rapporter le premier Azurée. Tous, comme Cabochard, sont de Bernard Chant qui excellait dans le registre du chypre aromatique.
Méchant Loup, le Narcisse de L'Artisan sent le havane à plein nez, donc il ne risque pas de faire girly... Les autres ne font pas franchement minette non plus. Quant à Musc Ravageur, il faut essayer: moi je lui trouve un petit côté un peu fougère limite poil sur le poitrail. Et Dans tes Bras est tellement étrange qu'il me semble déborder tous les codes -- cette note terreuse n'a pas de sexe. Allez, on y va!
RépondreSupprimerClochette, tous ces parfums me semblent parfaits sur peau masculine ou féminine, car ils évitent les stéréotypes.
RépondreSupprimerPour Songes, les deux versions sont sensiblement différentes. L'edp est plus opulente. Pour le plein été je préfère l'eau de toilette.
J'ai eu une courte période de parfums masculins dans les années 80, puisés parmi les plus féminins du genre comme Habit Rouge ou Tabac Blond. Aujourd'hui et même depuis le lancement des Lutens, les parfums de niche ne sont plus ouvertement sexués. Néanmoins certains m'apparaissent comme davantage féminins ou davantage masculins. Ainsi, chez Kilian, il y en a deux que trouve particulièrement virils et que je ne pourrais porter comme Straight to Heaven ou Taste of Heaven. je trouve que la lavande est une note masculine type. Chez Tauer, à l'inverse, les deux seuls vrais féminins seraient Maroc pour elle et Rose chyprée. Mais néanmoins j'aime parfois porter l'hiver L'air du désert marocain, ce serait donc lui mon parfum le plus viril!!! Je l'avoue, je l'adore mais je me reconnais moins dedans que dans l'Heure Bleue ou Youth-Dew...
RépondreSupprimerD'abord écarter tous les Lutens qui tue le débat. Est-ce parce qu'ils sont parfaits qu'ils sont androgynes, tels des anges ?
RépondreSupprimerJe pense à Encre Noire de Lalique en tout-premier...puis m'effleure un Bel Ami de passage. Ensuite une envie de Rose d'Homme(à mon sens, le plus beau "Parfums de Rosine")...bon je tourne, tergiverse et voilà j'avoue tout: Pour un Homme de Caron, c'est ma faiblesse la plus forte!
alizarine
Additif-rectificatif. Après réflexion et surtout coup d'oeil sur mes étagères à parfums, je me trouve aussi porter un délicieux-délictueux Royal English Leather de Creed, un masculin s'il en est !
RépondreSupprimerQue dire aussi de mon craquage pour ce Divin'Enfant qui se la joue, mêlant la juvénile et féminine fleur d'oranger aux relents de tabac froid, de café et de cuir ?
alizarine
Pour les amateurs de parfum, il est difficilement imaginable de se priver de la moitié du ciel en ignorant les fragrances vendues pour l'autre sexe. Ne serait-ce que par curiosité. La complexité et la beauté d'un grand parfum, comme par exemple le Parfum de Thérèse dont nous parlions l'autre jour, ne s'apprécie que très imparfaitement sur une mouillette. Il faut le porter, et plus d'une fois, pour en explorer les multiples facettes, pour en méditer la profondeur, pour se laisser surprendre par une note qu'on n'avait pas d'abord remarquée et qui tout à coup fuse sans prévenir au moment où on s'y attend le moins. D'expérience, il n'est en général ni difficile ni embarrassant pour un homme de porter un parfum vendu comme féminin. D'une part, la plupart des gens semblent rarement remarquer les parfums. D’autre part, sans l’aide du flacon et du nom, un parfum sera le plus souvent classé comme masculin s’il est porté par un homme, et féminin dans le cas contraire. Il est assez amusant de présenter une touche imbibée de Dior Homme ou d’Habit Rouge à différentes personnes et de leur demander s’il s’agit d’un masculin ou d’un féminin.
RépondreSupprimerPour ma part, parmi les notes classées comme féminines, il n’y a guère que la tubéreuse dont je reste à l’écart, mais est-ce un problème de genre ? Après tout, je ne raffole pas non plus de la lavande, note masculine par excellence.
