Si une marque
peut prétendre avoir calé la matrice « solinote » du niche, c’est
Réminiscence. La maison hippie-chic fondée à Juan-les-Pins dans le sillage de 69, année érotique nous propose son Patchouli roots depuis 1970. Une vraie
identité de marque qui permet à Réminiscence de décrocher le 18ème
rang des lignes les mieux vendues dans les Sephora, score plus qu’honorable
face aux mastodontes du luxe et à leurs budgets marketing pharaoniques.
Tonka
est le premier fruit de la collaboration de Réminiscence avec Chantal Roos. Un
nom mythique dans l’industrie : elle a fait ses armes dans l’équipe qui a
lancé Opium. L’Eau d’Issey, Classique et Le Mâle de Jean-Paul Gaultier,
c’est elle. Première présidente de Beauté Prestige International, filiale de
Shiseido, elle a conçu les marques de parfum des deux créateurs en exploitant
brillamment ce qu’on n’appelait sans doute pas encore leur « ADN »…
C’est Fabrice
Pellegrin qui signe Tonka. Parfumeur
chargé des produits naturels chez Firmenich depuis le départ de Jacques Cavallier, il
avait déjà offert à Réminiscence une Vanille
intégrant une infusion de la gousse, procédé d’extraction traditionnel remis au
goût du jour par Firmenich. Ici, il réalise à nouveau un travail très matière
première sur trois types d’extraction de la fève tonka.
Après avoir relevé les facettes
amande-réglisse de la tonka avec un grain d’anis en tête, Pellegrin plonge la
fève amazonienne dans un miel goûteux, corsé, qui aurait presque aussi bien pu
donner son nom au parfum tant il est présent. Mais voilà, Honey, c’est le nom du dernier Marc Jacobs – usurpé pour cette
salade de fruits en boîte qui est sans doute l’un des jus qui m’aient le plus
énervée ces derniers temps. Gourmand, légèrement animal, flatteur dans les
accords floraux, ledit miel semble en passe de remplacer à la fois les notes
caramel et le fantôme de la civette. Firmenich, qui fabrique un absolu, y
a eu beaucoup recours ces derniers temps, dans Tonka et L’Eau d’Issey Absolue d’Olivier Cresp ; une note miel est revendiquée dans Place Vendôme de Boucheron, de Cresp
avec Nathalie Lorson et dans le Volutes de Pellegrin pour Diptyque.
Bien qu’il
partage avec ce dernier des effets de tabac miellé, Tonka en est l’antithèse avec sa texture presque huileuse de
liqueur, là où le Diptyque joue sur le poudré de l’iris pour susciter un voile
de fumée. L’amertume sous-jacente de la tonka, qui ressort assez nettement en
cœur, atténue sa douceur caramélisée. Le jasmin, en suspension dans le miel,
produit des effets de nectar floral (moins prononcés que dans L’Eau d’Issey Absolue, mais dans un
esprit similaire).
« Addictif »
a désormais remplacé « gourmand » dans le jargon marketing de
l’industrie : l’épithète sied à Tonka.
Une senteur simple, plantureuse et dorée comme une baba chic qui vendrait son
pain d’épices maison sur un marché provençal.
Et il s'accroche le bougre, je le sent sur ma couette, après plus d'une semaine !
RépondreSupprimerJe ne vois que deux solutions, le concubinage ou la rupture!
RépondreSupprimerJe suis heureuse de vous entendre (lire) fulminer à propos du dernier Marc Jacobs ! J'ai désespérément cherché le miel parmi les fruits, en vain. J'ai donc rageusement jeté ma touche pour ne plus y revenir. Tonka, que je ne connais pas encore, pourrait peut être en revanche, d'après votre description, me consoler !
RépondreSupprimerNfO, et moi, je suis heureuse de constater que je ne suis pas la seule à avoir été exaspérée par Honey ! C'est rare qu'un truc me tape autant sur les nerfs.
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