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dimanche 5 octobre 2008

Kapsule de Karl Lagerfeld (et des Kollectors à gagner)



Désolée de ce silence prolongé. La semaine parisienne du prêt-à-porter m’a accaparée, puisque je couvrais une poignée de shows pour le webzine la-couture.com (essentiellement du petit designer pointu, belge ou japonais), sans pour autant abandonner mon gagne-pain quotidien, ce qui m’a à peine laissé le temps de dormir et de manger, à plus forte raison de blogguer.

Toutefois, j’ai rapporté des friandises du défilé de Karl Lagerfeld (pour sa marque éponyme, pas pour Chanel) : trois énormes miniatures de 5 ml de son nouveau trio d’eaux de toilette, Kapsule, qui seront lancées dans les jours qui viennent (on les trouve pour l’instant chez Colette).

Tout comme Karl aime injecter ses propres choix vestimentaires dans ses collections féminines – chemises blanches empesées, serre-tailles en cuir vernis noir qui tiennent le corps, bracelets et parures de main en dentelle noire métallique d’Erik Halley – Kapsule joue sur les limites du masculin-féminin. Les trois parfums sont conçus pour les deux sexes, en dépit des notes florales de deux d’entre eux. Et tous trois peuvent être superposés, ce qui nous fait sept parfums pour le prix de trois : bien vu.

L’idée d’un trio de parfums à superposer n’est pas entièrement nouvelle, puisque dès 1994, Claude Montana lançait Eau d’Or, Eau d’Argent et Eau Cuivrée dans sa collection Suggestion. Le concept pose quelques problèmes techniques : chaque parfum doit tenir tout seul mais se combiner harmonieusement à un, ou deux autres. Problème supplémentaire dans le cas de Kapsule, Coty en a confié la composition à trois auteurs différents : Mark Buxton et Emilie Coppermann de Symrise pour Light et Floriental respectivement, et Olivier Cresp de Firmenich pour Woody. Buxton (créateur de plusieurs Comme des Garçons) et Coppermann (Eau de Lalique, Brit Pur) ont déjà travaillé ensemble sur Paco Rabanne Black XS pour femme. Olivier Cresp est l’auteur de méga-best-sellers comme Angel et Light Blue ; il a également composé le Black XS original. Bref, une distribution assez impressionnante.

Les flacons, des carrés de verre coloré don’t le bouchon se situe à un angle, sont, a-t-on appris par Octavian de 1000fragrances , directement « inspirés » de ceux de Mon Âme, lancé en 1925 par Ybry. Lagerfeld, grand connaisseur d’Art Déco (qu’il a longtemps collectionné), n’en ignore sans doute pas l’existence, mais motus : ils sont censés ressembler à des livres (qu’il collectionne toujours avidement).

On ne sait pas grand-chose de l’apport du grand K. aux parfums eux-mêmes, bien qu’il se prête avec son brio et son esprit habituels à leur promotion : dans une interview donnée à L’Express, il nous apprend qu’il alterne entre Iris Nobile d’Acqua di Parma et un mélange de Shalimar et d’un parfum Comme des Garçons qu’il ne nomme pas. Plus jeune, dit-il, il portait Moustache de Rochas (composé par Thérère Roudnitska), ainsi qu’Iris Gris et Green Water de Jacques Fath (tous deux signés Vincent Roubert). Son premier parfum, le masculin Classic, a été lancé en 1978 : Lagerfeld dit avoir cessé de le porter lorsqu’il s’est mis à le sentir sur tout le monde (on le comprend). KL (1982), Photo (1990), Sun Moon Stars (1994), Jako (1997), Lagerfeld Femme (1990) et Lagerfeld Homme (2002) ont suivi: je n’en ai hélas senti aucun, ce qui m’empêche de déceler un fil conducteur olfactif estampillé Lagerfeld.

Et alors, qu’en est-il des parfums eux-mêmes ?

Bien que j’admire énormément le personnage, ses aphorismes délicieux et son génie du copier-coller, je ne m’attendais pas à grand-chose de la part de Coty (les deux parfums de Sarah Jessica Parker sont réussis, mais pas fracassants).

Mais les trois Kapsule sont franchement bien, dans le style grand public. Manifestement, Serge Lutens et Frédéric Malle n’en feront pas des migraines – telle n’était pas l’intention, d’ailleurs. Et les compositions correspondent assez bien aux noms génériques qu’elles affichent : Light, Floriental et Woody.

Light de Mark Buxton, le préféré de Lagerfeld, pourrait faire croire, vu son nom, qu’il s’agit d’une espèce d’eau de Cologne, mais ce n’est pas le cas de ce jasmin épicé de clou de girofle et de muscade, avec un soupçon d’orange amère. L’effet produit est celui d’un Jasmin de Nuit allégé et légèrement virilisé, creusé en son centre d’une note florale verte un peu muguet qui rappelle celle du Beige de Chanel (là s’arrête cependant la similitude). Plus je le porte, d'ailleurs, plus je le trouve exquis, beaucoup plus sur peau que sur touche : léger, certes, mais assez entêtant pour que je me demande périodiquement d'où monte cette odeur florale un peu moite...