Une dernière remarque, jouer avec les codes du genre est une des façons de s’amuser avec le parfum. Avec un look un peu macho, un floral frais en contrepoint est plus intéressant qu'une trop conventionnelle fougère.
Les féminins que je recommanderais pour les hommes: Féminité du Bois, Mitsouko, Femme (vintage), Cabochard (vintage)...
Je n'aime ni les fougères ou les hespéridés, la bergamote les sports, frais, intense.. globalement les masculins sont quand même très stéréotypés et souvent ennuyeux. Mon parfum le plus masculin, c'est sans doute Encre noir ou B; Black c'est dire!
RépondreSupprimerMais il y des notes qui m'attirent et pour l'instant je n'ai pas franchi le pas, comme la tubéreuse, ce sera chose faite bientôt avec celle de l'artisan je pense. Sinon évidemment je vais préférer une violette plutôt verte que poudrée, une vanille plus rhum que gâteau et les girly, gourmands, les floraux aldéhydés et les bouquets de fleurs blanches, ne sont pas prêt de remplir mes placards.
A part ça je crois que j'ose de plus en plus transgresser les codes sociaux policés occidentaux, ne voyant pas l'intérêt de surligner "je suis un mâle" en me parfumant, (aucun doute là-dessus). Quand c'est assumé, pas trop envahissant pour l'entourage, un parfum typiquement féminin passe très bien. Parfois aussi une peau d'homme fait ressortir différemment les notes.
J'aime bien porter de temps à autre Manoumalia par exemple ou ce printemps Le temps d'une fête pour le narcisse.
Une rose pour hommes ?
RépondreSupprimerJe pense à Une Rose aux éditions de parfum Frédéric Malle. Certes, il s'agit d'un parfum extrêmement opulent et qui, à mes yeux, est la rose la plus intense qu'on puisse jamais sentir. Mais il ne sent pas la femme, il sent la rose, animalisée, en fait. Donc encore une odeur qui n'a pas de sexe.
Bien sûr, je reconnais qu'il faut oser.
Rebecca, mais Tabac Blond est un féminin si je ne m'abuse? Et Habit rouge, ma foi, c'est Shalimar en pantalon... D'accord pour les Kilian, surtout je crois Taste of Heaven qui me semble-t-il contient ce matériau "bois qui pique" dont la parfumerie masculine abuse...et auquel je suis hyperosmique.
RépondreSupprimerAlizarine, les Lutens sont-ils sans sexe, androgynes ou hermaphrodites? Un peu de tout je crois.
RépondreSupprimerSur moi, Rose d'Homme (que je trouve beau) est tout homme, pas du tout rose, hélas.
Alizarine de nouveau: ah voilà, l'English Leather de Creed marquerait aussi une limite pour moi. Comme quoi, moi qui croyais être cuir à tout va...
RépondreSupprimerHenri, difficile d'ajouter à cette réflexion très complète. Je m'amuse de constater une fois de plus que la lavande et la tubéreuse semblent marquer les extrêmes du masculin/féminin. Et je suis d'accord: peu de fragrances seront immédiatement classées comme féminines en dehors du nom et du flacon qui oriente leur identification. L'inverse n'est pas forcément vrai: une fougère me semble-t-il sera "lue" comme masculine assez systématiquement, ainsi que certains boisés, ne serait-ce qu'à force d'en avoir senti sur des hommes.
RépondreSupprimerBon, comme quoi j'ai fini par répondre longuement!
Anatole, Black et Encre Noire semble faire l'unanimité côté fragrances partagées... Ravie que vous confirmiez mon impression sur Nuit de Tubéreuse qui me semble tout à fait portable par un homme car elle s'arrache aux stéréotypes de cette note généralement perçue comme féminine à outrance.
RépondreSupprimerJe note aussi ce que vous dites de l'effet "surimposition" des codes (les parfums qui disent "je suis un mâle"). Le décalage est toujours plus intéressant. C'est un peu ce que je fais lorsque je porte une robe vintage: jamais avec un parfum de la même époque. Sinon, ça fait costume.
Anne, je dirais plutôt qu'Une Rose a les deux (sexes). Donc que c'est un hermaphrodite...
