Une vague de “fausses eaux” déferle dans les rayons des parfumeries ces derniers temps: des compositions hespéridées scintillantes qui flattent le goût contemporain pour des senteurs légères et transparentes tout en ajoutant un peu de corps et de ténacité aux eaux de Cologne traditionnelles. On ne va pas s'en plaindre -- tant qu'à jouer sur le propre, autant que ce soit via les agrumes que dans le registre lessiviel...
La structure citrus-fleurs-mousse de L’Eau Mixte, hommage de Patricia de Nicolaï aux parfums de la Sicile et premier produit explicitement « à partager » de la maison, tire la composition vers les grands chypres hespéridés de la fin des 60s inaugurés par Eau Sauvage. À cette différence près que c’est autour d’un accord pamplemousse et rose – le pamplemousse accentuant les facettes agrumes de la rose et la rose adoucissant les aspérités du pamplemousse – que se construit L’Eau Mixte. L’accord a certes été plusieurs fois mis en valeur par Jean-Claude Ellena, d’In Love Again pour Yves Saint Laurent en 1998 à sa récente Eau de Pamplemousse Rose pour Hermès : Patricia de Nicolaï le travaille autrement, de façon sans doute plus classique, mais également plus ample et veloutée, où la mousse de chêne confère à la rose des réminiscences du défunt Parure de Guerlain.
Comme le Ninfeo Mio d’Annick Goutal avec lequel il partage une note de tête de bourgeon de cassis, dont la verdeur est ici soutenue par un brin de menthe – la facette soufrée du cassis bourgeon renforçant celle du pamplemousse – L’Eau Mixte est donc en réalité un vrai parfum déguisé en eau fraîche. Bien que l’effet hespéridé soit soutenu jusque dans les notes de fond par la facette pamplemousse du vétiver, c’est un cœur floral rose-jasmin, transparent mais assez charnu, qui se déploie en cœur, réchauffé de cannelle. Le sillage est discret, mais pour un hespéridé, la ténacité est excellente.
L’Eau Mixte n’est pas d’une originalité époustouflante – d’ailleurs il n’y prétend pas – mais cette variation en tons pastel sur les chypres hespéridés est parfaitement équilibrée et remarquablement agréable à porter. Les Parfums de Nicolaï proposent également un parfum d’ambiance autour du même accord, Un Soir en Sicile.
Si vous souhaitez découvrir L’Eau Mixte, laissez un commentaire : j’ai deux échantillons à tirer au sort.
Illustration: Sicile de Nicolas de Staël (1954)
j'ai beaucoup aimé l'eua de pamplemousse rose, tres "vraie", à voir sur celle ci qui se veut plus veloutée, donc peut etre moins "amere" ?
RépondreSupprimerCela me semble un parfum idéal pour les beaux jours...et voilà que je rêve à un vrai échantillon de "faux de Cologne"... ;)
RépondreSupprimerM.alizarine
Vero, j'adore aussi le pamplemousse de JCE. Celle-ci est en effet un peu plus charnue et la base mousse-vétiver lui donne plus de ténacité.
RépondreSupprimerM.Alizarine, il n'y aura pas de quoi s'inonder, mais ça donne une petite idée!
RépondreSupprimerÇa fait longtemps que je cherche In Love Again, mais il est devenu introuvable, c'est assez bizarre ce flop, d'après les descriptions il semble dans l'air du temps.
RépondreSupprimerClochette, en effet... Ce n'est pas un parfum qui a attiré mon attention à l'époque: je ne le trouvais pas très Yves Saint Laurent. Mais je crois qu'il a dû être assez influent.
RépondreSupprimerIn love again n'a pas été un flop
RépondreSupprimerc'était un one shot, un courte durée de vie...et malgrè son succès, YSL Parfums a tout de même décidé de le retirer du marché...Il a été copié qqs fois et a effectivement lancé une tendance sur accords (avec la feuille de tomate pour centre)
Anonyme, merci de cette précision. Il me semble aussi qu'il a été réédité à un moment donné? En tous cas, cela ne m'étonne pas qu'une composition de Jean-Claude Ellena ait été, une fois de plus, la matrice d'autres parfums.
RépondreSupprimerIl me semble que les adeptes de In Love Again pourraient être séduites par Rose Ikébana d'Hermes ?
RépondreSupprimerPour l'été, pourquoi pas aussi par ce faux de cologne ! Une belle et fine création en effet, grâce a une matière magique très finement travaillée et miXte.
Méchant Loup, en effet, Rose Ikebana s'inscrit dans cette série -- je ne l'ai pas nommée car je ne voulais pas multiplier à l'infini les références à JCE dans un post consacré à Mme de Nicolaï!
RépondreSupprimerPourquoi pas, Méchant loup? la réponse est simple: pour le prix! A l'époque où je cherchais ce genre de parfum, j'avais finalement jetté mon dévolu sur Amethyst.
RépondreSupprimerUne nouvelle reussite de cette estimable maison, semble-t-il; j'espere etre tiree au sort pour pouvoir tester: une cologne qui tient, cela m'intrigue...
RépondreSupprimerClochette, le prix est en effet un obstacle... heureusement bien moins difficile à franchir chez PdN.
RépondreSupprimerLaurinha, votre nom est dans le chapeau!
RépondreSupprimerTrès interessant et tjs bien travaillé ce que fait patricia de nicolaï.
RépondreSupprimerje me demande aussi ce que donnera Orange Star de Andy Tauer dans la lignée des hespéridés ...
Annoucheka
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerAnnoucheka, je ne suis pas beaucoup le travail d'Andy Tauer qui n'est pas très facile d'accès à Paris, donc je ne peux pas me prononcer...
RépondreSupprimerJe veux bien être dans le chapeau moi aussi pour l'échantillon.
RépondreSupprimerMerci.
Mademoiz'aile, c'est noté!
RépondreSupprimerFaux de Cologne, vrai parfum? Voilà qui est effectivement bien plus tentant que les lessives en flacon chic.
RépondreSupprimerJe me rends compte que je n'ai au bout du compte jamais glissé le nez sur un parfum de Nicolaï, malgré tout le bien qu'on en dit. Je suis d'ordinaire partisane du "qu'importe le flacon", mais là... j'ai du mal. Ce qui est quand même parfaitement idiot. Merci de ce rappel salutaire!
Sixtine, non, sérieusement? Alors déjà, commencer par Le Temps d'une fête, Odalisque, New York, Sacrebleu. Allez, hop!
RépondreSupprimerTrès beau papier, mes employeurs sont ravis.
RépondreSupprimerC'est une belle Eau en effet.
J'ai toujours le dernier Tauer pour toi.
Rebecca, tant mieux même si ce n'est pas pour cela que j'ai écrit ce papier! Et, oui, je n'ai pas oublié l'échantillon du Tauer -- je le prendrai dès que je passe dans le quartier!
RépondreSupprimerJe sais bien, je connais ton intégrité.
RépondreSupprimerJe note, merci pour le devoir, m'dame! ;)
RépondreSupprimer(Sacrebleu déjà en chemin, les autres vont suivre... au fait, sais-tu s'il y a une différence olfactive entre la version classique et la concentrée de Sacrebleu?)
Sixtine, non, pas vraiment... Désolée!
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