Floriental d’Emilie Coppermann prend le relais de cette note verte un peu piquante au nez, qui pourrait être la feuille de lierre citée dans les notes : cette verdure s’ouvre sur un accord violette et thé noir. Ni l’une ni l’autre ne sont extrêmement prononcés (le thé noir n’est pas fumé comme celui de Bulgari Black, par exemple). Je pourrais jurer qu’il y a un peu d’ambre dans les notes de fond (ce qui paraît logique pour un oriental), mais l’ensemble colle assez bien au brief « unisexe ».

Woody d’Olivier Cresp liste la prune et le cèdre (déjà combinés dans Féminité du Bois de Pierre Bourdon pour Shiseido) : s’y ajoute une note sucrée-fumée qui pourrait être du benjoin. Il démarre sur des notes acidulées (la prune) et vire très vite au sucré. Le cèdre, peut-être celui du Virginie avec son odeur de rognures du crayon, s’affirme au bout de quelques minutes, pour s'adoucir au fil des heures et prendre de la rondeur.

Tous trois doivent être appliqués assez généreusement pour développer du sillage, étant donné leur concentration eau de toilette : ce sont des compositions assez simples, mais qui restent évolutives. Jusqu’ici, je me range à l’avis de Karl : Light arrive en tête du trio. Mais je n’ai pas encore essayé de superposer : suite au prochaine épisode. Cela dit, l'odeur qui monte des trois touches posées à côté de mon ordinateur est, ma foi, assez agréable pour me donner espoir...

En attendant, je me propose de procéder à la première distribution de prix de Grain de Musc : précisez que vous souhaitez y participer dans vos commentaires, et ma Siamoise Jicky tirera au sort le nom de celui ou celle qui recevra le trio de minis Kapsule, directement du podium !

13 commentaires:

  1. hum je demande à voir. N'y a t'il pas eu un parfum a une epoque lancé par H et M , et lagerfeld ? ou qq chose comme ça ?

    et pour l'election ? de quoi s'agit'il ?

    heureuse de te lire a nouveau en apparté

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  2. Si, et j'ai complètement oublié: c'est L'Eau de Karl, lancée par H&M en même temps que sa collection pour la marque, celle qui s'est arrachée en cinq secondes. Je dois dire que je trouve le nom drôle mais pas très heureux. "Qu'est-ce que tu portes?" "Eau de Karl." Naaan.

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  3. Bonjour,
    Vous avez cité Iris Gris. Celui-là en tout cas fait rêver... Avez-vous des nouvelles de sa réédition?
    Merci pour votre très beau blog.

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  4. Bonjour Senga. Aucune nouvelle d'Iris Gris pour l'instant... Hélas!

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  5. Oui, je me souviens que KL avait lancé son Eau de Karl chez H&M, lors de la première collaboration de la marque avec de grands couturiers. Je n'avais pas réussi à mettre la main sur un seul flacon, ils avaient dû s'arracher encore plus vite que les chemises blanches à col rigides.

    Très bonne idée ce tirage au sort ! Komment k'on participe ?

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  6. Salut,

    Le personnage est impressionnant,
    on ne peut pas dire que Karl manque d'originalité.
    Par contre au niveau de ses fragrances, aux premiers abords, je n'étais pas du tout intérressé.
    Après lecture de votre article,
    je ne peux vous cacher que j'ai hate de les découvrir.
    A partir de quand sortiront elles en province?
    Pour le tirage au sort, comment y participer?

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  7. Lamarr, pour participer, c'est tout bête, il suffit de marquer son intérêt dans un commentaire. Je mets les noms sur des bouts de papier, et c'est la Siamoise Jicky qui en tirera un dans sa petite gueule, ou du bout de la patte. Ensuite, j'annonce le gagnant, qui m'écrit avec son adresse, et j'envoie le colis!
    C'est un principe très souvent utilisé par les blogs anglo-saxons, visiblement pas en France...
    Tu es inscrite (mais évidemment, tu pourras les sentir sur mes propres échantillons).

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  8. Anonyme, pour la façon de participer au tirage, voilà, c'est fait, vous êtes inscrite(voir ci-dessus ma réponse à Lamarr).
    Le trio Kapsule sortira le 20 octobre.

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  9. Je ne connais pas vraiment les parfums Karl Lagerfeld. J'ai eu KL à sa sortie en échantillon, je n'avais alors pas aimé mais je n'ai pas de souvenir précis. Il ne faut pas avoir d'à priori d'autant qu'il aime iris gris, shalimar , iris nobile...
    Je veux donc bien participer au tirage au sort.

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  10. Senga, c'est sûr, le moins qu'on puisse dire, c'est que M. Lagerfeld a très bon goût en matière de parfums. Vous êtes dans le tirage!

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  11. Il me semble qu'en province ces Kapsules seront une exclusivité Marionnaud.
    Moi aussi votre article m'a donné envie de les découvrir, merci!
    Sinon, pouvez-vous glisser mon nom dans l'urne?

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  12. Oups, Chiharu, trop tard, le tirage est terminé depuis mercredi le 8! J'en referai d'autres... Merci d'avoir fait un saut!

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  13. Merci quand même et bravo pour ce superbe blog!

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