Quel diable possède donc Guerlain ? Le dernier parfum « exclusif » de la maison des Champs s’appelle La Petite Robe Noire, vêtement plutôt emblématique, aux dernières nouvelles, de la maison de la rue Cambon. Et comme le fait remarquer Octavian Coifan, le jus lui-même est tout sauf noir – à moins que ce noir évoque celui du défunt Black Cherry Vanilla Coke. Pour lui, c’est du fuchsia ; je dirais plutôt rouge griotte. Kif-kif.
Les parfums de Guerlain ont toujours été trop narratifs pour se prêter à la stylisation abstraite de la petite robe noire. Et malgré l’exposition, au premier étage du 68 des Champs Élysée, des ravissantes robes de la boutique éponyme de Didier Ludot – vintage et reproductions – le nouveau Guerlain n’est pas tant un vêtement qu’une pâtisserie. Nettement plus proche de la gourmande Marie-Antoinette de Sofia Coppola que de la Holly Golightly campée dans Audrey Hepburn.
Il est vrai que depuis quelques temps, la maison donne avec un certain bonheur dans le style pâtissier : les Élixirs Charnels d’Aurélien Guichard sont comme saupoudrés du sucre du même nom ; L’Instant et Insolence de Maurice Roucel, Iris Ganache et Quand vient la pluie de Thierry Wasser, sans oublier le Spiritueuse Double Vanille de Jean-Paul Guerlain, ont tous cette qualité comestible et fondante, privilégiant souvent le fruit rouge, l’amande et la violette, qui pourrait aisément se traduire en dessert (avec le mojito de Guerlain Homme, on a déjà l’apéro).
La Petite Robe Noire est un macaron qu’on pourrait trouver en traversant les Champs, chez Ladurée. Après un départ fruits rouges acidulé qui met littéralement l’eau à la bouche, elle gagne en complexité avec une confiture rose-violette-framboise, prise en sandwich entre deux biscuits vanille-réglisse-amande. Une fois que c’est dit, il n’y a pas grand-chose à ajouter. L’ensemble est bien équilibré – cette tenue des notes est très Guerlain – et extrêmement gai, à la façon d’Insolence Eau de parfum. Mais la composition mérite-t-elle un lancement séparé, dans un flacon différent – encore une manifestation de la prolifération métastatique de la maison – alors que, comme le souligne Octavian, on a la sensation d’un nouveau flanker ?
Les vendeuses du 68 disent qu’on ne leur a pas communiqué le nom du parfumeur, mais des sources comme la newsletter Fashion Daily Style attribue LPRN à la directrice de création de Guerlain, Sylvaine Delacourte, avec une jeune parfumeuse de Drom Fragrances, Delphine Jelk (qui a récemment signé les numéros 7 et 8 de Bill Blass Couture). Qu’a-t-on fait de Thierry Wasser, annoncé à grande fanfare comme le nouveau parfumeur maison de Guerlain ? D’autant que ni l’un ni l’autre des deux nouveaux flankers annoncés, Eau de Shalimar Flower et Mitsouko Fleur de Lotus, ne lui sont attribués… Mystère.
Par ailleurs, le flacon testeur de la réédition hors de prix du Champs Elysée de 1914 peut être sentie (elle est dans un placard). L’effet est… surprenant. Iris. Civette. Tellement de civette qu’on a l’impression d’avoir le nez collé sur l’arrière-train de la bête. J’imagine difficilement les collectionneurs qui ont payé 10 000 euros pour le sublime flacon tortue en cristal de Baccarat s’asperger de ce qui ressemble à une sœur cadette de Jicky – celle qu’on a enfermée dans une cage, dans la cave du château.
Comme vous l'avez si bien dit Denyse, j'aime beaucoup la gaieté et le charme insouciant de ce parfum.
RépondreSupprimerPar contre rien ne m'évoque un flanker, cette Petite Robe Noire a son petit caractère! :-)
Fruitée-gourmande c'est vrai, mais à bonne distance j'ai trouvé le sillage floral-rose...
Concernant le mystère Thierry Wasser, j'imagine que ses créations sortiront dans les mois à venir.
Les sorties actuelles étaient certainement prévues depuis longtemps.
Bonne journée!
Elcé, il est vrai que la perception de cette Petite Robe est très différent selon qu'on colle le nez dessus (il est alors très sucré) ou qu'on sent le sillage plus plus loin (je sens alors plutôt amande-violette avec un fond plus sombre).
