Le chypre est mort.
Il n’a pas seulement succombé aux restrictions sur la mousse de chêne décrétées par l’IFRA. Ça, ça n’était que le coup de grâce. C’est la désaffection du public pour le genre qui l’a tué – s’il y avait des manifs sur les Champs-Élysées pour restaurer Mitsouko, comme dit Luca Turin, l’IFRA aurait fait marche arrière sur la mousse comme il l’a fait pour la vanilline lorsque l’industrie s’est insurgée contre le 44ème amendement.
Le chypre est mort, malgré l’acharnement de l’industrie à conférer l’étiquette à des parfums qui ne charrient qu’un fragment de son ADN. Cette pensée m’a frappée alors que je prenais des notes sur Jubilation 25 d’Amouage – si proche d’un chypre à l’ancienne que les amoureux des parfums classiques ont en effet jubilé – tout en lisant une série d’essais du philosophe italien Giorgio Agamben.
En écrivant sur Venise, Agamben établit la distinction entre le spectre et la larve, créature de la mythologie romaine.
« La spectralité est une forme de vie. Une vie posthume ou complémentaire, qui commence seulement une fois que tout est fini et qui a donc, par rapport à la vie, la grâce et l’astuce incomparable de ce qui est achevé, l’élégance et la précision de qui n’a plus rien devant soi. »
En revanche, la spectralité larvaire « naît chez ceux qui refusent leur condition et tentent de la refouler pour feindre à tout prix qu’ils sont dotés d’un poids et d’une chair. »
« Tandis que la première espèce de spectres est parfaite, parce qu’elle n’a rien à ajouter à ce qui a été fait et à ce qui a été dit, les larves doivent s’inventer un futur pour laisser la place, en vérité, à un tourment sur leur propre passé et à l’incapacité où elles se trouvent de se savoir achevées. »
Je pourrais dire, en empruntant sans doute abusivement la distinction d’Agamben entre les spectres et les larves, qu’un parfum comme 31 rue Cambon est un chypre spectral : il rappelle une ombre qui se sait morte, en pleine conscience de sa mort. L’enlèvement au sérail de MDCI pourrait bien être un chypre larvaire (on est en droit de se demander si Francis Kurkdjian n'a pas démarqué une formule ancienne).
Pour ce qui est de Jubilation 25, j’hésite.
Je l’avais tout d’abord désigné comme un chypre fin de race, dont chaque trait est exaspéré par la consanguinité. Dans Jubilation 25, la prune sombre de Femme a fermenté pour se transformer en davana, alcoolisé avec ses facettes de rhum et de grappa ; les épices sont exacerbées jusqu’à piquer le nez ; le fond mousseux-boisé est encore assombri par une bouffée d’encens cuiré. Le parfum porte aussi de fortes traces de l’ADN d’Opium, avec son scintillement aldéhydé sur fond résineux et fruité de myrrhe (après tout, Lucas Sieuzac est bien le fils de Jean-Louis, qui a co-signé Opium avec Raymond Chaillan).
Cette incarnation opulente d’un genre classique me semble être un chypre qui ne sait pas que le chypre est mort. Est-ce parce qu’il nous arrive du lointain Oman ? L’origine moyen-orientale de la maison Amouage – le berceau de la parfumerie – est peut-être ce qui prête à cette espèce en voie d’extinction cette dernière bouffée de vitalité, tout comme le premier parfum d’Amouage, Gold de Guy Robert, ressuscitait les grands floraux aldéhydés d’antan – dont c’était sans doute la première interprétation au premier degré depuis le First de Jean-Claude Ellena pour Van Cleef and Arpels en 1976.
Peut-être le Moyen-Orient est-il le dernier endroit au monde où l’on croit encore assez au parfum pour transfuser un peu de sang dans la chair momifiée de la parfumerie française à l’ancienne, un peu comme les Japonais sont les derniers à vraiment croire à la mode, comme peut en attester quiconque assiste aux défilés parisiens.
Tout se passe comme si la parfumerie française classique, après avoir exhalé des fantasmes d’Orient pendant un siècle, captait son dernier reflet dans un miroir tendu par le véritable Orient. Amouage produit des parfums orientaux idéalisés, des résines archaïques métamorphosées par l’alchimie française. D’une certaine manière, Serge Lutens a déjà parcouru ce trajet en sens inverse, dans une quête profondément inactuelle, et partant, éminemment contemporaine, de ce qui a toujours déjà été perdu…
Entretemps, nous pouvons nous laisser hanter par Jubilation 25, le chypre qui ignore que le chypre est mort. Et qui, peut-être, achève la série.
