mercredi 8 avril 2009

Un monde sans Joy




La tempête qui a éclaté dans la blogosphère parfumée après la rubrique de Luca Turin dans NZZ Folio sur la mort de la parfumerie m’a franchement secouée.* Je n’ai ni les connaissances scientifiques, ni l’expertise technique suffisantes pour juger des parfums destinés au tombereau des condamnés – Octavian, qui les a, est en train de dresser la liste des condamnés. Je n’ai pas assez de temps pour enquêter sur les machinations de parfum-icide actuel ni sur ses conséquences futures. Et je n’ai pas les moyens de constituer les stocks nécessaires – d’ailleurs, l’interdiction faite à eBay de revendre les produits LVMH en France a eu pour conséquence de bloquer automatiquement l’accès à la plupart des enchères émanant de sites eBay à l’étranger, ce qui a mis un terme à l’accroissement de ma collection.

Tout ça s’additionne, non ? Ce sentiment d’impuissance qu’on éprouve en ce moment, à vivre une récession où nous avons été plongés sans avoir rien fait pour, ou à savoir que de grandes parties de la planète pourraient devenir inhabitables de notre vivant… Maintenant, le petit coin de beauté où nous pouvions parfois nous réfugier devient encore plus étriqué, grâce aux bureaucrates déterminés à nous protéger contre nous-mêmes ; aux groupes de luxe qui gagnent leur argent à faire des lancements sans se soucier de leurs classiques, en autant qu’ils évitent des risques de procès ; aux fabricants de matières aromatiques qui préfèrent breveter des molécules que de se donner la peine de s’approvisionner en produits naturels aux rendements capricieux, et impossibles à breveter, pour faire leurs mélanges parfumés…

Cela parait bien peu de chose face à ces gens qui perdent leur emploi, leur foyer, leur pension de retraite ou leur assurance-santé. Ou aux populations qui subiront les premières de plein fouet les effets du changement climatique. Bien peu, presque rien, c’est vrai. Rien de pire qu’une démangeaison, tout au plus.

Mais qu’est-ce qu’un monde sans Joy ?

Joy, je ne le porte même pas. Ni Chanel N°5, d’ailleurs. Mais tous deux sont des classiques qui ont survécu aux années, et nous sont parvenus sous la forme la plus proche possible de leur formule d’origine. Je n’étais pas vivante lorsqu’ils sont sortis, c’est vrai, mais je n’ai pas non plus assisté à la première du Don Giovanni de Mozart, au vernissage de l’Olympia de Manet, à la soirée de lancement du Côté de chez Swann. Cela ne m’empêche pas d’en ressentir la beauté – c’est ça, justement, la beauté : elle transcende l’époque et le contexte, bien qu’il faille sans doute un peu de culture pour mieux l’apprécier.

Lorsque ces petits morceaux de beauté disparaîtront, et ils disparaîtront (je sais bien que rien n’est éternel – mais pourquoi en sourirais-je ?), c’est un petit peu de la beauté du monde qui disparaîtra. Le N°5 et Joy ne partiront pas seuls, car plusieurs des matériaux qui entrent dans la composition de parfums classiques, ou de style classique, seront soumis à des restrictions de plus en plus sévères, voire à des interdictions. C’est déjà chose faite dans de nombreux cas – mais le fait qu’il s’agisse d’un fait accompli, que rien n’enrayera la tendance, que même des parfums modifiés mais encore beaux seront mutilés jusqu’à en être méconnaissables, ne me donne aucune envie de soupirer, philosophe, "c’est la vie". Ça me rend folle de rage.

Évidemment, si l’on interroge les parfumeurs, ils répondront que rien ne les empêchera de continuer leur œuvre. Certains n’ont jamais tellement travaillé avec les matériaux incriminés, qui ne manqueront donc pas à leur palette. Et tous gagnent leur vie en composant des parfums, de sorte qu’il est peu probable qu’ils aillent élever des chèvres dans le Larzac par dépit. Mais le jasmin ! La Fleur ! L’un des éléments les plus fondamentaux de la parfumerie, qu’on ne pourra plus dispenser que par gouttelettes mesquines. C’est comme si on disait aux peintres : vous n’avez plus le droit de mettre du rouge dans vos tableaux, car on a démontré que le rouge rendait plus agressif. Ah, et au fait, on est en train de repeindre tous les tableaux du Louvre en rose, voilà, circulez, y’a rien à voir.

Bien sûr qu’il y a encore, qu’il y aura toujours de nouveaux parfums très beaux – mais prétendre que les nouvelles restrictions forceront les parfumeurs à être plus créatifs, c’est comme dire qu’en interdisant certains sujets, voire certains mots, on obtiendra de meilleurs livres (je n’ai jamais raffolé des exercices de l’Oulipo). Historiquement, les artistes ont toujours su contourner les interdictions et les tabous – et l’art, historiquement, en progressé en les abattant, pas en les acceptant docilement. Mais la parfumerie est une industrie, n’est-ce pas ? Et « docilité » est le mot d’ordre.

Certains indépendants joueront les francs-tireurs, et continueront à utiliser les matériaux de la liste noire à doses plus fortes que celles qui sont autorisées. Ils renonceront par là à la possibilité d’être importés dans l’UE et aux USA, ainsi que dans de nombreux pays, et leur distribution se limitera à la vente au détail via Internet – s’ils peuvent trouver des matériaux dont la production ne sera plus profitable. Mais bien que ces parfumeurs travaillent pour l’amour de l’art, ils faut bien qu’ils gagnent leur vie. Et passée un certain volume de production, il faut bien qu’ils confient la fabrication de leurs parfums à des usines qui, elles, devront rester en règle.

Je serais ravie de voir les grandes maisons proposer à la vente des versions non-reformulées de leurs classiques, fut-ce aux prix fort, dans un circuit de distribution restreint, dûment étiquetés pour nous prémunir contre le péril encouru à s’en asperger, mais je doute que cela se produise, même si je suis prête à faire campagne.