RépondreSupprimerFlanker n'est pas tout à fait le mot idéal (en anglais, j'ai écrit "flanker-ish", "genre flanker", sans qu'on sache de quoi au juste... Il est apparenté à plusieurs nouveaux Guerlain, mais avec un fruité beaucoup plus réaliste.
bonjour, vous parlez de flanker à venir, Eau de Shalimar flower entre autres, savez-vous si l'Eau de Shalimar, flanker sortit en avril 2008 est voué à être éphémère et disparaître, prochainement?
RépondreSupprimerSoph, c'est un grand mystère. L'Eau de Shalimar a d'abord existé dans une formule différente signée Mathilde Laurent, Shalimar Light. A priori, ce nouveau flanker ne devrait pas remplacer le précédent mais s'y ajouter. Je tâcherai de me renseigner.
RépondreSupprimerIl me semble avoir entendu dire que Sylvaine Delacourte aimait beaucoup Delphine Jelk, une jeune Suisse qui travaille pourtant dans une petite maison de parfums peu habituée à servir Guerlain (Drom) et de plus à New-York !
RépondreSupprimerL'accord de base de cette petite robe noire devait être travaillé depuis un moment déjà, peut-être même avant l'arrivée de Thierry Wasser ?...
Un parfum de fillette rose bonbon, pas vraiment mon style mais effectivement ca doit plaire au "critique" de parfum! LOL
RépondreSupprimerJeanne, merci de la confirmation pour Delphine Jelk (les sources ne sont pas nombreuses)-- j'entends beaucoup parler de Drom ces temps-ci.
RépondreSupprimerEffectivement, le parfum pouvait être prévu depuis avant l'arrivée de Thierry Wasser, mais en tous cas, le style "pâtissier" semble être bien établi.
IIA, c'est vrai qu'il est assez girly (le parfum, je veux dire), mais on est quand même plus près de Pierre Hermé que de Chupa-chups...
RépondreSupprimerSupergrav, c'est pas le tout de créer des blogs, il faut les remplir ensuite! LOL!
RépondreSupprimer"critique" de parfum, de toutes facons j 'ai pas le temps en ce moment, entre des mecs dans tous les sens et une vie professionnelle dementielle, alors effectivement contrairement a toi je n 'ai pas le temps de passer mes journees avec les pauvres filles de Beaute-Test ou de sortir des platitudes comme les tiennes sur un blog!
RépondreSupprimerBon, on ne se crêpe pas le chignon dans ma maison.
RépondreSupprimerElcé, on fait des blogs pour le plaisir (pour la plupart d'entre nous), donc quand on peut -- et on n'a pas forcément des horaires de salariés qui nous donnent le loisir de nous y consacrer régulièrement, malgré nos bonnes intentions. (je n'ai pas pris votre commentaire pour moi, cela étant dit).
Garde Rose/Supergravity, je ne suis pas très souvent sur Beauté-Test, mais les deux personnes que j'y ai rencontrées dans la vraie vie sont des femmes très bien (dont une vraie amie que tu connais bien aussi), je suppose qu'elles ne sont pas les seules à l'être. Les communautés online, c'est comme partout... Des nunuches, des amours, des pestes, des inspiré(e)s, des cliques, des amitiés... Who cares?
les forums sont effectivement un mix, souvent quelques petits amours pour une grosse majorite de petites merdes pour aller avec; je ne vais jamais sur Beaute Test mais d 'apres ce que j 'ai compris les "filles bien" n 'y vont plus, enfin c 'est ce que j 'ai cru avoir compris.
RépondreSupprimerAlors, cette petite robe noire, testée hier, n'est pas du tout à ma taille ! C'est une robe de jeune fille, au look très girly. La robe n'est pas noire d'ailleurs, elle est rose bonbon et cerise amarena saupoudrée de sucre glace, avec en broche une petite violette bien sucrée elle aussi. Et moi j'aime me glisser dans de vraies robes noires, à ma taille, plus Didier Ludot qu'Etam (le logo de LPRN du Guerlain me fait fort penser à cette marque). Bref, trop de sucre, trop de fruits rouges (j'y perçois aussi la groseille et la framboise), un jus qui poisse un peu et colle aux doigts. Le sillage, je suis d'accord avec Carmen, est un peu différent, mais c'est certain, avec LPRN, Guerlain ne me fera pas changer de garde-robe. Je reste dans mes vrais fourreaux ;-)
RépondreSupprimerLamarr: idem pour moi, je garde mes robes noires vintage... Ce qui me perturbe le plus dans tout ceci, ce n'est pas tant que Guerlain lance des parfums adaptés aux goûts des jeunes filles (ou de celles qui rêvent de le rester) mais que la maison parte dans tant de directions à la fois -- il me semble qu'Insolence (au demeurant excellent) suffisait largement à séduire une clientèle plus férue de sucreries, et que cette PRB ne méritait pas forcément son statut exclusif.
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