Et si ce côté sombre qui nous trouble chez les chypres n’était que notre nostalgie d’un lieu que nous n’avons jamais vraiment connu vivant?
Très belle nécrologie pour ce genre majeur et noble de la Parfumerie et très belle analogie avec cet écrit d'Agamben.
RépondreSupprimerComme tu le dis, il y a tellement d'autres raisons à la mort du Chypre que la condamnation de la mousse de chêne.
J'y vois une preuve de plus de la perte d'instruction de la plupart des consommateurs pour la culture du beau Parfum, à qui les marques via les services marketing et des considérations économiques proposent des parfums tellement frileux sans corps, sans substance, souvent 100% synthétiques, qu'ils ont oublié ou même jamais connu ce que pouvait sentir un parfum " à l'ancienne", riche, gras, avec de la chair et des "aspérités"!
Aujourd'hui, tous les floraux mainstream sont transparents, sans aucune goutte de vraie fleur; le santal de Mysore a disparu pour préserver l'espèce, les mousses idem mais pour des problèmes d'allergie!!! Une amie parfumeur me dit souvent qu'à ce train, il ne restera que l'eau pour créer des parfums!!! Triste constat.
Oui, c'est à pleurer et je me joins à tous les amoureux du Chypre pour porter le deuil. Espérons que le Moyen Orient restera sourd aux recommandations IFRA et aux modes.
Le Chypre est mort, longue vie au Chypre!
Rebecca, les parfums Amouage sont conformes aux recommandations IFRA puisqu'ils sont produits par des labos occidentaux: c'est leur parti-pris esthétique qui est inactuel...
RépondreSupprimerJe reprends un peu espoir en lisant l'article de Beyond Beauty Mag cité par Octavian dans son dernier post. On y apprend qu'Antoine Lie travaille sur des formulations permettant de donner leur plein effet aux matières nobles -- et parfois déclarées allergènes -- tout en utilisant des quantités plus réduites, donc conformes aux réglementations et aux budgets création.
Cela ne change rien (pour l'instant) à l'acculturation d'un public qui ne connaît pas les parfums plus charnus et charnels... Et là, je crains qu'on en reste un bon moment aux jus de navet.
Dans une France caramélisée qui se partage entre la sucette framboise et le shampoing musqué y-a-t-il encore des femmes à "chyprer"?
RépondreSupprimerJe crains que non. Et puis, si pour des années on fait le même type de parfum saurait-on fair du jour au lendemain des créations avec chair et âme? Difficile. Quand on vend son âme tous les jours au "diable", qu'en reste-t-il, sinon le spectre (et non le Spectre de la Rose). Tout âme est volatile, même en parfums.
Pour Givaudan Antoine Lie parlait des Orpurs pour les Naturels. Des exercices similaires existent aussi dans d'autres maisons qui ont integré des divisions MP nat.
Octavian, je crains bien aussi que tu aies raison -- quand on vend un peu de son âme tous les jours au Diable qu'en retrouve-t-on à la fin? Il ne doit pas être facile de retrouver le chemin de la création après cela. Heureusement ce n'est pas le cas de tous les parfumeurs. Mais sans doute vaut-il mieux que des formes à la beauté révolue ne soient pas ressuscitées de force ou par des simulacres appauvris.
RépondreSupprimerIl serait dommage que le chypre soit mort maintenant que j'ai la maturité intellectuelle-sensuelle-olfactive pour les apprécier. Pendant longtemps les parfums chyprés m'ont rebutée, ils sentaient "ancien", "dame", avec une nuance hyper-péjorative s'entend ! Et puis voilà que maintenant naturellement j'accède à leurs arcades, ne me dites pas qu'ils pourraient s'évaporer dans un passé mythique et m'abandonner alors que je les apprivoise avec délectation !
RépondreSupprimerM-alizarine
Ah :) jubilation 25.
RépondreSupprimerC'est l'un des rares parfum vers lequel je reviens sans cesse, alors qu'il n'est pas à mon goût.
Toujours avec la question : alors j'achète ou pas ? L'indécision c'est mon dada.
Les notes de têtes me rappellent les bonbons en collier, et le crissant de la meringue, agréables mais gentillet.
