Face
au stand où Angelo Orazio Pregoni officiait se trouvait un autre personnage au
look détonnant. Mais Dhaher bin Dhaher, lui, portait un costume traditionnel :
la gandourah et le guthra immaculés des Emiratis. J’ai d’abord entendu parler
de sa marque, Tola – unité de mesure arabe ancienne – par une jeune Saoudienne
passionnée de parfum. Enfin une maison présentant les traditions de sa culture
de façon moderne et raffinée : le contraire des packagings over-bling et
des ouds-qui-ramonent trop souvent associés aux marques de la région (ou
produites pour la région). Il y avait même un nouveau parfum, pas encore
commercialisé, capable de rappeler mère et foyer à tous les Arabes – elle en
était encore toute retournée.
Contrairement
aux marques French-Oriental produites spécifiquement pour le Moyen-Orient, qui
s’arrogent souvent des racines françaises séculaires (par exemple, les Parfums
de Marly), Tola, basé à Dubaï, se présente en marque 100% émirati. On pourrait
même dire qu’il s’agit d’une sorte de retour à l’envoyeur… Alors que les
marques de niche font des pieds au mur pour séduire les pays du Golfe, Dhaher
métisse les codes du niche avec la culture arabe (d’une façon très différente d’Amouage,
marque plus cosmospolite avec son directeur artistique né à Hong-Kong, ses
parfumeurs français et ses variations sur les familles olfactives occidentales.
Niche, le packaging dépouillé. Niche aussi – en ce qu’il joue sur un
orientalisme soft et un peu rétro –
les récits très 1001 Nuits qui accompagnent chaque parfum, illustrés dans un
style très Georges Barbier-Paul Poiret par les nièces de Dhaher.
La
boutique de Dhaher à Dubaï, Villa 515, témoigne également d’une esthétique
hybride à la sensibilité très contemporaine. C’est à la Néerlandaise Lilian
Driessen, madame Alessandro Gualtieri (Nasomatto) à la ville et elle-même
créatrice de MariaLux, marque de mode et de parfum ultra-pointue, qu’il a confié
la décoration intérieure – elle a déjà signé celle des trois boutiques de
parfum de niche Avery, à Londres, Modène et New Orleans. Dans l’entrée de cette
boutique, une installation reflète et détourne une coutume qui a beaucoup
frappé Lilian Driessen à Dubaï : celle d’aligner des chaises contre les
murs des pièces de réception, sans qu’on s’en serve jamais… Tant qu’à faire,
autant les accrocher aux murs. Dont acte.
Tola,
d’ores et déjà vendu chez Nose à Paris, est l’une des plus jolies surprises
pour moi de ce salon 2013. Certes, je n’ai pas fait des efforts surhumains pour
tout sentir… Parce que. Florence, quoi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire