Dernier samedi de juin, premier samedi des soldes et, surtout, jour de la Gay Pride… Autant dire que la boutique de L’État Libre d’Orange, où j’ai donné rendez-vous à Gaia, une bloggeuse beauté américaine de passage à Paris (The Non-Blonde), est pratiquement tout aussi désertée que le reste du Marais. À peine si l’on voit se croiser deux Juifs orthodoxes et un couple de gays cuir qui boycottent le cortège. Gaia et moi avons donc la boutique pratiquement à nous, et pouvons longuement sentir sept ou huit des eaux de parfums, tranquillement assises devant la longue table en verre noir où sont disposés les flacons testeurs.
Sur les sept ou huit que nous avons senties, l’une des compositions retient plus particulièrement notre attention : Rien.
Rien n’est pas rien, forcément. En est-il pour autant, comme l’affirme le site web de l’État Libre d’Orange, « le charisme absolu, le charme à l’état pur », créant « une sensation d’addiction » ? Pas forcément. Peut-être à cause de la chaleur estivale, la sensation "mohair" et "poudrée" qu'évoque le dossier de presse ne m'est pas apparue. Je dirais même que l'effet m'a paru tout contraire...
Gaia dit très vite qu’elle songe à Bandit de Robert Piguet. Elle a raison. Mais alors, un Bandit amputé de son envolée verte et de son cœur floral, Bandit passé au four, dont il ne resterait pratiquement que l’ossature cuir-mousse de chêne. Un cuir sec, presque carbonisé, sans notes gourmandes-enfantines greffées comme dans plusieurs des Éld’O, à peine adouci par une allusion à l’ambre ; même la vanille tire ici sur le caramélisé. La rose qui remplace ici les agrumes généralement utilisés en notes de tête des cuirés traditionnels (par exemple Knize Ten) a un rendu un peu acide, rendu encore plus métallique par sa contiguïté à l’iris et l’usage discret d’aldéhydes. Le poivre noir, avec sa note poudre à fusil, renforce l’impression de brûlé, tout comme le styrax pyrogéné (c’est-à-dire cuit).
Le résultat est le cuir le plus sec que j’aie senti : à la fois carbonisé et étrangement immatériel. Une fumée de cuir, en somme. Donc presque rien.
Sur les sept ou huit que nous avons senties, l’une des compositions retient plus particulièrement notre attention : Rien.
Rien n’est pas rien, forcément. En est-il pour autant, comme l’affirme le site web de l’État Libre d’Orange, « le charisme absolu, le charme à l’état pur », créant « une sensation d’addiction » ? Pas forcément. Peut-être à cause de la chaleur estivale, la sensation "mohair" et "poudrée" qu'évoque le dossier de presse ne m'est pas apparue. Je dirais même que l'effet m'a paru tout contraire...
Gaia dit très vite qu’elle songe à Bandit de Robert Piguet. Elle a raison. Mais alors, un Bandit amputé de son envolée verte et de son cœur floral, Bandit passé au four, dont il ne resterait pratiquement que l’ossature cuir-mousse de chêne. Un cuir sec, presque carbonisé, sans notes gourmandes-enfantines greffées comme dans plusieurs des Éld’O, à peine adouci par une allusion à l’ambre ; même la vanille tire ici sur le caramélisé. La rose qui remplace ici les agrumes généralement utilisés en notes de tête des cuirés traditionnels (par exemple Knize Ten) a un rendu un peu acide, rendu encore plus métallique par sa contiguïté à l’iris et l’usage discret d’aldéhydes. Le poivre noir, avec sa note poudre à fusil, renforce l’impression de brûlé, tout comme le styrax pyrogéné (c’est-à-dire cuit).
Le résultat est le cuir le plus sec que j’aie senti : à la fois carbonisé et étrangement immatériel. Une fumée de cuir, en somme. Donc presque rien.
Image: Giorgio de Chirico, Mobili nella stanza (1927), courtesy Rai International Online.
oui, un cuir sans concession et ça fait du bien
RépondreSupprimermerci pour cette review
Je vois que j'ai une âme soeur dans l'amour des parfums cuirés. Quels sont vos autres préférés?
RépondreSupprimerJ 'adore les cuirs! Les cuir cuir, les cuir chypres (Empreinte, Sikkim)...J 'ai pas teste Rien mais suite a vos ressentis j ' en ai terriblement envie du coup. J 'aime surtout Tabac Blond mais l 'ancien d 'il y a au moins une quinzaine d 'annees et les beaucoup plus vieux encore, parce que le nouveau c 'est carrement de la pisse de chat, Cuir de Russie aussi bien sur. Je connais mal Bandit, j 'ai deux decants mais je les porte jamais, il me faudrait les retester.
RépondreSupprimerMaintenant je suis en train de me dire que mon ami gay aimerait peut-etre. Oh oui! je sens qu 'il va aimer ca...je l 'imagine sur sa grosse moto habille de cuir des pieds a la tete et parfume avec un cuir tres sec et sans fleurs...