RépondreSupprimerAnatole, si vous essayez la tubéreuse de l'artisan, faites moi un retour, ça m'intéresse. Je ne la trouve pas si féminine que ça et sur moi elle est vraiment boisée, crémeuse et lactée, pas fleur blanche criarde. A bientôt, merci.
RépondreSupprimerEst-ce que tu recherches en général ou plutôt chez les perfumistas?
RépondreSupprimerMoi, je dois dire que je tape très peu du côté des masculins grande distribution parce que je tends à les trouver souvent très répétitifs et ennuyeux (du coup je m'y suis peu intéressée, j'avoue).... ces fameuses molécules crissantes citronnées-métalliques, je ne me vois absolument pas les porter (ça sent "le parfum pour homme" et c'est tout, à mon nez). Pareil pour tous les jus estampillés "sport".
Les fougères, j'aurais probablement du mal aussi, par association culturelle, alors qu'intrinsèquement, leur senteur elle-même est plutôt douce, pas vraiment butch. Dans le genre, même Ma Liberté de Patou est limite... Mais pour la lavande en elle-même, pas de problème, je porte L'Eau Noire et Moment Suprême; du coup je pense que même Pour un Homme ne me poserait pas vraiment de problème.
Pour le reste, les niches ont fait sauter le verrou "masculin" sur les boisés sombres-encens, donc ça n'est plus vraiment "taper de l'autre côté".
Mais comme tu l'as dit, le permissible est beaucoup plus large pour les femmes. J'ai entendu plus d'une fois des non-perfumistas adopter un masculin pour signature scent, mais jamais l'inverse. Et c'est, je crois, assez nettement culturel, indépendamment de la senteur et des matières elles-mêmes - quand tu penses à des fleuris comme Dior Homme et sa version Extrême, ou encore les Fleurs du Mâle, ils ne sont "masculins" que par leur nom. Et je crois que ceux qui les portent ne s'y seraient probablement jamais risqués si le même jus avait été vendu comme "Dior Femme".
Je pense que le parallèle avec la mode est effectivement pertinent ici, une femme pourra se permettre le smoking, un homme ne pourra jamais emprunter un fourreau...
Six, en fait, ma question est tous azimuths, car même l'amateur de parfums le plus ouvert peut avoir des limites, même sur les créations les plus hors-normes. Pour moi ce sont des associations culturelles, en effet, mais j'étais curieuse de savoir où se situait le curseur chez différentes personnes.
RépondreSupprimerIl me semble que les parfums se sont distingués en masculins/féminins à partir du moment où la parfumerie s'est industrialisée, mais le choix des notes proposées aux hommes (propre/boisé/aromatique/hespéridé/cuiré/tabacé) correspond à celles qui sont soit liées à l'hygiène, soit à des activités viriles.
Mes senteurs "trop masculins" sont plutot les fougeres et les parfums a la lavande (genre Gris Clair de Serge Lutens). Mais je porte souvent des parfums d'homme au vetiver, au tabac, aux epices et aux bois. J'aime particulierement Timbuktu, Fou d'Absinthe, Profumum Fumidus, Divine l'Homme de Coeur, Terre d'Hermes, Dans Tes Bras, Encre Noir de Lalique, et Profumum Thundra.
RépondreSupprimerPareil, je fuis un peu la lavande de manière générale. Finalement, je me rends compte que je n'en porte que deux : Black et, plus récemment, Cozumel de Laborattorio Olfattivo dont je n'ai su qu'après l'avoir testé qu'il était destiné à la gent masculine.
RépondreSupprimerAh oui, j'ai aussi porté Fahrenheit et Kenzo pour homme, comme des milliers d'adolescentes au début des années '90. :-D
Tara, décidément la lavande est rangée dans le camp des mecs! Pourtant j'ai porté le Kiki de Vero Kern hier sans avoir l'impression que les poils me poussaient entre les seins...
RépondreSupprimerAli, je connais une jeune femme dans la trentaine qui porte Fahrenheit depuis sa sortie. Elle m'a consultée parce que son fiancé était gêné par le fait qu'il s'agisse d'une fragrance masculine. Elle a tenté de changer... et est revenue à Fahrenheit.