Pointent déjà leur nez beaucoup de matières premières que j'affectionne, mais qui sont extrêmement soudées et masquées par l'abstraction parfaite du parfum (de la vraie rose, de l'encens, ?fleurs-fruits? ??ambre??). Elles séduisent.
Par contre le muguet est assez identifiable, ainsi qu'une note forte -une aspérité- qui envahit le sillage.
Cette note forte rend le parfum dur à porter. Pour tout dire, ce parfum a des charmes, du caractère, il est intelligent, il en devient presque exigeant, et ne se laisse pas porter par tout le monde.
Avant même la question du prix, c'est un parfum que je ne vois pas être porté par beaucoup de monde en dépit de ses qualités, et quasi-uniquement par des femmes.
Il est le mystère d'une femme à la fois affable et distante.
Alizarine, heureusement, ils existent toujours, même si leur plus belle expression ne s'obtient que dans les flacons pré-2005. Et il n'est pas interdit de penser qu'ils peuvent inspirer de nouvelles formes.
RépondreSupprimerJulien, il n'est pas absolument impossible que vous soyez, comme moi, hyperosmique à ce que j'appelle le "bois piquant" (une série de matériaux ambrés-boisés de type Karanal). Il est présent à petite dose je crois dans J25 et à beaucoup plus forte dose dans J XXV (ce qui me le rend importable). Il est possible qu'il soit aussi utilisé dans d'autres créations d'Amouage. Vous pouvez vérifier s'il s'agit de ce matériau en sentant par exemple Paco Rabanne One Million, qui m'arrache littéralement le nez, ou French Lover de Frédéric Malle.
RépondreSupprimerTout le monde n'a pas cette réaction -- mais je sais par exemple que c'est aussi le cas de Sylvaine Delacourte, car en sentant toutes les deux l'Ambre Nuit de Dior nous avons eu un mouvement de recul identique!
D,
RépondreSupprimerC'est trop drôle, je sens effectivement très fort cette molécule type karanal, mais... je l'adore! Vraiment, c'est au point que je la porterais pure (un des Kilian en est surdosé, Straight to Heaven je crois, et j'ai failli me le prendre sur le champ!)
Elle manque de subtilité, c'est sûr, mais l'effet est... décoiffant ;)
Six', exact, j'avais oublié le By Killian où il abonde. Alors que curieusement, Une Rose de FM est un parfum où cela ne me gêne pas...
RépondreSupprimerPlus j'y repense et plus je me dis que tu as raison.
RépondreSupprimerAu début j'hésitais à y reconnaître une sensibilité accrue au boisé-ambré (woody-amber), ces notes synthétiques et tenaces, car je porte plus aisément jubXXV que jub25.
Mais "Straight to heaven" vient confirmer celà. Plus je sens son sillage, plus je trouve qu'il PUE. Entendons nous bien, j'apprécie le travail intéressant sur les fruits secs et la végétation pourrissante, mais il y a 2-3 ingrédients absolument surdosés, que je sens à 3km.
J'ai été marqué de voire devant moi Poivre bleu craquer pour ce parfum. Je pensais "tu ne vois pas à quel point il est horrible!". Comme un bulldog, irrésistiblement mignon et adorable pour l'un, et le comble de la laideur pour l'autre.
"Une rose" de FM produit un effet pernicieux sur moi. Imperceptiblement, il me rend irritable, voire agressif.
J'ai un flacon de 10ml que j'essaie sans cesse, de toute les façons possible. J'essaie de me focalisé sur la rose, de profiter du caractère ombrageux de la composition. Mais inconsciemment le parfum joue sur mon humeur, il me tape littéralement sur le système, comme s'il relançait une contrariété dans mon cerveau toute les 6 secondes. D'un côté ça me stimule, puis ça ne fait que me fatiguer.
Comme je ne suis pas sujet au migraine olfactive -une chance-, on peut ranger cette expérience parmi les plus inconfortables et étranges qu'un parfum puisse me faire.
Même esthétiquement c'est dommage, car le karenal de "une rose" et les odeurs de cheveux brûlés masquent tout le plaisir de la rose.
A y repenser, jubXXV provoque très vite une lassitude chez moi. Pas cette lassitude d'avoir abuser des bonnes choses. Mais plutôt une perte de de goût, un revirement, qui doit expliquer ma relation de goût/dégoût pour certains parfums que j'aime pourtant. Un dégoût passager à rapprocher d'une fatigue nerveuse inconsciente.