Je me demande s 'ils ont un programme d 'echantillons sur leur site, ca m 'arangerait mieux que d 'aller chez Henri Bendel, les vendeurs m 'agacent la-bas vous pouvez pas savoir a quel point!
emmanuella
Disons que j'aime les cuirés à egalité avec les ambrés, je n'arrive pas a avoir une preference
RépondreSupprimerpour les cuirés, ceux que je porte sont sans ordre de preferences:
des cuirs bruts, animaux aux cuirs plus gourmands voire fleuris épicés, ou sensuel, charnels...
- Peau d'Espagne de Santa Maria di novella lourd, sombre, bitumeux
- Cuir ottoman des parfums d'Empire
- Dzing de l'Artisan
- bel ami d'Hermes
- Knize Ten
- Cuir Mauresque de Lutens
- Bandit de Piguet
- L'anarchiste de Caron
- Tabac blond de Caron, j'aime beaucoup les cuir tabac
- Cuir de Russie de Chanel
- Royal English leather de Creed
- Gomma d'Etro
- Derby de Guerlain
- Doblis en extrait d'Hermes
- Cuir de Lancôme
- Sikkim de Lancôme
- Parfum d'habit de Maitre Parfumeur et gantier
dans les cuirs plus doux, voire
feutrés, ou veloutés selon.
- Jolie Madame de Balmain
- Cuir amethyste d',Armani
- Cuir beluga de Guerlain, plus gourmand vanillé que cuir, mais avec un aplat velouté daim
- Daim blond de Lutens
- kelly caleche d'hermes
voilà un petit aperçu de ma passion du Cuir ;)
Emmanuella, il me semble qu'à un moment donné on pouvait acheter un jeu d'échantillons, mais je n'ai pas demandé... S'il aime le cuir, ça pourrait lui plaire, c'est sûr.
RépondreSupprimerHoula, Véro, vous en avez encore plus que moi : je ne compte pas les échantillons, car dans ce cas-là, j'ai presque toute votre liste, y compris le rarissime Doblis. Mais j'ai un faible pour Cuir de Russie (celui de Chanel) et Bandit. Ceux-là sont tout en haut de ma liste de parfums préférés!
RépondreSupprimeroui c'est un peu la folie je l'avoue, mais il est difficile de trouver de beaux cuirs parmis les inombrables parfums proposés dans la parfemerie actuelle, pour les ambrés, catastrophe, la liste doit encore etre plus longue ;)
RépondreSupprimerBon si je devais classer ces cuirs en un top 5...je vais essayer en commençant par mes grands absolus pour reduire, reduire et encore reduire:
1/ tabac blond, impossible de m'en passer, mon coup de foudre absolu en cuiré fumé, ainsi que la patte Caron à l'ancienne, je ne connais pas la nouvelle version
2/ Bel ami , pourquoi chercher dans les nouveautés ? , ce cuir est magnifique
3/ Doblis que je porte en extrait, j'ai rarement eu un coup de foudre aussi intense
4/ Cuir de Lancôme, reedition, je ne connaissais pas l'ancienne version mais celui ci est tres reussi
5/Peau d'Espagne, etrange, repulsif au 1er abord mais si addictif
un petit 6éme? Cuir ottoman, cuir tres sensuel,voire gourmand, péché de chair...à la limite de la luxure...
Vous avez raison, Vero, la famille cuir n'est pas très étendue et on n'y a pas ajouté grand chose ces dernières années. Curieusement, alors qu'en théorie, je devrais être folle de Tabac Blond, je n'ai jamais accroché. Peut-être parce qu'il me rappelle trop Habanita (il n'est pas du tout pareil, ils ont juste une "vibration" semblable) et que j'ai porté Habanita pendant dix ans. Il est trop associé à ma jeunesse mouvementée! C'est une mauvaise excuse, mais voilà...
RépondreSupprimerLes cuirs ont également mes faveurs ! Je ne saurais les classer par ordre de préférence, parce que, pour diverses raisons, je les aime tous, mais voici mes favoris :
RépondreSupprimer- Royal English Leather, la souplesse et le moelleux d'un cuir gold, anglais, fleuri, délicat.
- Tabac Blond (en extrait) : un bond dans le temps, un cuir racé, androgyne et assez râpeux
- Knize Ten : un cuir classique, craquant, au départ assez âcre et râpeux mais qui sur ma peau se fait tout doux au fil des heures
- Cuir Mauresque : le cuir opulent, oriental, somptueux
- En Avion : un cuir tout en délicatesse et bouquet floral, très poudré début XXe, crémeux à souhait
- Peau d'Espagne : le cuir brut, âpre, qui sort de la tannerie, un jus liqueur qui se fait doux également sur ma peau
- Bandit : hélas la formule rééditée est assez pâlote, mais un cuir classique, assez vert
- Cabochard : idem que pour Bandit
- Cuir de Lancôme : idem
- Aoud Cuir d'Arabie : ah celui là ! Très étonnant, déstabilisant, un cuir de scelle de cheval alezan, un pur sang arabe, une visite aux écuries, rugueux, fougueux, âpre, lourd, c'est une sacrée expérience.