RépondreSupprimerD'après le livre sur Caron de J.M. Martin-Hattemberg, il cite Ernest Daltroff disant avoir créé Tabac Blond pour hommes et qu'à l'inverse de Jicky (créé pour femmes, plébiscité par les hommes), ce sont les femmes qui le plébiscitèrent et firent son succès dans leur désir d'émancipation et sans doute parce qu'il accompagnait si bien la mode garçonne.
RépondreSupprimerEn fait, ce curseur, varie beaucoup avec le temps, et notre rapport avec l'altérité s'est beaucoup modifié car certains lancements ont fait bouger les frontières et nos représentations qui en découlent.
RépondreSupprimerSentir aujourd'hui Bandit laisse perplexe...
Aussi, ce sont les clichés construits autour du parfum masculin depuis quelques décennies qui m'ont poussé à m'aventurer sur d'autres territoires. Même si la démarche des femmes adoptant un parfum masculin semble plus aisée, elle me paraît aussi moins féconde car les réussites sont assez rares.
Et pourtant 2 notes qui semblent d'après les commentaires précédents être considérées comme masculines ont ma faveur : la lavande (j'ai porté Pour un homme tous les jours pendant des années) et le vétiver dont je possède et porte plusieurs interprétations très régulièrement.
Finalement, je ne sais pas si certaines notes me semble difficiles à porter parce qu'elles sont très féminines ou parce que finalement elles ne me plaisent guère ? (les tubéreuses par exemple)
Dans certains cas, je ruse par , ô sacrilège, la superposition : Eau d'Hermès avec une pointe d'Aromatics Elixir ou un peu de Femme (non vintage bien sûr).
Je viens de recevoir Eau de Private Collection d'EStée Lauder vais-je réussir à le porter ?
Ah, Thierry, tout de même! Je t'attendais!
RépondreSupprimerEt pourquoi un homme ne porterait-il pas des notes jugées très masculines sans tomber dans le stéréotype? Bien que Pour un Homme, en dépit de son nom, semble être très souvent une fragrance partagée.
Private Collection a un coeur floral mais son attaque de galbanum et son fond boisé me semblent absolument jouables au masculin.
Quant à l'Eau d'Hermès, elle est "contenue" dans Femme, c'est donc tout à fait cohérent.
Carmencanada, je rebondis sur ton post à propos de Kiki et du torse velu LOL. Kiki est l'exception qui confirme la règle et jusqu'ici, c'est bien la seule lavande que je sais porter et mon préféré des Vero Kern. Je ne sais pas pourquoi elle me rappelle un peu Angel, le côté un peu métallique? Je ne sais pas mais en tout cas je l'adore. Et puis c'était le petit nom qu'on me donnait étant enfant.
RépondreSupprimerPour Fahrenheit, c'est comique cette anecdote! Ca lui rappelait peut-être un pote? :-D Je trouve Fahrenheit vraiment à la limite, pour moi peut-être le plus féminin des masculins.
Rebecca, tu me la bailles belle... alors ce qu'on raconte sur Tabac Blond, premier parfum créé en l'honneur des garçonnes, serait faux? Mince.
RépondreSupprimerAli, si j'ai connu Vero, c'était parce que je lui ai demandé un échantillon de Kiki: ma petite chatte de l'époque s'appelait aussi Kiki, en l'honneur de Kiki de Montparnasse...
RépondreSupprimerVous avez raison pour Angel, il y a une certaine parenté avec les notes fruits rouges et l'éthyl maltol (la note barbe-à-papa). Je crois d'ailleurs que, d'après ce qu'elle m'a dit, Luca Turin lui en a aussi fait la remarque.
Comme l'a très justement dit Sixtine plus haut, les masculins sont toujours plus stéréotypés en mainstream alors que la "niche" a eu tendance à aplanir les différences et les clichés.
RépondreSupprimerPour moi l'archetype du mec que je ne pourrais pas porter c'est tout ce qui est de la famille des Acqua Di Gio, Hugo , Allure Sport, etc... Certains classiques comme Aramis, Brut ou Old Spice me gêneraient beaucoup moins. Plus récemment, un Gucci II, kenzo power ou Allure Edition Blanche ouvrent la voie à une masculinité moins cliché.
Enfin, comme Denyse, j'ai trouvé que Al Oudh avait ce fond "mec viril en cuir " qui m'a un peu refroidi alors que j'adore le départ . Et pareil pour la Cologne de T Wasser, un peu trop de boisé Tshirt propre en fond..
