samedi 13 septembre 2008

Le Musée du Parfum de Barcelone



Le rêve d’un collectionneur de flacons… Et le cauchemar d’un amoureux de parfums.

Imaginez vitrine après vitrine de jus rarissimes dans leurs flacons scellés, aux noms aussi intrigants qu’Enigma (Lubin), Fanfan La Tulipe (Rosine, ), Nirvana (Bichara), La Fougeraie au crépuscule (Coty), Aventurine (L.T. Piver), Nuit d’extase (Roger & Gallet)… Sans oublier la quasi-totalité des Guerlain, y compris un Muskissime très ancien qui ne manque pas d’intriguer et d’époustouflants flacons tortue, une vitrine de parfums russes et soviétiques, un rayon de parfums japonais lancés sous l’étiquette de l’un des grands magasins de Tokyo, Mitsukoshi. Et une rareté que j’aurais donné gros pour sentir : J’en ai marre, de Mistinguett, dont c’était l’une des chansons les plus célèbres dans les années 1920…

Je dis cauchemar, parce qu’évidemment, exposés sous les lumières artificielles depuis des décennies, ces précieux élixirs sont cuits, archi-cuits. Et frustration : car le Musée du Parfum de Barcelone, assez tentant lorsqu’on consulte le site web, n’est qu’en fait qu’une vaste pièce située derrière la parfumerie Regia, l’une des plus importantes et des mieux approvisionnées de Barcelone (on y trouve toutes les marques de niche imaginables), sur le très chic Passeig de Gracia. Aucune info sur les parfums commerciaux, à part un carton portant le nom de la marque. Le catalogue ne porte que sur la collection de flacons non-commerciaux, de l’Antiquité égyptienne au 19ème siècle. Personne pour se renseigner.

Le musée est né lorsque la parfumerie Regia, fondée en 1928 par Don Josep Giralt, a déménagé en 1963 : le propriétaire a décidé, plutôt que de jeter son bric-à-brac, d’en faire un musée. Des donations s’y sont ajoutées.

L’industrie du parfum espagnole, particulièrement dynamique dans les années 1920-30, y est tout naturellement très bien représentée, en particulier les marques barcelonaises Myrurgia (nous y reviendrons) et Parera, qui n’hésitait pas à lancer un Cocaina en Flor dans les années 1930 !

Pour frustrante que soit la visite, elle ne manque pas d’intérêt pour un amoureux des parfums, ne serait-ce que pour enfin voir en vrai des flacons qu’on ne rencontre en général que dans les livres ou, à des prix prohibitifs, dans les ventes aux enchères.

Les quelques images à peu près montrables que j'ai prises se trouvent dans le diaporama en haut à droite de la page... Toutes mes excuses pour leur médiocre qualité : je ne suis ni compétente, ni équipée !
Image: Parfums Myrurgia, Suspiros de Granada, Maja et Floregrana

3 commentaires:

  1. merci Denyse de cet article, celà doit être interessant, mais surtout pour les flacons ou le nom de parfums disparus et inconnus pour l'amatrice dans le sens "amateur" que je suis.
    J'y "sens" comme un effet "mortuaire" dans cette description, un cimetière de parfums (puisque que tu dis cuits et recuits exposés à la lumière)dont l'âme (partie vivante) s'est evaporée. Exposition de beaux cercueils mais de cercueils tout de même où rien d'essentiel, de vital n' a survecu. Une sorte de momification peut être, comme les tombeaux egyptiens où sont "mis en valeur" les morts.
    Mais après tout le souvenir est conservé, tant qu'à faire je crois que je préférerais visiter l'osmothèque où l'on peut "sentir" et encore "ressentir"
    Mais j'ai beaucoup aimé cet article, et aussi j'aurais aimé visiter ce "cimetière" si j'avais été "Odoflascophile " ou "Lécythiophile" mais je ne suis qu'une "Odolaphile"

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  2. C'est vrai, Véro, je ne me l'étais pas formulé de cette façon, mais c'est un mausolée... Je me disais aussi, tout en regardant les flacons des années 20 et 30, que l'Espagne était au bord de la guerre civile. Barcelone a été l'un des épicentres du camp Républicain. Je songeais à ce monde disparu...

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