Comme à toutes les saisons, mes consœurs de Bois deJasmin, Now Smell This, Perfume Posse et The Non-Blonde m’ont conviée à
partager mon Top 10, en l’occurrence de l’automne. Le passage d’un mois d’août
pourri à une rentrée plutôt douce n’ayant pas dicté un grand changement dans ma
rotation de parfums, je préfère signaler ceux d’entre les lancements récents
qui m’ont le plus intéressée. Mis à part Coco
Noir Parfum et Cuir d’Ange, sur
lesquels j’ai déjà publié un avis, voici donc, sans ordre de préférence, les
nouveaux parfums de l’automne auxquels j’espère consacrer un billet
prochainement…
Mes deux
premiers choix sont diamétralement opposés : l’un réinvente les familles
olfactives classiques, l’autre ressuscite des parfums disparus…
Les Exceptions (Thierry Mugler)
Composée par Olivier Polge et Jean-Christophe
Hérault, deux garçons dont on pense beaucoup de bien, ces Exceptions
muglériennes éviscèrent différentes familles olfactives consacrées jusqu’à
leurs murs portants pour les reconstruire : les notes ne sont pas
forcément classiques, mais le rapport entre les valeurs olfactives suscite une
forme fougère, chypre, orientale… À l’heure où j’écris ceci, le lancement de
cette collection en France n’est pas encore fixé. Je n’ai pu la sentir qu’au
passage à Montréal, mais ce que j’ai découvert m’a semblé assez fascinant.
Que sais-je ? (Jean Patou)
La perspective d’acquérir un chypre fruité
« vintage neuf » a de quoi faire saliver n’importe-quel aficionado. Que sais-je ?, pont entre Mitsouko et Femme, met d’autant plus en exergue le côté « tough » de cette famille olfactive
– n’oublions pas qu’elle est née en même temps que les vamps de l’après-Grande
Guerre --, que la restauration de Thomas Fontaine a raboté certaines de ses
rondeurs (IFRA oblige). Cette version reste néanmoins très proche de celle de
Jean Kerléo.
Bien qu’ils
n’aient pas la même odeur, les deux parfums suivants me semblent relever d’une
structure dérivée de celle de Féminité du Bois (dérivé lui-même de Femme) :
une matrice fruitée-boisée-musquée extrêmement influente et féconde.
Coco Noir Parfum (Chanel)
J’en ai parlé très récemment; je vous renvoie donc
à mon billet sur le sujet (cliquez ici).
Osmanthé (Fragrance Republic!)
Rosabotanica
(Balenciaga), co-signé par Olivier Polge et Jean-Christophe Hérault, déconstruisait
la rose pour en révéler des facettes inédites. Dans Osmanthé, Jean-Christophe Hérault soumet l’osmanthus au même
traitement. Je l’ai porté tout l’été, mais sa confiture d’abricot tendrement
massée sur du bois me fera aussi l’automne…
N.B.
Osmanthé est pour l’instant commercialisé uniquement aux USA par Fragrance Republic ! sous le nom de OI/N°08. Il sera lancé par Le Cercle des
Parfumeurs Créateurs au printemps prochain dans la chaîne Beauty Success.
Mes 5ème
et 6ème choix relèvent de la fougère mutante et féminisée – un petit
frisson de tendance qu’on relève aussi dans Burberry Brit Rhythm for Her.
L’Orpheline (Serge Lutens)
Encore un parfum hanté par l’enfance de Serge
Lutens, qui tire le propos radical de Laine de Verre (une guerre entre le masculin et le féminin) vers une esquisse au
fusain tremblante, étrangement tendre, sur un axe aldéhyde-encens maté par la
vanille. Je publierai sous peu le récit de ma conversation avec Serge Lutens à
l’occasion du lancement.
Knot (Bottega Veneta)
Comme Michel Almairac twistait le chypre fruité
avec Bottega Veneta, Daniela Andrier hybride cologne et fougère via la lavande et la fleur d'oranger, dans un parfum à la
fois impalpable et scintillant.
J’ai
rassemblé les deux suivants parce qu’ils illustrent le binôme ange/démon de
façon tout de même nettement plus intéressante que le parfum du même nom.
Cuir d’Ange (Hermès)
L’hommage irradiant de Jean-Claude Ellena à Jean
Giono, certes, mais aussi Hermès – à la fois la maison et le messager des dieux
aux pieds ailés – exorcise l’animalité du cuir. Pour lire mon billet à son
sujet, cliquez ici.
Rose
infernale (By Terry)
Si la peau d’ange d’Ellena est aussi féminine
qu’une houppette de cygne, la Rose
infernale de Sidonie Lancesseur assume sa part de virilité en se blindant
de vétiver – structure qu’elle partage avec Rosabotanica
et Ylang 49 – et de muscade, épice
plus communément attribuée aux jus masculins.
Mes deux
derniers choix, bien qu’absolument contemporains, convoquent des tessitures
olfactives que le mainstream a depuis longtemps reléguées au caveau :
l’amertume aromatique et le fumet de fauve…
Smoke for
the Soul (By Kilian)
Dans ce parfum de la nouvelle trilogie Addictive State of Mind, Fabrice Pellegrin évoque les volutes de l’herbe qui fait rire avec des
notes amères (grapefruit), camphrées (eucalyptus), aromatiques (thym) et fumées
(bouleau). Il n’est pas interdit d’y subodorer le fantôme de Bandit.
La Panthère Extrait de Parfum (Cartier)
La première fois que je l’ai senti, je lui ai
inventé un mot-valise, « graouh » (« grr » +
« waouh »). Cette version culottée taquine l’accord musqué de
l’original jusqu’à ce qu’il sente le fauve. J’espère qu’un échantillon tombera
bientôt entre mes griffes…
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