Re: la lavande, après réflexion: je n'ai fini par assimiler qu'assez récemment que la lavande était censée être une note masculine. Mais avant de le savoir, je portais allègrement des lavandes sans me poser de question!
RépondreSupprimerComme le montre l'histoire du Tabac Blond dévoilée dans les commentaires (et je l'apprends aussi, je croyais que c'était bien une Eau de Garçonne!), plus j'y pense, plus je crois que nous considérons souvent l'un ou l'autre jus comme masculin ou féminin parce qu'on nous le présente comme tel, sans plus.
J'avais un moment envisagé comme explication du clivage un principe "senteur forte, tranchante = masculin", "senteur douce = féminin", mais ça ne tient pas vraiment la route, puisque les fougères sont plutôt douces, et des grands floraux comme les tubéreuses peuvent être positivement toxiques. Mais il reste quand même un certain déterminisme qui fait plutôt associer les senteurs sombres au genre masculin, je crois.
A prendre aussi en compte, une évolution dans le temps, avec le virage tout-au-girly des féminins récemment (LT en parle dans le Guide, que les grands classiques féminins d'antan paraissent positivement virils par rapport aux féminins rose bonbon vendus aujourd'hui).
Pour cibler plus précisément ta question, les notes qu'on identifie comme importables pour son genre: je crois qu'au bout du compte, pour moi c'est cet accord "masculin" que j'aurais bien peine à définir mieux parce que je le fuis comme la peste, un accord très sombre, brun-noir, probablement boisé et métallique, ajouté comme un shot incontournable dans tant de masculins mainstream. Ca et sa version light, le métallique-hespéridé-"sport" dont je parlais plus haut (et sa simple présence va me détourner d'un jus, comme l'Ambre Nuit de Dior, annoncé comme mixte mais qui fait "mec", pour moi).
Jeanne, nos perceptions se rejoignent donc sur Al Oudh et la Cologne du Parfumeur.
RépondreSupprimerJe pense que la "marketisation" de la parfumerie à partir des années 80 a fortement contribué à la mise en place des clichés, ce qui fait que la génération actuelle de consommateurs, dont le goût s'est formé durant cette époque, est plus fortement influencé par les stéréotypes, d'où cercle vicieux: ce qui passe bien en tests est stéréotypé, et les parfumeurs créent des parfums qui testeront bien dans les limites de ces codes. On n'est pas près de voir les fougères se faner!
Sixtine, tout à fait d'accord sur Ambre Nuit: certains matériaux boisés-ambrés, à l'instar de ce dihydro-myrcénol que j'abhorre, sont tellement présents dans les masculins mainstream (Axe, au secours!) qu'on est conditionnés à les percevoir comme masculins.
RépondreSupprimerMes perceptions rejoignent celles de Luca: j'en parle dans ma réponse à Jeanne ci-dessus.
Le tirage au sort des échantillons du Womanity de Thierry Mugler est désormais terminé.
RépondreSupprimerDenyse,
RépondreSupprimerMême s'il ne m'était pas adressé je note le conseil pour Azurée...
Aliage, que je ne connais pas non plus, est-il dans la même veine ?
Thierry, pas du tout: Alliage est beaucoup plus vert, tandis qu'Azurée est dans les codes aromatiques de Cabochard.
RépondreSupprimerPour ma part, il y a un certain nombre de parfums dans ma "garde-robe" qui sont vendus au rayon féminins: Jicky (bon c'est vrai que celui-là on a eu un doute à sa naissance...), N°19, Bal à Versailles, Habanita, Chèvrefeuille Goutal, Pois de senteur, Narcisse blanc, Vol de nuit en extrait... Et des parfums de niche en principe mixtes, mais plutôt caractérisés comme féminins: Tubéreuse criminelle, Sarrasins, Jasmin full, Une Rose (même s'il peut y avoir débat sur celui-ci aussi), 31 rue Cambon, Bois des îles...