Entre-temps, je dois aller avertir ma voisine de 97 ans, qui porte Chanel N°5 depuis sa plus tendre jeunesse, que ses jours sont comptés si elle persiste à user de l’extrait bourré de jasmin. Je suis sûre qu’elle sera ravie de se pschitter de Pink Sugarà la place.

Image: Pierre Breughel l'Aîné, Le Triomphe de la Mort (détail).


* Pour ceux qui n’auraient pas suivi : Luca Turin énumère dans cette rubrique les conséquences de l’amendement 43 de l’IFRA (organisme réglementaire européen) sur la composition des parfums, mis en application en 2010. L’usage de plusieurs matières premières, allergènes potentiels, est soit prohibé, soit restreint à tel point que les proportions désormais licites ne suffiront plus à préserver la formule de la plupart des parfums « classiques » survivants – dont Joy de Patou et Chanel N°5, auquel Octavian Coifan a consacré une rubrique démontrant que l’extrait ne pouvait pas survivre étant donné la forte diminution d’essence de jasmin à laquelle la nouvelle directive contraint le fabricant. Une réglementation semblable devrait s’appliquer aux USA. Par ailleurs, la liste des produits prohibés ou strictement réglementés devrait s’allonger encore dans un avenir proche.

54 commentaires:

  1. Et d’après ce que j’ai compris prévu au programme reformulation de Nahéma, de Vol de nuit, la fin de Mitsouko (là j’avoue que je ne comprends pas bien car il vient d’être reformulé à cause déjà de la mousse de chêne). Et pourtant on vend de l’arachide, on fabrique des boutons de jean en nickel, sans parler je pense encore de certains bijoux fantaisie malgré les allergies etc…. Il y aurait bien d’autres exemples ! Rien de rationnel dans tout ça à priori et c’en est d’autant plus rageant….

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  2. Senga: Nahema est dans le collimateur à cause des damascones et de l'iso-eugénol contenu dans l'essence de rose utilisée, mais est en effet en cours de reformulation. Je suppose que VdN subira une reformulation (si ce n'est fait: je ne l'ai pas senti récemment) et que Mitsouko subsistera dans sa formule actuelle jusqu'à ce que les règles se fassent encore plus strictes. Les concentrations les plus menacées sont les extraits, qui contiennent, par définition, un pourcentage plus élevé de matériaux "dangereux".
    Que puis-je ajouter? En effet, c'est rageant quand on pense à tous les produits beaucoup plus potentiellement irritants qui, eux, ne subissent pas de reformulation -- les personnes sensibles aux allergies se contentent de les éviter!
    Il faut donc croire que ces réglementations arrangent les producteurs de bases parfumées et de matières aromatiques.

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  3. Nos classiques nous tiennent a coeur autant qu'à vous!
    peu de marques peuvent se vanter d'avoir gardé autant de parfums du patrimoine ,beaucoup d'anciens ! encore 100 parfums différents vendus en boutiques, avec des parfums qui ne se vendent qu'en france (mouchoir de monsieur 1904, jicky 1889 ; etc , et ce n'est pas avec ces parfums que l'on fait du chiffre!!! , Mitsouko a été reconnu comme bien reformulé par le monde de la parfumerie; Pas question de le supprimer, Quant à Nahema , nous avons réussi a avoir des qualités de roses ,low methyl eugénol qui sont olfactivement très satisfaisantes et qui repondent au cahier des charges qu'on nous impose! et quant on reformule un parfum , le principe n'est pas de "baisser le cout de la formule" car bien souvent les reformulations sont plus chères !!enfin, nous n'avons pas baissé les bras sur l'emploi des naturels , les actuels et les futurs !! Chanel 5 a été reformulé depuis longtemps mais petit à petit ,donc la reformulation est bien passée!
    et s'il vous plait restons positifs !nous nous battons tous pour la même cause !!

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  4. Sylvaine, loin de moi l'idée de vous penser partie prenante de ce chamboulement qui porte atteinte aux plus beaux parfums du monde. Je sais que vous, et les gens de Guerlain, tenez énormément à votre patrimoine. Et que ces reformulations vous posent des problèmes difficiles à résoudre.

    Cependant, au vu du peu de renseignements donc dispose le public des amateurs de parfum, dont je fais partie, il est logique de supposer que l'industrie du parfum ne s'est pas battue pour mettre en cause le bien-fondé des nouvelles réglementations, ou pour trouver des stratégies permettant de préserver à la fois l'infime pourcentage du public susceptible de développer des allergies, et l'intégrité des formules. Et que donc, elle s'y retrouve. Ces décisions se prenant sans doute à un tout autre niveau que celui des personnes travaillant au niveau créatif ou marketing.

    J'espère que nous avons des raisons de rester positifs, mais en attendant, j'ai envie de stocker...

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  5. Sujet intéressant et inquiétudes légitimes, c'est un bel article sur un problème pas si important en soi comme vous dites, mais bien impactant pour l'avenir du parfum. Je me souviens avoir assisté à une conférence de la SFP où le monde de la parfumerie semblait bien impuissant malgré les batailles livrées pour défendre un patrimoine et ses intérets pas forcement commerciaux. Sylvaine a trouvé quelques mots justes pour en parler. Mais en effet, restons positifs malgré tout, car de nouvelles matières, conformes elles, même si elles sont naturelles, apparaissent. Et nos blogs respectifs peuvent aider à relayer l'information.

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  6. la profession ne s'est pas battue assez c'est un fait ,mais désormais il faut faire "avec" et se battre !