Ubar d'amouage me fait de façon légère ce que me fait "une rose", à savoir une stimulation-irritation puis une lassitude-fatigue nerveuse.
Jicky me fait très légèrement ça aussi, tantôt je pense que c'est du à l'accord civette comme chez Ubar, tantôt à l'accord lavande-coumarine.
La lavande des parfums me lasse très vite, alors que dans la nature j'adore ça.
Et la coumarine je la détecte vraiment de plus en plus, presque à la façon des ambré-boisé. Dans l'heure bleue, jicky, knize ten...
Un parfum à rapprocher de mon expérience de "straight to heaven", c'est arabie de Lutens. Je l'aimais, je voulais déterminer si je voulais l'acheter, or plus je l'apprivoisais plus je le détectais, jusqu'à ce que je puisse le détecter à l'autre bout de la pièce. Trop fort. Et même l'accord principal que j'aimais m'est devenu désagréable et lourdingue.
Et quitte à boucler les histoires des problèmes de cohabitations moi&parfum, je guette depuis un moment mes réactions à Passage d'enfer, et Dia d'Amouage, que je suspecte de m'irriter la gorge, je suspecte le géraniol.
Et pourtant je peux porter un mastodonte comme Gold en extrait, et c'est que du bonheur. C'est vraiment une question d'ingrédient.
Quand la passion des parfums tourne à la mithridatisation :p
Julien, ce n'est pas forcément une question de surdosage, c'est que certaines personnes sont sujettes à une hyperosmie à ce type de matériau genre "bois qui pique", et qu'elle va en s'accroissant. Donc un parfum qu'on tolérait très au départ peut devenir insupportable au fil du temps. Il s'agit d'un phénomène connu, mais ce n'est pas forcément une maladresse de formulation.
RépondreSupprimerPour d'autres parfums, c'est beaucoup plus subjectif: moi, par exemple, c'est le gingembre qui me gâche un parfum -- pas quand je le sens sur touche ou sur une autre personne, mais sur moi. Bon, c'est comme ça: on sent un truc "pas moi" et au bout d'un moment, on ne sent plus que ça.
Cette hyperosmie a été si progressive, que je ne pensais pas être une exception, et que toute personne finissait à l'usage par devenir très sensible à ces "bois piquants".
RépondreSupprimerPour l'instant je n'ai jamais croisé quelqu'un qui aime et utilise "une rose" ou "straight to heaven" régulièrement. Des personnes qui veulent les acheter : oui, des utilisateurs régulier : non.
La subjectivité des parfums.
Le gingembre vous dites :) ? Dans quels parfums par exemple ?
Le cumin me fait un peu ça.
Ma mère, par exemple, perd toute objectivité devant du santal, "ça sent la sueur"!
Pourtant je pensais être au dessus de ça, car une bonne part de mon initiation au parfum consiste à apprendre à aimer des parfums que je n'aimais pas en 1er lieu. Sur internet on rencontre des gens qui expliquent ce qu'ils aiment dans les parfums, ce qu'ils y voient, et je m'aide de celà. On est tous dans une quête impossible d'objectivité.
Je ressens les différents classiques qui m'échappent assez régulièrement, sur différents supports, différente distance, différentes doses, à différente saison.
Peut-être que cette démarche touche trop au plaisir rationnel (le cerveau rationnel, les détails), et ne permettra jamais de palier l'absence du plaisir instinctif (le cerveau reptilien, les 1ères secondes), car c'est une question de souvenir, un mécanisme inconscient.
Pourtant j'essaie de me déconditionner mentalement, d'avoir l'esprit neutre, de porter suffisamment longtemps un parfum pour être surpris par lui quand son sillage se rappelle à moi.
Et oui, la règle du "scrubber" reste toujours de mise (plus on déteste un parfum, plus on focalise, et plus on l'impression qu'il s'accroche à la peau au point que même le savon et la brosse ne semblent avoir raison de lui)
Julien, j'utilise aussi une bonne part d'approche rationnelle pour apprécier les parfums, mais quant à ceux que je porte pour le plaisir, mon critère reste: "est-ce que je peux y habiter". Ce n'est pas le cas de tous, même ceux que je trouve beaux spontanément. Disons que le raisonnement permet d'approfondir cette appréhension spontanée de la beauté.