RépondreSupprimerGlobalement, je rejoins certains des propos qui ont déjà été tenus: certes, la trangression est plus difficile à assumer pour les hommes, mais elle est infiniment plus facile en matière de parfums qu'en matière vestimentaire! Un homme qui voudrait porter une jupe, ou sans aller jusque-là, des leggings bleu ciel ou rose bonbon, ben on peut pas le rater... alors que quand on porte un parfum féminin, les trois quarts des gens n'y voient que du feu. Là-dessus je rejoins complètement henri123.
Sinon, je lis souvent, sur des forums par exemple, de la part de femmes qui portent des parfums masculins, ou l'inverse, que ça passe bien parce que leur peau "féminiserait" ou "masculiniserait" les fragrances. Là par contre, je n'y crois pas du tout. D'abord, je trouve ça finalement rétrograde, puisque ça revient à établir un lien naturel ou biologique entre épiderme masculin ou féminin et molécules odorantes (du genre, les notes cuir vont ressortir davantage sur les hommes, les fleurs davantage sur les femmes), et donc à poser un déterminisme encore plus fort que l'association culturelle ou institutionnalisée entre les genres et les odeurs.
De plus ça me semble relever d'une tactique d'auto-suggestion pyschologique, que M. Coué n'aurait pas reniée: "Oui je porte un parfum de femmes, mais ma peau est tellement irriguée de testostérone que ce parfum que je partage avec ma petite sœur de 14 ans, devient ultra viril sur moi!". Là encore, je n'y crois pas du tout; il y a bien entendu des variations selon les peaux, mais je ne vois pas pourquoi elles devraient obéir à la distinction homme/femme. Je pense que ce genre de raisonnements est surtout destiné inconsciemment à se déculpabiliser de franchir les frontières.
Cela dit, j'ai tout de même des limites, et il y a des parfums qui me plaisent mais que j'ai quand même du mal à assumer: Jardins de Bagatelle, ou Teint de neige par exemple, mais surtout pour leur sillage particulièrement puissant. J'aurais du mal aussi à porter des parfums vraiment poudrés cosmétique, ou à la violette, mais là c'est dû aussi au fait que ces parfums ne m'attirent pas plus que ça en général.
Friedrich, je pense comme vous qu'il doit rentrer une part d'autosuggestion dans les variations sur peau qui "féminiseraient" ou "viriliseraient" les parfums en en corrigeant les inflexions "contraires". Il n'est pas entièrement impossible, cependant, que certains traits plus courants chez les peaux masculines ou féminines aient tendance à influencer le développement. Il me semble avoir lu quelque part que selon Chris Sheldrake, les hommes avaient la peau plus "ambre", les femmes plus "musc" -- ou l'inverse, je ne sais plus!
RépondreSupprimerMais je suis d'accord, ces variations sur peau sont peu susceptibles d'être aussi clairement réparties selon les sexes, d'autant que de très nombreux autres facteurs (régime, type de peau, produits de soin) entrent en jeu.
Quant aux féminins que vous trouvez too much à porter... J'ai la même réaction que vous! Ils sont too much, tout simplement.
J'arrive après la bataille!
RépondreSupprimer(j'avais écrit un message, mais ça a bugué, et j'ai eu la flemme de réécrire).
Je porte quasi uniquement des féminins, car il y a trop de clones dans les rayons masculins des sephoriaunaud, et quand bien même les lavandes et le vétiver ne sont pas ma tasse de thé. (bien que Sycomore pourrait me convertir)(la lavande je l'adore en vrai, mais elle m'énerve en parfumerie, sauf chez Nicolaï)
Je porte donc des féminins : Gold d'Amouage en extrait, Joy EDT sur tissus, parfois Chamade en extrait. (non, je ne suis pas pété de thune, c'est juste que lorsque je renchérit sur ebay, je préfère la qualité à la quantité)
Et comme l'a dit je ne sais plus qui, ça passe très facilement. Les gens s'y connaissent peu en parfum, et du moment que c'est sur un garçon les gens se disent que c'est masculin. Et puis mes parfums sont des "beaux" parfums bien choisis, et je pense que j'offre quelque chose d'intéressant à sentir. Le problème du "sexe" des parfum doit se posé quand on porte un parfum envahissant des année 80 comme poison, ou giorgio, ou loulou, ou un truc très sucré et cheap actuel pour lolita (et pourtant... opium, lui ça passe!).