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  7. carmencanada, des reformulations concernant les allergenes (tellement peu nocifs compare a tout ce qui nous entoure), on peut en parler comme ca pendant 300 ans en tournant en rond!
    Helg de Perfumeshrine l'explique fort bien: cette situation est surtout une histoire de profits, de manipulation et de lobbying.
    Les grandes societes de parfums comme IFF et Givaudan ne touchent rien sur l'utilisation d'ingredients naturels en parfumerie, c'est un manque a gagner monstre. Par contre une parfumerie 100% synthetique (certainement carcinogene et toxique), c'est des milliers de molecules que les parfumeurs seront obliges d'utiliser en leur payant des droits bien sur.
    Luca Turin, il est bien gentil mais c'est un biophysiciste qui a des liens avec ces societes membres de l'IFRA, au lieu de se compromettre, il nous monte une salade autour d'experts et de commissions mal intentionnes de l'Union Europeenne.

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  8. Méchant Loup: j'espère comme vous de tout cœur qu'on arrivera (c'est déjà fait dans certains cas) à trouver des matières aromatiques dotées des mêmes qualités que celles qu'on a perdues... C'est même l'une des sources de revenus potentielles les plus intéressantes pour les labos, dixit Luca dans son Guide...

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  10. Garde Rose: tu es bien patiente d'avoir déchiffré le pavé de PS. Et je ne vois pas ce que Luca a à voir là-dedans: il a quitté Flexitral et travaille désormais pour MIT sur des recherches visant à créer un nez artificiel destiné à dépister la présence dans l'air de produits chimiques nocifs sans compromettre un être vivant, qu'il soit humain ou canin. Le prestige dont il jouit auprès des amoureux du parfum en fait la cible de théories pour le moins hasardeuses, auxquelles je ne crois pas une seconde.

    Quant aux matières synthétiques, s'il est vrai qu'elles sont beaucoup plus profitables aux labos, dans la mesure où elles seront soumises aux mêmes tests que les naturelles, je ne vois pas en quoi elles seraient nécessairement toxiques simplement du fait d'être issues de la synthèse. La ciguë est toxique et elle est totalement naturelle! N'oublions pas que quand on dit "synthèse", on parle aussi d'un processus d'extraction de molécules présentes dans des matières naturelles.

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  11. carmencanada, la toxicite des allergenes est incomparable avec les autres types de toxicites que provoquent ces molecules de synthese. Certes, la mousse de chene provoque des rougeurs chez moins de 1% de la population, pourtant sa reglementation en parfumerie c'est de la foutaise, personne ne suspecte la mousse de chene d'etre carcinogene. La toxicite des allergenes n'a aucune valeur: bien que cela implique qu'une molecule est soumise a un standard approuve par l'industrie, ca ne veut pas dire qu'elle est inoffensive. Hypoallergenique veut tout simplement dire que le fabricant estime que le produit ne peut causer pratiquement aucune reaction allergique. Il faut 20 a 30 ans en y mettant les moyens pour savoir si une molecule a des effets cancerigenes ou neuro-toxiques (muscs de synthese etc). L'absorption dans le systeme de ces molecules de synthese est superieur, aujourd'hui ces molecules sont des nano-molecules, leur effet cumulatif et l'utilisation a long terme est encore inconnu.

    Alors on sait que certains membres de l'IFRA sont les grandes societes de parfums (IFF, Givaudan etc.). Il suffit d'additionner deux et deux ensemble pour comprendre qu'il y a des interets derriere cette histoire de reglementations. Ces societes ne touchent rien sur le jasmin et la mousse de chene naturels, donc ils les interdisent pour vendre leurs substitus synthetiques
    hypoallergeniques.
    C'est le meme probleme de controle et de manipulation avec les OGM. Le ble que les pays du tiers monde nous achete est peut-etre plus resistant mais il faut payer les droits, ca rapporte des milliards alors dans le doute les effets sur la sante a long terme, peu importe, c'est comme pour les radiations des tours de telephones portables ou les transmetteurs wifi.

    carmencanada, je t'invite a lire cet article qui demontre a quel point ces societes sont engagees dans une bataille sans merci pour une seule chose, le profit:

    http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1617543,00.html

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  14. Garde Rose, j'ai été élevée dans une famille de scientifiques mais ce n'est pas mon domaine de spécialité. Je pense cependant ne pas me tromper en disant que "toxique" et "allergène" sont deux caractéristiques différentes d'une substances, et que les tests réalisés pour les démontrer sont différents.
    Il me semble aussi que toutes les molécules de synthèse ne sont pas des nano-molécules (utilisées dans certains cosmétiques, et sur lesquelles il existe en effet des soupçons). Synthétique ne veut pas dire mauvais en soi -- il y a plein de trucs naturels qui nous pourrissent la vie, de ces petits trucs qui s'appellent microbes, virus ou acariens jusqu'à ces gros machins comme les tremblements de terre ou les tsunamis.

    Maintenant, mon point de vue, c'est qu'on se prend tellement de merdes dans l'organisme et dans l'environnement quotidiennement, sans le savoir, et sans que rien soit fait pour le prévenir, que de réglementer les matières aromatiques pour m'empêcher d'avoir des plaques rouges, c'est vraiment mettre un emplâtre sur une jambe de bois. Ce n'est pas ça qui me tuera.
    Là-dessus, on est bien d'accord.

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  15. carmencanada, j'ai du mal me faire comprendre, cancerigene et allergene c'est effectivement pas la meme chose. Peut-on parler de pluri-toxicite?
    Le lien est pas passe, je ne sais pas pourquoi. IFF et Givaudan, c'est, a eux seuls, c'est un marche de 1 trillards de dollars. La palette des elements de syntheses olfactives que possedent ces companies et que les fabricants de shampooing comme la haute parfumerie sont obliges ca rapporte gros. Ces agents economiques s'engagent dans une bataille de dominants a domines. Un producteur de jasmin naturel, seule sa recolte lui appartient, personne ne possede le brevet d'un produit naturel, a moins qu'on les OGMise. Eux n'ont pas les moyens de corrompre ni d'influencer les decisions de l'IFRA.
    Le lobbying des ces corporations tue la democratie.