- Sikkim : sa nouvelle formulation me laisse tellement perplexe.
- Daim Blond : l'effet matière du daim, l'impression d'être lovée dans une veste en daim,douce, poudrée, légèrement sucrée.
- Violette et le Gantier : ici aussi un daim plus qu'un cuir, tout léger, aérien, poudré, soutenu d'une violette transparente, légèrement sucrée, douce et assez cosmétique. Discret, mais joli.
- Bel Ami : sublime, mais il a ce je ne sais quoi de "trop" à mon nez.
J'ai des flacons ou des échantillons de tous ces parfums, Lamarr, mais je n'ai pas encore tout testé car j'ai bien d'autres amours! Dans les rééditions, le Cuir de Lancôme est extrêmement différent de l'original mais je l'aime beaucoup. Bandit tient finalement assez bien la route: les derniers flacons sont fabriqués en France et la qualité différente de l'alcool fait mieux ressortir les notes, mais je suis d'accord, ça ne se compare pas au vintage.
RépondreSupprimerOn verra tout ça au fur et à mesure de mes posts!
Carmen, la réédition du Cuir de Lancôme a été une terrible déception pour moi. Quel jus insipide et pâlot ! La note cuir est totalement diluée sous des litres d'héliotropine, qui rendent le tout insupportable à mon nez. Autant Sikkim et Climat sont réussis (mais vu qu'ils sont maintenant réédités en version EDP, je ne peux finalement comparer avec les anciennes versions EDT), autant ce Cuir est à pleurer.
RépondreSupprimerAh, tiens, je ne suis pas tout à fait d'accord... Si l'on s'attend à un vrai cuir, c'est vrai, on ne peut qu'être déçu, mais je le trouve assez beau. Évidemment, il n'a rien à voir avec l'original et ne peut concurrencer Chanel Cuir de Russie, Doblis ou Scandal...
RépondreSupprimerC'est que l'héliotropine est rédhibitoire à mon nez, et surtout, elle me flanque d'atroces migraines ! Mais effectivement, c'est un cuir très doux et souple, presque un daim, rien à voir effectivement avec ceux que vous citez Carmen.
RépondreSupprimerL'héliotropine est souvent une facilité dans une formule... Moi, ce sont certaines roses et certains ambres qui me foutent en l'air la journée.
RépondreSupprimerAlors, pas d'Heure Bleue? Pas d'Après L'ondée?
Oui Carmen, je suis tout à fait d'accord, l'héliotropine est un choix facile, peu coûteux mais souvent désastreux.
RépondreSupprimerEt non, plus d'Heure Bleue ni d'Après l'ondée, je dis bien plus et non pas, car dans leurs formules d'antan, j'ai aimé les porter sans dommage pour ma pauvre tête.
Quel dommage. Moi, c'est Habanita qui me fiche la nausée. Je l'ai porté dix ans, jusqu'au milieu des années 80. A l'époque, je ne savais pas qu'on l'avait reformulé, juste que je ne pouvais plus le porter. Je suis sûre qu'on n'est pas les seules à avoir ce genre de déconvenue...
RépondreSupprimerHabanita, oh, je l'ai tant aimé lorsque j'étais plus jeune. Aujourd'hui, il m'est impossible de le porter, sinon c'est Urgences Migraines assurées ! Non hélas beaucoup sont comme nous, à se méfier des jus "maux de tête". Mais fort heureusement, il nous reste pleeeeeeeein de beaux parfums qui ne nous empoisonnent pas la vie ;-)
RépondreSupprimerbonjour
RépondreSupprimerà propos d'habanita? quelles sont els différences entre l'ancienne version et la reforumation?
parce que je l'ai porté pendant presque 10 ans aussi et ensuite j'ai eu le même phénomène d'écouerement...
jusqu'à que je le ressente en parfumerie et en le laissant de nouveau évoluer et j'en suis retombée "amoureuse"?
qu'en pensez-vous?
Soph', il me semble que vous n'avez pas l'âge d'avoir porté Habanita pré-reformulation (elle a eu lieu vers la fin des 80s). Je pense que ce sont vos goûts qui ont changé, ou alors, il y a eu re-reformulation. J'avoue ne pas l'avoir ressenti récemment.
RépondreSupprimernon en effet je n'ai pas l'âge de l'avoir porté avant sa première formulation en 1988 de ce que j'ai pu lire sur internet. C'est dommage car il devait être superbe...
RépondreSupprimerJe viens d'acquérir une miniature sur ebay datant d'avant apparemment j'ai hâte de voir ça..
mais j'ai l'impression en tt cas qu'il a être reformulé à nouveau car je le trouve presque plus doux aujourd'hui...
mais ce qui est sûr c'est que ce parfum doit provoquer un sentiment attraction répulsion car il peut être très addictif, au point de le porter très souvent pendant une période jusqu'à l'overdose puisqu'il provoque ensuite un sentiment d'écoeurement...