J’ai descendu dans mon jardin (bis)
Pour y cueillir du romarin.
Gentil coq’licot, Mesdames.
Gentil coq’licot nouveau.
Pour y cueillir du romarin.
Gentil coq’licot, Mesdames.
Gentil coq’licot nouveau.
L’Heure Vertueuse pourrait avoir été inspirée par une comptine – une comptine
où les rossignols parlent d’ailleurs le latin, ce qui permet d’enchaîner sur l’origine
du mot vertu, identique à celle de virilité : bravoure, courage,
vaillance. Toutes qualités dont Mathilde
Laurent fait preuve en abondance. Ceux qui l’ont rencontrée ne douteront pas de
sa féminité ; ceux qui ont senti ses parfums savent qu’elle est aussi
terriblement culottée.
Et il aura fallu
une bonne dose de culot au parfumeur-maison de Cartier pour faire ce raid dans le jardin de simples; pour renouer avec les
origines pré-modernes du parfum qui jadis "portait remède", selon l'expression de l'historienne Annick Le Guérer (ainsi, l'eau de la Reine de Hongrie, à base de romarin, élixir de jouvence médiéval dont Mme de Sévigné raffolait encore au 17ème siècle).
On pourrait presque s'imaginer que
c’est en humant un flacon des Gouttes aux Essences de Naturactive (huiles
essentielles de menthe poivrée, girofle, thym, lavande et cannelle) que
Mathilde a pu songer à ce bouquet d’aromates sauvages, déjà esquissé dans Herba
Fresca chez Guerlain et Roadster chez Cartier. En l’occurrence : lavande,
romarin, thym, lentisque, absinthe, verveine. Bouffée terpénique propre à dégager
les naseaux et les bronches ; couches aromatiques appliquées en grands
à-plats, équivalent olfactif de la technique picturale du all-over. Ni perspective, ni pyramide : un effet général,
plutôt lavande avec des impressions de menthe ou de pin. Peut-être une petite
trame baumée qui évoquerait un Pour un
Homme rendu à l’état sauvage.
C’est casse-gueule, à la limite de
la phytothérapie de grand luxe, et c’est justement par là que c’est intéressant.
En mimant le médicinal, ce jeu sur les limites de la parfumerie fine oblige à
reconsidérer ce qui en a été écarté depuis plus de deux siècles: l'idée que ce qui sent bon peut faire du bien. Et puis, ça tombe à pic: faire l’éloge
des vertus du parfum pour le corps et l’esprit, c’est foutre une claque aux
pères-la-vertus de Bruxelles au moment où ils s'apprêtent à saccager nos plate-bandes... Décidément: culotté.
ce jeu sur les limites de la parfumerie fine oblige à reconsidérer ce qui en a été écarté depuis plus de deux siècles: l'idée que ce qui sent bon peut faire du bien.
RépondreSupprimerBien sûr que le parfum est une médécine, il peut devenir même un placébo. En outre, j'aime aussi l'idée de la guérisson médiévale, du parfum-protéction, avec son jardin clos (soit hortus conclusus ou pas!) et son carré des simples, sans doute la pharmacie de l'époque.
Le seul bémol est le prix de toutes ces Heures. Je me démande s'il le faut, si les matières le méritent vraiment... Je commence à voir dans ces Cartier la même prétention des Hermessences, le même snobisme. Je me dis, souvent: elle va où, la parfumerie de niche? Les Cartier sont du beau, ça c'est sûr, mais la mise en scène est toujours accablante.
Je vous félicite, chère Denyse, quel beau billet!
Schlimmelmann, merci... Quant aux prix des Heures de Parfum, c'est vrai qu'il est assez prohibitif. Lorsque j'ai croisé le PDG des parfums Cartier lors de la soirée de Fifis, je lui ai suggéré de faire un jeu de formats de voyage (comme les Hermessence, justement), ce qui permettrait aux amateurs de profiter de la collection.
RépondreSupprimerBonjour Denyse et Schlimmelmann,
RépondreSupprimerje suis bien du même avis. Le marketing a fait rimer niche avec luxe extrême.Sauriez-vous denyse si les composants et le soin apporté aux compositions (quoique plus le jus est marketé, plus sa mise au point est longue)justifient ce prix ? Pour ma part, je suis certaine que non. De même que les bougies Dyptique, depuis que la maison a été rachetée, a augmenté le prix de ses bougies de 50% en 3 ans environ,le prix semble justifier la qualité. Grrr
Hélène
Hélène, je ne pense pas qu'on puisse faire correspondre le temps de mise au point et l'intervention du marketing: regardez les Frédéric Malle, longuement perfectionnés sur les seuls critères olfactifs... Je crois qu'il n'y a pas de règle dans ce domaine. Cela dit, je n'ai pas de renseignements sur L'Heure Vertueuse quant au coût des matières premières, mais il est de règle dans ce genre de collection de ne pas radiner sur la formule.
RépondreSupprimerj'avoue que vous avez tout à fait raison sur ce point. Néanmoins - si on peut dire - les parfums qui font des milliers d'aller-retour entre la marque et le parfumeur et sont passés aux cribles de tests conso qui les laminent et en suppriment toutes les originalités ont forcément une création très longue dans le temps. C'est à ceux la que je me référais. La création peut être fulgurante ou laborieuse, quel que soit l'art, ça ne laisse en rien présager du résulta fort heureusement. Voilà. Je reste septique malgré tout sur les prix systématiquement et quelle qu'en soit la marque, très au-dessus du main stream. à discuter...
RépondreSupprimerHélène
Hélène, disons plutôt "développement" que "création", qui me semble un mot bien noble pour des produits passés au crible des tests... Cela dit, quand je parle à certains propriétaires de marques de niche, ils me disent que leur marge est tout de même assez réduite par le prix du concentré. Cela dit, c'est vrai qu'il y a une spirale des prix vers le haut que seul une question de positionnement peut justifier.
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