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  16. Sylvaine, la proposition de Luca Turin et Tania Sanchez, que je reprends dans mon post, d'éditer des versions "do not spray" dans une formule originale et en édition restreinte, serait-elle praticable? Après, libre à l'acheteur de faire ce qu'il veut...

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  17. Garde Rose: Amen. Comme Tania l'a fait remarquer ailleurs, les gros enjeux ne se situent pas autour de la haute parfumerie, qui reste anecdotique, mais de tous les produits cosmétiques, eux aussi parfumés des compos des labos... Et ça se joue à Bruxelles, criblé d'agence de lobbying, en effet.

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  18. En tous les cas, depuis une semaine, on se sent moins seuls face à tout ce non sens. Merci à vous tous, à tous les blogs qui divulguent publiquement ces informations que nous détenons depuis au moins 9 ans. Merci aussi à Mme Delacourte pour s'être exprimée sur le sujet. Je crois que la Profession a été prise au dépourvu. Combien de personnes dans le monde vivent de la production des plantes à parfums ? Combien de briefs offrent un cahier des charges matières suffisament généreux pour pouvoir utiliser ces matières naturelles généreusement ? et puis ces problèmes de réglementation ne concernent pas que les naturels...bien des matières synthétiques sont également concernées...comment faire un Diorissimo sans hydroxycitronnelal ? c'est techniquement possible, certes. Toutefois, Monsieur Roudnitska nous a quitté et ce n'est donc pas son esprit qui pourra reformuler Diorissimo mais bien celui d'un autre parfumeur....La Touche ou Retouche sera inévitablement différente...Tout cela est assez complexe finalement car il ne s'agit pas que d'un seul et unique problème de réglementation visant le naturel mais d'une chaîne d'obstacles à dépasser...Quoiqu'il en soit, merci pour vos avis, vos réflexions sans langue de bois, votre attachement au Beau, votre amour de la Parfumerie...vous ne pouvez que rendre la Profession plus forte face aux nombreuses aberrations qu'elle doit parfois subir en silence..........
    Un parfumeur parmi tant d'autres

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  19. Cher parfumeur anonyme, merci de vos mots, même s'ils traduisent le désarroi et la frustration impuissante que nous éprouvons tous, et qui doivent être encore plus intenses pour vous puisque ce sont à la fois votre quotidien et votre vocation qui sont mis en cause.
    Que faire face à ces développements auxquels nous assistons, impuissants, à part protester?

    Vous avez raison de signaler que les matériaux naturels ne sont pas les seuls à être menacés.

    Diorissimo n'est déjà plus que l'ombre de lui-même et comme sa formule est telle qu'il s'abîme assez vite, je vois le contenu de mes flacons anciens, déjà un peu altéré, diminuer avec un serrement de gorge.

    J'espère en tous cas que vous me rendrez visite de temps en temps!

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  20. Sylvaine, effectivement ne serait-ce pas mieux de contourner l'obstacle plutot que de reformuler tant bien que mal des parfums mythiques comme Mitsouko? C'est ce qui a permis a l'industrie du Tabac de survivre. Pourquoi ne pas inscrire "Formule d'origine: contient des allergenes, risques de réaction allergique".

    Je possede deux flacons vintage bien preserves et sublimes de l'extrait de Mitsouko. La nouvelle version du parfum n'est pas horrible, mais on ne retrouve pas du tout le meme exotisme et la meme sophistication des versions plus anciennes. L'actuelle version en comparaison est statique, moins complexe, denuee de nuances, d'exotisme et de tout rayonnement.

    Effectivement si Luca Turin apprecie le nouveau Mitsouko, il y en a d'autres comme Octavian Coifan qui n'aiment pas du tout les nouvelles reformulations Guerlain. Je viens de lire la revue de l'eau de toilette de Mitsouko par Marie-Helene de The Scented Salamander qui estime que cette version est vraiment une horreur. (pourtant Marie-Helene dit du bien de La Petite Robe Noire et ne semble pas cracher sur tout ce que fait Guerlain aujourd'hui).

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  21. Garde Rose, dans la version anglaise, une avocate vient de signaler que dans le droit européen, la société qui vend un produit ne se conformant pas aux normes réglementaires est susceptible d'être poursuivie, et que même un "contrat" avec le client (genre: je sais que c'est allergène, je l'achète quand même) ne l'exempte pas de ce risque de poursuite.

    Il est vrai que par ailleurs, on peut difficilement envisager l'industrie du parfum se plaçant volontairement dans le même camp que les fabricants de tabac en désignant d'eux-mêmes leurs produits comme potentiellement nocifs (alors que les fabricants de tabac y sont contraints par la loi).
    Trop de lobbys de consommateurs, surtout outre-Atlantique, sont prêts à diaboliser le parfum, perçu comme "inutile" et nocif dans cette espèce de mouvement d'hystérie puritaine que Luca Turin appelait, il y a quelques années, "la loi de conservation des inquiétudes" (on n'a plus peur de la peste alors on s'inquiète d'autre chose). Ces gens feraient mieux de consacrer leur énergie aux campagnes contre le réchauffement planétaire ou contre les obscurantistes qui prônent le créationnisme, mais non...

    Personnellement, je serais pour un étiquetage plus précis avertissant des risques potentiels, mais je doute que les marques de parfumerie y recourent autrement que contraintes et forcées, ce que justement elles veulent éviter en se pliant d'avance, et volontairement, à des critères très stricts. Je le déplore, mais d'un point de vue strictement commercial, c'est compréhensible.

