mardi 18 août 2009

Si Lolita de Lolita Lempicka : Souffle Solaire (qui s'essoufle)



Lolita Lempicka a toujours réussi ses gourmands. La fraîcheur anis-réglisse-violette de son premier parfum éponyme en a fait un classique contemporain. La chaleur du baiser orange-immortelle-vanille du deuxième, L, réussit à éviter l’overdose sucrailleuse à la façon des caramels breton, en ajoutant une pincée de sel.

Après la grande Annick Ménardo et le formidable Maurice Roucel, c’est à Christine Nagel (Eau de Cartier, Narciso Rodriguez for Her, Miss Dior Chérie, Délice de Cartier, The One de D&G) and Benoît Lapouza (Annam de Tan Giudicelli, VIP Room, Dolly Girl d’Anna Sui) que s’est adressée la maison pour son troisième lancement féminin – si l’on ne compte pas la troupe de flankers de Lolita Lempicka.

Comment fait-on pour enchaîner sur deux grands succès ? D’abord, on met la chance de son côté en habillant le jus d’un flacon en forme de trèfle à quatre feuilles. Puis, on prend quelques risques avec la formule du contenu. Il semble que Si Lolita ait démarré dans la vie en garçon – en tous cas, en idée de parfum masculin – et il est vrai qu’à part une note, celle du pois de senteur, rien ne l’aurait empêchée de continuer sur sa lancée. Malgré l’habillage à pois et à fleurs (hé ! pois de senteur !) et les arabesques dorées du flacon, Si Lolita contourne la question du genre sexuel pour irradier un charme de champ chauffé au soleil d’août, avec ce soupçon d’amertume qui monte des herbes folles quand la chaleur leur pompe leur sève.

La première impression est celle d’une peau caressée de soleil sous une coulée sucrée de jus de mandarine, relevée de l’omniprésent poivre rose et d’une note plus âpre de poivre noir qui vient sans doute de l’élémi, laquelle présente également des facettes de citron. La note de pois de senteur, censée être la star du parfum, ne reproduit pas fidèlement celle de la véritable fleur (comme le font remarquer 1000fragrances et Ambre Gris), mais plutôt le concept de pois de senteur en parfumerie (toujours une interprétation puisqu’on ne peut en extraire l’essence).

Tout au long du développement de Si Lolita, cette note suave et miellée joue à cache-cache avec le fond d’ambre, de fève tonka et de (une fois de plus omniprésent) patchouli, manque se faire étouffer par des bouffées clou de girofle/muscade/œillet de giroflée ou submerger d’héliotrope. Parfois, on a l’impression de sentir les restes sur la peau d’une lotion solaire particulièrement gourmande – le parfum rappelle alors le défunt Terra Cotta Voile d’Été de Guerlain (maintenant disponible dans la collection Les Parisiennes sous le nom de Quand Vient l’Été).

Si j’avais des réserves quant à Si Lolita (tout comme, de nouveau, Octavian et Ambre Gris) c’est qu’il manque de sillage et de ténacité, comme s’il avait eu peur d’aller trop loin sur sa lancée, ce qui fait qu’il n’a pas l’audace et l’originalité du premier Lolita, ni l’ampleur gourmande du deuxième. Bref, il souffre du défaut de bien des parfums « mainstream » contemporains en s’essoufflant sur la durée.

Mais face à d’autres lancements de l’été (oui, Idole d’Armani, c’est à toi que je parle avec ta combine ressassée orange-baies-rose-patchouli), je le trouve tout de même assez séduisant…



Image: Natalia Vodianovna par Sofia Sanchez et Mauro Mongiello.


5 commentaires:

  1. Curieux ce rapprochement avec Quant vient l'été, mais je suis d'accord avec cette facette solaire. Pour moi, Si Lolita s'inscrit simplement dans la tendance épicée du moment, dans la lignée de Sensuous d'Estée Lauder et de Pi Néo, avec ces épices traitées en transparentes pour créer un "effet prisme" qui fait effectivement penser à la crème solaire sur peau. L'ennui, c'est que tout cet ensemble parait bien industriel ; joli, mais ennuyeux. Poivre Piquant le l'Artisan Parfumeur me semble plus pertinent pour qui recherche un peu de piquant et un effet "pois de senteur".

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  2. oui c'est exactement ce que je reproche à si lolita, j'aime bien son départ, je le trouve assez original; mais je trouve en effet qu'il s'essouffle sur la durée, son évolution n'est pas à la hauteur de son départ...

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  3. Méchant Loup, le rapprochement avec Quand Vient l'été, c'était uniquement pour ce côté épices solaires... Mais il est vrai que Si Lolita s'arrête en deçà de ses intentions et c'est bien dommage. J'aime beaucoup Poivre Piquant mais je le sens surtout très lacté.

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  4. Soph, c'est hélas le défaut de tous les lancements "mainstream" testés jusqu'ici. Tout dans la tête, pas grand chose dans le ventre.

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  5. entierement d'accord, seduisant au 1er abord, mais trop "gentillet" ensuite, il manque de quoi? d'âme peut etre
    on mais quand meme c'est un joli parfum parmis toutes les m..de actuelles qui sortent ;)

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