Si l’Andalouse du Maja de Myrurgia est mythique en Espagne, ce n’est pas uniquement parce qu’elle figure sur l’étiquette des célèbres savonnettes. Son modèle, la danseuse Carmen Tortola Valencia, est elle-même une légende dans la péninsule ibérique.
Née en 1885 dans le faubourg populaire de Triana, à Séville, Carmen Tortola Valencia grandit à Londres où ses parents ont émigré lorsqu’elle avait trois ans. C’est à Londres qu’obligée de gagner sa vie, elle débute dans le théâtre des variétés en 1908. Mais c’est à Paris qu’elle découvre, l’année suivante, les grandes danseuses américaines Loïe Fuller et Isadora Duncan, dont elle sera l’émule.
Considérée comme l’une des plus belles femmes d’Europe, éminemment cultivée, peintre à ses heures, Tortola Valencia étudie les danses traditionnelles d’Afrique, d’Orient et d’Inde pour s’inspirer. Surnommé « la danseuse aux pieds nus » par le poète Ruben Dario, elle choque et fascine tant par ses chorégraphies sensuelles – comme « La Danse de l’encens »-- que par sa vie privée libre et scandaleuse. On lui prête de nombreuses conquêtes, du prince de Galles au roi Alfonso XIII en passant par le poète italien d’Annunzio ou le peintre espagnol Ignacio Zuloaga qui fit son portrait en 1914, et même des fiançailles, vite démenties, avec le marquis de Vinént (qui était en fait homosexuel). Mais son véritable amour, elle le vit avec Angeles Vila-Magret, qui demeurera sa compagne jusqu’à sa mort à Barcelone en 1955.
Bouddhiste, végétarienne, lesbienne, la flamboyante Tortola Valencia devient la muse des artistes et des poètes espagnols comme Ruben Dario, Pio Baroja, Miguel de Valle-Inclan et Raul Gomez de la Serna, qui lui consacrent des poèmes.
C’est en 1918 qu’un portrait de Tortola Valencia, coiffée du peigne et de la mantille traditionnels des majas espagnoles, inspire le design de l’étiquette des parfums Maja de Myrurgia. Sa silhouette cambrée, parée de rouge et de noir, sera maintes fois modernisée par la marque, estompant peu à peu les traits piquants de l’original. Curieuse façon pour celle qui fut en son temps « La Reina del Baile » de survivre à l’oubli auquel la danse, art éphémère où tant de génies féminins se sont illustrés, succombe par sa nature même.
Image: Carmen Tortola Valencia en maja (1918)
Tres interessant! ~et aussi c'etait l'inspiration d'une histoire de Conan Doyle.
RépondreSupprimerLa forme curvaceuse en valeur!
C'est curieux, E., j'ai beaucoup lu les aventures de Sherlock Holmes quand j'étais petite et je n'en ai aucun souvenir. Laquelle?
RépondreSupprimerOh, c'est naturel; c'etait pas dans Shelrock, c'etait dans des memoires de voyages (en service medecin). ;-)
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