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  23. Sylvaine,

    J'aimerais faire dater quatre extraits de parfum Guerlain grace aux codes (flacons et boites), a qui m'addresser?

    merci.


    carmencanada,

    c'est vrai, comment puis-je comparer l'industrie du Tabac et celle de la haute parfumerie? LOL Pourtant, force est de reconnaitre que les tobacco companies c'est des cut-throats pret-a-tout.
    La cigarette, on peut pas trouver pire, hors personne ne connait leur contenu exact, les formules sont parmies les plus secretes au monde, on parlerait meme de traces de cyanure.

    Peut-etre que le vin c'est plus comparable? Au moins eux dans le vin il ne se sont jamais engages a produire la meme qualite d'annees en annees. Parait-il qu'ils utilisent des substances fortement toxiques ou au moins douteuses, et que la encore c'est le gros secret. Je n'ai jamais entendu parle de reformulations ni de reglementations concernant ce produit.

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  25. (précédent commentaire supprimé parce que le lien ci-dessous était mal passé)

    Garde Rose: Mieux vaut poser la question à Sylvaine directement sur son blog, je ne pense pas qu'elle passe sa journée à lire le mien!

    Pour le vin, en tous cas en France, il est strictement réglementé:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Réglementation_européenne_en_matière_de_vin

    Faut pas croire toutes les rumeurs du Net!

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  26. garde rose
    envoyez vos boites au service consommateur , ils vous donneront l'info . Si vous rencontrez un problème dites le moi.
    Quant a Misouko , l'avis des clientes nous importe vraiment , et là nous avons eu très peu de réclamations , ce qui veut dire quand même que la reformulation a été bien faite , nous avons eu un jour un problème sur une matière première qui a "déformé" pamplelune"
    je peux vous dire , qu'il y une révolution !!, et moultes réclamations , c'est désormais réglé et pamplelune est de nouveau fidèle a ce que les clientes attendent;
    anonyme a raison de dire que certains produits de synthèse sont aussi dans le colimateur!!
    je reste positive , quand je vois comment nous avons réussi avec le problème de la rose , réussi a faire une rose "à façon "qui à la fois garde du caractère et répond aux nouvelles normes .

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  27. Sylvaine, merci de ces précisions. La mise au point de matériaux conformes et aussi riches que ceux qu'ils remplacent est notre plus cher espoir -- en espérant que ce ne sera pas à prix prohibitif, ce qui en restreindrait énormément l'usage.

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  29. C'est un bien triste tableau que vous dépeignez là Carmencanada. Votre article m'a presque donné envie de pleurer. Je ne conçois pas une parfumerie de qualité sans une réelle liberté de composition. Cela fait peu de temps que je suis rentrée dans le cercle des amateurs de parfums, et encore jeune, je n'ai pas eu l'occasion de sentir les classiques à une époque ou ils étaient encore très proche de leur formulation d'origine.
    Je trouve cela profondément injuste. Vous touchez du doigt un point essentiel dans votre article, la parfumerie n'est pas reconnue comme étant un art. Et rien ne force les institutions réglementantes à préserver un patrimoine aussi volatile que celui des parfums. Moi aussi je souhaite connaître la beauté, et je veux la connaître telle qu'elle a été pensée au moment ou on l'a créée, je n'ai que faire d'un substitut caricatural tendu par une vendeuse incompétente qui me dira "Mais c'est pareil Madame..." (déjà faudrait-il qu'elle soit au courant).
    Cela s'apparente presque à de la censure pour moi. Le mot est fort mais je le trouve juste et approprié. Diable, ce n'est pas comme si Givaudan ou IFF étaient au bord de la faillite! Et tout le monde est d'accord pour dire que la parfumerie actuelle ne serait pas ce qu'elle est sans la synthèse.

    Je ne peux rester positive devant tant de bêtises et d'ânneries. Surtout dans les moments que nous traversont acutellement. Comme vous le dites, le bonheur du parfum, dans lequel on se réfugie lorsque l'on va mal, comme d'autres se réfugie dans la musique est proche de nous être enlevé. Je suis en colère comme vous, et si vous me le permettez, je reprendrai dans les prochains jours un billet traitant de ce sujet sur mon blog.

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  30. Oui, Poivre Bleu, vous avez raison, c'est désespérant, et d'ailleurs les parfumeurs eux aussi sont désespérés (voyez le commentaire ci-dessus).

    Et, oui, il faut reprendre l'info, en parler, la diffuser... Je ne suis pas la première à en traiter côté anglophone, et le sujet ne "m'appartient" pas, loin de là!

    Cependant, attention aux faits:

    - Les matériaux d'origine naturelle, et d'utilisation multi-séculaire, ne sont pas les seuls visés par ces restrictions: c'est le cas de nombreux matériaux de synthèse, notamment ceux indiqués sur l'emballage des parfums.

    - On accuse dans la blogosphère des grands laboratoires comme IFF ou Givaudan parce qu'on suppose qu'ils tireront profit de la vente de leurs matériaux brevetés, qui viendraient se substituer aux matériaux naturels. Mais si ces labos sont bien, en effet, membres de l'instance réglementaire de l'industrie (l'IFRA), rien n'atteste formellement qu'il s'agisse d'une stratégie de leur part. Jusqu'à enquête démontrant le contraire.

    Les reformulations vont coûter cher aux labos, dans la mesure où ce sont les eux qui fournissent les compositions, et que ces reformulations se font à leurs frais, sans rémunération supplémentaires de leurs clients (les marques).

    Rattraperont-ils ces frais en vendant plus de molécules brevetées?

    En fait, uniquement si ces molécules leur reviennent moins cher que les produits naturels ou synthétiques qu'ils remplacent, car la marque ne paiera pas plus cher le nouveau "mélange". Et la production de certains matériaux de synthèse est plus onéreuse que leurs équivalents naturels.

    C'est donc un dossier très compliqué à traiter et à comprendre. J'essaie, et j'ai la tête qui explose!