Donc : oui ça passe. Peut-être parce que la "rose" naturel ne sent pas vraiment la rose, mais une sorte de vraiment granuleuse, que par exemple dans joy elle est accolé à du civet, et que sur un homme (et sur le tissus) celà donne un angle de vue "fauve"; par exemple dans Gold extrait, la note d'encens blanc est si massive (certe transparente et "upliffting", tout en produisant de l'effet, comme un coup de poing sur la table) qu'il fait un bon masculin, certes chargés. Joy, Gold, Chamade, sont des parfums très "lissés" (ou "soudés" ou "abstrait", vis-à-vis des ingrédients qui les composent).
Carnal flower, me rapelle Chamade dans ses notes de fond : c'est féminin, mais c'est d'abord très beau. Carnal flower, je l'aime en dépit de son opacité/opalescence trouble, pour son effet "coup de massue derrière la tête" : parlez à quelqu'un, l'interlocuteur sent le parfum sent le comprendre, et par un effet de retardement vous saisissez dans son regard -un moment de vide- qu'il vient d'en prendre conscience. Je me sens "comme nu" à ces moments, comme le coeur mis à nue, avec carnal flower. D'autre interlocutrice se mettent à dodeliner de la tête, comme si elles appréciaient la fragrance, comme si elles planaient sans réaliser que c'est une odeur qui leur traverse l'esprit.
Une expérience plus étrange encore, fut la fois où je portais Shalimar dans le bus en hivers, la fragrance s'est mise à se diffuser avec la chaleur, et j'ai vu un gars devant moi me dévisager d'un regard contrarié (plaisir & contrition), style "mais pourquoi tu m'fais ça!". Egaré, Shalimar devait remuer un vécu dans sa tête, qui ne correspondait pas avec ce qu'il voyait au présent. Et puis il faut avouer que les beaux parfums ont quelque chose d"otherwordly" : les rencontrer dans la rue quand on ne s'y attend pas a quelque chose d'une rencontre du 3ème type. L'encens de Shalimar et sa chaleur d'iris tranchait bizarrement avec ce jour de neige.
Il existe aussi pour moi des parfums que je dit "incorruptiblement féminin", des parfums raffinés dont la personnalité ne semblent pouvoir collé qu'à la personnalité d'une femme : "Rousse" de Lutens (son travail sur la cannelle) (la signature chaude et boisé de féminité du bois qu'on retrouve souvent chez Lutens me fait souvent cet effet là), la tubéreuse de l'AP, et d'autres dont je ne me rappelle plus.
Je pense que c'est une question de "raffinement". L'équilibre harmonieux de l'extrait de l'heure bleue, et les notes naturels (jasmin, iris, tonka, etc.), pourrait me permette de le porter en "plaisir rien que pour moi", tandis que l'EDP avec son sillage monstrueux : non.
RépondreSupprimerPour conclure aussi :
Je suis homosexuel, et je pense être un témoin plus privilégié de l'autocensure des autres hommes sur le parfums (et en général) : la peur de paraitre efféminé ou homosexuel. Il reste des échos de cette peur dans notre inconscient collectif, avec pour corolaire la peur du blâme social. Pourtant nous vivons dans une époque où nous savons bien qu'être homosexuel n'a rien à voir avec des signes extérieurs : gestes maniérés, style vestimentaire, boucle d'oreille, ni ne se lit sur le visage, ou par votre carrure. Je connais bien des hétérosexuels qui ont l'un ou l'autre de ces signes extérieurs. Ëtre gay c'est simplement tomber amoureux d'autres hommes.
Si les homosexuels osent plus dans le style vestimentaire (et etc.) et se démarquent, je pense plutôt que c'est parce qu'ils sont conscients de l'idiotie de ce préjugé ancien (tel symbole visible = homo), et qu'ils font simplement ce qui leur plait. Une démarche commune d'acceptation de nous même nous a appris qu'il faut faire ce qui nous fait plaisir, comme une sorte de vérité contre l'intimidation du "que vont penser les gens" qui pousse à l'auto-censure.
Une sorte de "comporte-toi comme te le dit ton coeur". Et je me dis que beaucoup d'homme se privent de choses qui pourtant leur feraient plaisir, comme d'un beau guerlain estampillé "féminin".