RépondreSupprimerJe sens aussi la sueur dans le santal (ainsi que dans le cumin), mais justement, au lieu de me rebuter, ça me plaît! C'est aussi l'affect qui s'ajoute à la connotation qui distingue ce qu'on aime ou pas.
Pour le gingembre, c'est sans doute une question d'environnement, car il ne me rebute pas dans Un Jardin après la Mousson (même s'il s'agit là d'un parfum que je ne porterais pas parce qu'il ne me correspond pas) ou dans Déclaration (idem). Féminité du Bois, qui en a, je l'adore.
Mais en le sentant dans Lyric d'Amouage il me gêne à tel point qu'il m'a gâché le parfum. C'est peut-être l'association à la rose? Je ne sais pas.
Ahh Jubilation 25, que voilà un très beau chypre, de ceux qui me réconcilient avec cette famille que j'ai bcp porté lorsque j'étais bien plus jeune mais que j'ai abandonné il y a bien des années. J25 est sur ma peau très proche de Femme, très prune et cumin sur toute la durée, avec le chypre en contrepoint très puissant et très présent, légèrement musqué, une petite note de muguet également qui vient "printaniser" et soulever le tout. Sa tenue est de plus excellente sur moi, comme tous les Amouage d'ailleurs. J25 me donne envie de me rechypriser ces temps-ci.
RépondreSupprimerMais ma préférence, chez Amouage, va à Dia, dont je suis tombée follement amoureuse, mais si cher, bien trop cher !!! Une très très belle marque. Lyric est aussi superbe !
Lamarr, j'ai testé Lyric il y a quelques jours mais hélas, la note gingembre me le gâche -- c'est purement subjectif pour le coup!
RépondreSupprimerJe trouve en effet que J25 est le digne héritier de Femme, en plus dépouillé malgré l'opulence des matériaux.
La prune ? La prochaine fois que je ressentirai jubilation 25 et les autres grands Chypre je ferais attention, c'est une facette qui m'échappe souvent, et qui semble offrir un angle de vue intéressant.
RépondreSupprimerAvez-vous essayé Lyric femme sur le tissu ? J'ai mémoire que sur ma peau celui-ci devient une superposition d'épice, au lieu de développer la rose.
Dans le sillage que dégage lentement le tissu, les épices sont sages, et on peut distinguer divers angles de vue :
. dans les notes boisées, se dénoté quelque chose de saugrenu comme de la poudre à canon (salpetre?humidité&pourriture?)
. la rose est bulgare, relayée par un iris chaud, ?puis par le santal?
. la rose est acoquiné à sa frontière par un accord gustatif, les épices, comme liquide sans être comestible, une "rose tarte"
. si on cherche à capter le sillage de la façon la plus éloignée possible, on peut voir tout le parfum sous l'angle de la bergamote, bergamote-épices-rose, comme dans l'extrait de samsara (allez chercher la subtilité dans Samsara!)
. la rose est poudrée
. on peut jouer à deviner l'encens au travers de son léger effet allégeant (upliffting)
Et pourtant Lyric, je ne sais pas si je l'aime, j'aurais peut-être aimé sentir plus la rose.
Le mérite du parfum est de dessiner UNE belle rose de parfumerie, comparé à d'autre. Mais en dépit de quelques aspects étrange, le parfum est très classiques (excellente qualité, l'équilibre général, talent et maîtrise, mais un peu ennuyeux il vient s'ajouter aux autres ; il lui manque peut-être de se forger une identité, former une entité, comme les guerlains classiques).
Julien, tous les chypres ne sont pas prune... A part Femme (plus encore dans la version pré-1986), vous pouvez déceler la prune dans Parure de Guerlain ou dans Féminité du Bois.
RépondreSupprimerQuant à Lyric, je n'ai fait qu'un essai sur peau. Si je le ressaie je reconsulterai votre belle analyse.
Je porte aujourd'hui "Balmain" de Balmain (1998). Je ne sais pas si le jus date d'avant ou après une reformulation éventuelle, mais il me paraît "très chypre", sévère et classe, comme une balade en forêt après la pluie quand le soleil ressort et que les feuilles exhalent leurs senteurs âcres. Un chypre sec, sans fruits, et plutôt vert en tête.
RépondreSupprimerZab, Balmain est un chypre que j'ai un peu loupé: je l'ai eu et revendu sans le sentir, la honte!
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