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  31. Vous avez raison, il faut faire attention à ce que l'on dit, et aux arguments que l'on utilise. Cependant je doute que les sociétes de matières premières voient ces règlementations d'un mauvais oeil, même si elle touchent à la fois le naturel et le synthétique. Il est fort probable que ces entreprises aient en réserve des molécules intéressantes et que les restrictions à venir soit une opportunité.
    Le naturel dans les parfums aujourd'hui ne prend de toute façon plus la part qu'il mérite puisque les budgets ultra serrés des grandes maisons ne permettent que peu d'écart. C'est donc bien sur les formultions passées que c'est un drame (même si c'est un drame en général). Je ne suis certainement pas la première à poser la question, mais si ce n'est pas aux sociétés de matières premières que ces normes profitent alors : "A qui profite le crime" (si je puis m'exprimer ainsi)...?
    Ces normes ne sortent pas de nulle part, soit on cherche à pénaliser l'industrie, soit c'est une aubaine pour d'autres... en tout cas certainement pas pour nous...

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  32. Poivre Bleu: ces normes ne sortent pas de nulle part, en effet. Elles sont rédigées par l'IFRA, qui est un organisme de l'industrie du parfum, et auquel appartiennent, en tous cas pour ses membres français, tous les laboratoires petits et grands, ainsi que toutes les marques qui ont leur propre parfumeur.
    A partir du moment où ces membres sont d'adhérents de l'IFRA, ils sont contraints de respecter ses directives.
    Les normes IFRA tiennent lieu de législation, mais elles ne sont pas votées par le parlement européen ou quoi que ce soit...
    C'est l'industrie qui s'auto-réglemente.

    Par ailleurs, les matières d'usage restreint par le nouvel amendement sont dans leur très grande majorité issues de la synthèse.

    Enfin, comme l'écrit le parfumeur ci-dessus, cela fait plusieurs années que les restrictions deviennent de plus en plus sévères, donc ça n'est pas tombé d'un coup d'un seul sur leurs têtes, même si tout d'un coup, à cause de l'article de Luca Turin, on en parle beaucoup.

    Ça n'arrange pas nos affaires, mais c'est un dossier très compliqué qui me semble relever en très grande part de l'accroissement des allergies dans notre société et de l'obsession du risque zéro des fabricants, quitte à nous prendre pour des enfants qui ne savent pas lire les étiquettes.

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  33. carmencanada, c'est avant tout l'amour de l'ecriture, des mots qui te porte a parler du parfum.
    Ce que je sais a propos du vin c'est issu d'un documentaire/enquete de France2 passe sur TV5Monde l'annee derniere.
    Je vis a New York au coeur des enjeux economiques, je suis une activiste, j'estime comprendre un minimum les mecanismes du free enterprise et du capitalisme.
    Pourquoi n'y-a-t-il pas de universal healtcare system aux Etats-Unis? D'apres toi, c'est une histoire bateau de self-regulatory commission? Faut pas rever, on vit dans un systeme capitaliste ou seul le profit s'impose comme arbitre des decisions politico-economiques. Les democraties ne sont que des pseudo-democraties.
    En son temps, Eisenhower, un republicain modere, dans son farewell address mettait en garde les americains contre la force manipulatrice des lobbies, en l'occurence celui du military industrial complex, responsable selon lui de la guerre froide.

    Il suffit de faire des recherches sur google, IFF Givaudan, pour s'apercevoir que ces deux corporations se partagent un marche de 1 trilliard de dollars. Alors effectivement, pour le commun des mortels, ce chiffre ne veut plus rien dire. C'est plus facile s'en prendre au ponzi
    scheme de 50 milliards de Maddoff que de s'en prendre a la complexite de tout un systeme avec des sommes qui engagent plusieurs milliards de milliards de dollars. A ce niveau, les gens ne suivent pas.

    On peut tous pleurer autour des reformulations, que ce soit l'article de Luca Turin, celui d'Octavian que j'apprecie au plus haut point ou encore le tien, vous abordez le sujet sans jamais denoncer la face cachee de ce systeme, a savoir les vraies raisons de ces regulations. Aucun gourvenement, aucune institution n'imposent des regulations strictes pour seulement proteger les gens. Ca se passe pas comme ca.

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  34. Garde Rose, on peut accuser le système, mais même si on a des soupçons, on ne peut pas accuser sans preuves. Or pour avoir des preuves, il faut enquêter: ça ne se google pas.
    En attendant, on peut démonter le discours sur lequel ces machinations s'appuient, qui, lui, est facile à trouver sur le net. Je fouille, je fouille...

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  35. carmencanada, seulement s'en tenir a dire que c'est l'industrie du parfum qui s'auto-reglemente sans rien developper de ce que ca implique, c'est limite. A notre niveau, on est pas oblige de s'engager dans des enquetes en profondeur avec preuves irrefutables a l'appui, mais par contre si on sait seulement que Givaudan et IFF sont membres de l'FRA et que le marche de ces deux societes se chiffre a 1 trilliard de dollars, just add two and two together...tu sais le premier mec qui a denonce le ponzi scheme de Maddoff est passe sur 60 minutes aux Etats-Unis, jusqu'a la fin tout le monde l'accusait de machinations. Le monde actuel, il a ses defauts, ses qualites aussi mais carmencanada, on vit pas dans le monde de Candy ni de celui de Casimir (wink / wink).

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  36. C'est dans l'air, n'amalgamons pas tout: Maddoff et la réglementation européenne, ce sont deux choses très différentes.

    IFF, Givaudan, Firmenich, etc, sont membres de l'IFRA, mais ne sont pas les seuls puisque l'organisation représente quasiment toute l'industrie.

    Les laboratoires, si tu as lu mon plus récent post, vont devoir payer de leur poche TOUTES les reformulations, jeter tout ce qui a été produit qui n'est pas conforme, etc. C'est un processus lourd et long, qui concernera TOUTES les formules mises au point avant qu'on ait eu connaissance des nouvelles directives.

