Dans un entretien accordé à Osmoz, qui publie actuellement une série fort intéressante sur les métiers du parfum, Ann Gottlieb, consultante en développement olfactif qui a collaboré à l'élaboration de classiques d’Estée Lauder comme le premier Private Collection et Alliage (là, on lui dit merci), ainsi qu’à des best-sellers comme CK one, Obsession de Calvin Klein, 212 de Carolina Herrera et Daisy et Lola de Marc Jacobs, déclare:
« Ma matière première préférée est probablement la vanille. J’adore aussi les notes fruitées. Je pense que j’y étais pour beaucoup dans la mode des notes fruitées des années 90. Une des raisons de ceci fut une société qui s’appelle Bath & Body Works : j’ai eu la chance d’être le premier ‘nez’ pour cette marque. (…) Comme les enseignes B.B.W. sont partout aux Etats-Unis, les gens sentaient tout le temps des odeurs de fruits, comme la fraise, des choses que, jusqu’alors, les femmes trouvaient presque écœurantes. Ces notes fruitées se sont ensuite retrouvées dans le domaine public de façon beaucoup plus prononcée, et les gens ont commencé à adorer ces senteurs. (…) La prépondérance des fruits dans ces gammes a ensuite eu une forte influence sur les grands parfums. C’était vraiment un superbe exemple d’inspiration ‘du bas vers le haut’ ! »
Voilà. Maintenant, ceux d’entre nous qui trouvent encore écœurantes les notes fruitées synthétiques savent qui accuser de l’agression olfactive qu’elles nous font subir. Sans oublier les émanations toxiques de groupes de mâles adolescents, puisque Mme Gottlieb est aussi conceptrice des sprays Axe…
On ne peut que respecter ces succès en série, remarquable, tout en déplorant que cette tendance gel douche/boisés nucléaires nous ait été infligée. Le style d’Ann Gottlieb représente la quintessence de l’école post-Estée Lauder de la parfumerie américaine : propre, insistante, adolescente et simpliste. Pas étonnant que les notes qui insupportent Mme Gottlieb se rangent du côté « sale » du spectre olfactif : miel, cassis, pamplemousse et… pêche, dont elle dit qu’elle lui rappelle « les odeurs corporelles ». Curieusement cependant, l’un des parfums que Mme Gottlieb dit aimer porter lorsqu’elle ne teste pas ses propres créations est Chamade de Guerlain, premier à utiliser… le cassis bourgeon.
Ann Gottlieb, on vous dit bravo. Mais pas forcément merci.
Correction insérée le 17 mai 2010: Le site Osmoz a modifié le titre de l'entretien d'Ann Gottlieb, auparavant désignée comme parfumeuse. Elle est, en fait, consultante en développement olfactif.
Illustration: Verushka von Lensdorff, Fruit Basket
Bonjour Cher Denise
RépondreSupprimerAmusant… miel, cassis et pamplemousse me semblent des aromes propres et des cálidos. Vanille est certainement un arome indispendable, mais les notes rassasiées de fraise sont irritantes. Presque de telle façon combien les aquatiques. Malgré de ceci existent des parfums magnifiques à l'intérieur de ces groupes olfativos. Tout dépend du talent.Bises Elisabeth
Elisabeth, bien évidemment qu'il y a de jolis fruités... mais il y en a trop qui sentent le gel douche! Et trop tout court... comme les aquatiques, en effet.
RépondreSupprimerAh ben voilà, c'était donc ça !
RépondreSupprimerUne consultante influente, et toute une industrie se retrouve noyée dans le sucre... Ce qui est drôle, c' est que son nom est souvent rencontré dans la catégorie "parfumeur", aux côté des "vrais", comme si elle avait tant de pouvoir qu'elle arrivait elle-même à transformer les formules directement !
L'anti-Serge Lutens, en quelque sorte...
Je trouve ça hallucinant qu'une seule personne ait autant d'influence (mauvaise en l'occurence) sur un marché international.
Je vais aller lire ça de plus près...
Jeanne, en effet, Mme Gottlieb est désignée comme parfumeur par Osmoz, c'est donc le terme que j'ai repris. Il est vrai que même sans formuler, elle a pu entièrement décider de la direction des produits dont on lui avait confié le développement. Et que s'ils ont rencontré un tel succès, c'est que le public en redemandait... Et zou les cocktails de fruits et de bois synthétiques.
RépondreSupprimerquand je rencontre ce nom, gotlieb, là en l'occurrence avec 2 T, je ne peux m'empêcher de penser au dessinateur de BD humoristique tournant en dérision des personnages mythiques, historiques ou de la vie quotidienne par des scénarios absurdes et des mises en scènes burlesques.
RépondreSupprimeret quels dessins! j'ai lu ça toute mon adolescence.
alors, finalement, que ce soit une dame Gottlieb qui ait plus ou moins décidé du sort de nos nez en orientant une certaine mode des odeurs vers le fruité-propre et toujours jeune, je trouve ça très drôle...
finalement, le tout est de prendre cela avec humour.. même si le fond de l'histoire a un côté dramatique
Ton illustration m'a immédiatement fait penser à Carmen Miranda (en plus stylée bien sûr) et donc a éveillé ma sympathie...
RépondreSupprimerBon finalement : du goudron et des plumes !
Fleurdesel, hélas, j'aimerais bien que ce soit aussi tordant que les Dingodossiers!
RépondreSupprimerThierry, j'ai d'ailleurs cherché une Carmen Miranda! Mais j'avais cette image de Verushka, alors...
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