Corsica Furiosa de Parfum d'Empire : Vert fulminant

Les parfums composés par Marc-Antoine Corticchiato, je l’ai sans doute déjà écrit ici, ont pour moi quelque chose de macho, au sens espagnol du terme: une approche culottée de ses matériaux, tellement saturés qu’ils frôlent la baffe. Une charge affective intense qui relève d’un romantisme viril. Plus palpable qu’ailleurs dans ses deux hommages aux terres de son enfance, Azemour pour l’orangeraie marocaine où il a grandi, et maintenant Corsica Furiosa pour l’île dont sa famille est originaire.

En musique, “furioso” se dit d’un morceau à jouer avec impétuosité, et c’est évidemment ainsi que MAC traite ses notes vertes. La giclée de sève du premier pschitt est d’autant plus explosive qu’elle s’embrase d’une lampée d’eau-de-vie du cru. Réaction en chaîne de verts fulminants : feuille de tomate, népita (cette menthe sauvage corse qui flirte avec la marjolaine), et puis ce galbanum non cité dans les notes, trahi par ses accents résine, champignon et fond de cendrier…

Mais dans cet engin infernal, c’est le lentisque qui porte l’essentiel de la charge. Huile essentielle, absolue et une extraction sur laquelle MAC respecte l’omerta verticalisent sa senteur combustible. Tour à tour âcre et laiteuse comme le foin, herbacée mais cramée aux ourlets par des effets réglisse, Corsica Furiosa oscille paradoxalement entre le salubre et le toxique – comme si l’on mordait dans une plante sans savoir si elle va désaltérer ou foudroyer…

Illustration tirée de Nymphéa d’Ange Leccia, artiste né en Corse, avec le beau visage de sa payse Laetitia Casta.