    Ces mêmes laboratoires sont EGALEMENT propriétaires des plus petits laboratoires qui produisent les meilleurs produits naturels, lesquels trouveront moins de débouchés.

    Leurs nouvelles molécules sous brevet seront certes avantagées, mais pour de futurs parfums composés par eux. Si ce sont des parfums à succès ils pourront vendre ces molécules à des concurrents qui voudront à leur tour l'intégrer dans leurs compositions et, ainsi, générer un profit. Rattraperont-ils ainsi le manque à gagner des toutes les reformulations? Ça reste à voir.

    Je n'ai jamais dit une seule seconde que je croyais que l'IFRA et ses membres étaient des humanistes mus par le seul désir de nous épargner des démangeaisons, alors ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit.

    Que tout ça soit une aberration, je suis d'accord -- et ce l'est AU PREMIER TITRE pour les membres de l'IFRA qui se tirent une balle dans le pied au nom du principe de précaution.

    Je m'en tiens à ce que j'ai dit: on n'accuse pas sans preuves.

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  37. carmencanada, certes IFF, Givaudan, Firmenich ne sont pas les seuls membres d'IFRA mais quand on pese des milliards, penses-tu vraiment que c'est difficile de corrompre une commission afin d'en faire ce que bon leur semble?

    Je fais des rapprochements simplistes uniquement parce que j'ai l'impression que les personnes qui evoluent dans l'univers de la communaute du parfum ne comprennent pas grand chose de la complexite et des rouages de la realite economique qui nous dirige.

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  38. C'est dans l'air: pour gagner ma vie, je n'écris pas des poèmes. J'ai des contacts professionnels dans le monde de la finance, de l'industrie pharmaceutique, de l'outsourcing informatique... Et j'ai souvent accès à des documents internes. Ne t'en fais pas, je vois les coulisses du monde des affaires et de l'industrie de très près!

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  39. carmencanada, my comment wasn't specifically aimed at you. Je souhaitais simplement avoir une discussion plus appronfondie autour de ce topic qui m'interesse certainement plus que le dernier Ellena qui sent le lys et pas trop la vanille gourmande.

    La perfume community dans son ensemble ce sont des gens qui sont plus branches culture que realite economique.
    Quand on traite de ce sujet et qu'une personne dans la section anglaise poste un pave monstre et confus sur les Empereurs de Chine et la couleur jaune, la je me dis vraiment on est pas tous sur la meme longueur d'ondes.

    En dehors de ma vie professionnelle, je suis vegan et activiste, je defends le droit des animaux et du sort de tous ceux dont tout le monde se fout completement. S'il y a une chose que j'ai appris au fil du temps, on vit dans des pseudo-democraties, ce sont les grandes corporations qui font la pluie et le beau temps. Faut pas avoir peur de zapper CNN et TF1 de temps en temps carmencanada, des sites de news independantes comme http://www.democracynow.org/ ca challenge a fond.

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  40. C'est dans l'air: je suis d'accord, le pavé sur les empereurs de Chine, c'était à côté de la plaque.

    Effectivement, quand on décide de faire (ou de lire) un blog sur les parfums, c'est un peu pour échapper à la réalité sordide et frustrante. Et c'est rageant de se voir rattraper par cette réalité dans son petit pré carré de rêve et de beauté.
    J'aimerais beaucoup mieux être en train de humer des trucs qui me plaisent, qu'à fouiller les rapports médicaux, des protocoles et des directives, comme je viens de passer le weekend à le faire. C'est chiant à arracher la moquette avec ses dents, mais c'est la seule manière de se préparer à poser des questions, et de savoir à qui les poser.

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  41. pour reprendre le premier commentaire de senga, en effet ces interdictions de composants selon leurs risques d'allergies est ridicule. Etant depuis l'enfance soumise à de gros gros problèmes d'allergies et d'urticaires, dûes en grande partie au nicquel dans els ceintures et les boutons de jeans, et avec des conséquences bien plus embêtantes que de simples éternuements par exemple, ça paraît d'une hypocrisie folle. car on n'impose rien aux fabricants de jeans que je sache?
    surtout quand l'on sait ensuite que els allergies, quoiqu'on en dise, ont un fort lien avec le psycho somatisme et que els dites allergies peuvent venir et partir du jour au lendemain, sans qu'on sache pourquoi, tout ça paraît encore plus farfelu et hypocrite.

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  42. Soph, c'est vrai, les allergies sont mystérieuses... Et c'est sûr que si on teste à fond, on trouvera toujours des gens qui finissent par faire des réactions. Il serait intéressant de savoir comment les sujets de tests sont recrutés... Mais ça demande de creuser énormément. Il y a beaucoup de trucs à comprendre dans ce dossier pour pouvoir poser les bonnes questions, et j'ai peur de bientôt atteindre les limites de mes compétences, qui ne sont pas brillantes dans le domaine scientifique.

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  43. C'est vrai, quelle hypocrisie! Je m'asperge de parfums depuis des annees et des annees, jamais je n'ai decele la moindre rougeur nul part. Et si ce n'etait que moi! Je n'ai jamais entendu personne se plaindre d'allergies de peau en se parfumant, jamais, jamais, jamais et pourtant j'ai ete elevee a Paris ok ou ca pue la cocotte a fond le matin dans le metro, pas au fin fond de l'Alabama ou les femmes se parfument a peine trois fois dans toute une vie.
    Par contre, je connais des personnes sensibles du nez, mais a mon avis meme dans ce cas, un grand parfum c'est rien compare a l'eau de Javel ou des produits menages hyper toxiques.

    Enfin bon, on surchauffe la planete style au rythme ou ca va on fonce droit dans le mur, on baigne dans les electro-radiations dans tous les sens, les gros poissons sont bourres de metaux lourds, l'infertilite masculine n'a jamais ete aussi elevee, les parabenes de produits cosmetiques qu'on soupconne d'etre cancerigenes et pertubateurs des recepteurs hormonaux ne sont pas toujours pas interdits, l'ampleur de la toxicite generalisee des imports chinois c'est un scandale bien etouffe, mais non! Vaut mieux s'en prendre aux petites allergies de parfums.

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  44. C'est dans l'air: à l'IFRA,je suppose qu'ils te répondraient qu'ils ne peuvent rien aux autres problèmes mais qu'ils font le ménage chez eux...

    Entre-temps, quand on va se mettre à vendre des trucs qui ont le nom du parfum, et le flacon du parfum, mais qui ne sont plus tout à fait le parfum, on va se foutre de la gueule du client -- même si la reformulation est faite avec la plus grande habileté, elle ne correspondra pas à ce qu'on pensait acheter.

    Et après, il se trouvera des vendeuses, pas du tout au courant d'ailleurs, pour nous dire: "Mais madame, c'est votre chimie qui a changé!"

    Je me demande qui aura l'honêteté de communiquer là-dessus.

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  45. c'est clair... quelle tristesse
    et quelle hypocrisie

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  46. JulienFromDijon20 avril 2009 à 15:55

    :D Ouaiiiiiiis! génial! on va avoir des parfums super pas dangereux !

    Quoi? c'est pas un point positif ? :humour:

    Il est vrai que s'il s'avère que cette réglementation n'a pas un but sanitaire, on est en droit de chercher la vraie raison sur le terrain politique.
    (= réfléchir sur l'équilibre de l'IFRA + sa structure vis-à-vis des autres institutions, ou bien à chercher à cristallisé au présent l'équilibre des différents intérêts qui guident ses membres, dans l'un comme dans l'autre ont saura si l'IFRA ou ses membres disposent d'un pouvoir sans contrainte dont ils abusent)

    harlequin_firelove@yahoo.fr

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  47. Julien: pouvoir sans contrainte? Je ne sais pas. Mais ce que je crois, c'est que la majorité des acteurs de cette industrie n'a aucun respect pour sa propre activité, en tous cas d'un point de vue artistique.

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  48. mis à part JOy et chanel n)5 , quels autres classiques devrait on commencer à stocker?
    tous ceux qui contiennet du jasmin par ex?

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  49. Soph, comme il est difficile de savoir ce qui contient des proportions de jasmin ou de rose naturels supérieurs aux normes à venir, je suis moi-même perplexe. Beaucoup de chyprés ont déjà été très atteint, à cause des restrictions déjà mises en place sur la mousse de chêne.
    En règle générale, je dirais les extraits en priorité.
    Octavian a dressé une liste partielle:
    http://1000fragrances.blogspot.com/2009/04/endangered-fragrances.html

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  50. Ce qui m'épate c'est que je vois les plaintes et les craintes depuis un mois sur le net dans tous les blogs parfums et dans la profession... Rien... Silence radio !

    Parfumeurs ! REVOLTEZ-VOUS ! Est-ce qu'on impose aux organistes de se mettre au triangle ?

    Rien non plus dans la Cosmétique Mag, ni à la SFP... A croire que les pros n'ont pas internet ?

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  51. Le musc et la plume, ce silence assourdissant me navre aussi. Mais dans la mesure où très peu de parfumeurs sont indépendants... il ne m'étonne pas outre mesure, hélas, car il correspond bien à la culture du secret de la profession.

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  52. Oui quelle terrible frustration. Oui il faudrait reformuler les parfums de reférence avec les ingrédients originels. Mais voila nous faisons face a plusieurs problemes. Certaines qualités de naturels issues de pays politiquement instables ne sont plus trouvables. Puis nous découvrons que certains ingrédients se révèlent dans certains cas allergisants ou pire CMR (catégorie des cancérigènes, mutagènes, nocifs pour la reproduction) . Imaginez:" ce parfum peut vous donner des allergies , a rendu des rats de laboratoires stériles, va vous donner de jolies taches brunes au soleil et risque de vous donner un cancer". Que doit on faire? Évidement supprimer les ingrédients CMR et faire tous les efforts pour les remplacer. Nous étions tous d'accord pour l'amiante . Reste les allergènes. La , il faut étiqueter , comme l'industrie alimentaire le fait pour les arachides ou le lactose.
    Ne croyez pas par syllogisme que les grandes sociétés de production de parfums membres de l'IFRA que vous nommez tirent parti de ces restrictions. Il n'en est rien. Au contraire. Cela leur coûte très cher: elles doivent employer des services entiers d'experts en toxicologie et législation pour être conforme aux restrictions de l"IFRA. C'est en quelque sorte de l'auto-censure, certes, mais cela les rend irréprochables pour leur conscience et face aux activistes californiens qui verraient bien tout simplement les parfums disparaître de la planète.
    La reformulation des anciens parfums n'est pas un phénomène récent et ne date pas des nouvelles restrictions sur les naturels. Cela remonte à plus de 30 ans ; souvenez-vous du musc ambrette et de l'isoeugenol dans l'Air du Temps. Puis cela a été le tour des bergaptènes, puis des muscs nitrés et tant d'autre qui subrepticement pour la santé publique ont glissés hors des formules de parfums. Le seul tort dont on peut accuser les parfumeurs c'est de ne pas en avoir parlé, on a donc été suspectés d'agir pour des questions de profit.
    Et si le limonène est allergisant, alors pour l'amour du ciel, supprimez tous les citrons oranges et mandarines du marché car en les épluchant vous vous baignerez dans le limonène ...pas comme les traces dont vont serez exposés avec les parfums!

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  53. Anonyme, merci pour cette mise au point. Je ne cesse moi-même de répéter que ces restrictions croissantes ne profitent ni aux parfumeurs, ni aux labos, au contraire.

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