Hier, un mail tombait dans ma BAL :
Pirate-Parfum s’indigne d’avoir été assigné au Tribunal de Grande Instance par
vingt grandes marques. Proteste de n’avoir jamais copié leur produits, mais
simplement eu recours à la publicité comparative : « La société propose des parfums de sa propre fabrication et les
compare à des "produits concurrents composés des mêmes ingrédients
principaux et des produits de la même famille olfactive". »
Ces « francs-tireurs » auto-proclamés,
jouant sur le discours des éditeurs de logiciels libres – mais ne poussant pas
la logique jusqu’au bout puisque leurs formules ne sont pas open-source -- s’érigent en défenseurs du consommateur en
lui proposant des parfums moins chers, puisqu’ils ne supportent pas le prix du
marketing desdits jus.
Et pour cause : Pirate-Parfum, sur son site,
annonce clairement la couleur en comparant ses produits avec les leaders du
marché. Et les internautes ne s’y trompent pas : dans le fil consacré à ce
site marchand sur le forum Beauté-Test, c’est bien la qualité plus ou moins
réussie de ces plagiats qui est évaluée. Même sur le billet consacré hier par Domik d’Auparfum au même communiqué, les seules réactions au moment où je
rédige ces lignes sont celles d’internautes intéressés par des copies bradées
de leurs jus préférés.
Désolée, mais c’est désolant. D’autant plus que
Pirate-Parfum assène, dans son communiqué, l’argument le-beurre-et-l’argent-du-beurre
qui devrait l’affranchir de tout soupçon de contrefaçon :
Une jurisprudence française en faveur de Pirate-Parfum
Pour le droit d'auteur, dès 2006, la Cour de cassation avait considéré que la fragrance d'un parfum procédait de la seule mise en œuvre d'un savoir-faire et ne constituait pas une forme d'expression pouvant bénéficier de la protection par le droit d'auteur. Arrêt confirmé par une autre décision en 2013.
Autrement dit, ces défenseurs auto-proclamés du consommateur s’appuient
sur une décision juridique aberrante qui va à l’encontre de toutes les
convictions des amoureux du parfum. Tout en se prétendant voués, je cite, à « la
libération du parfum ». Libéré de quoi, au juste, le parfum ? De la
créativité ?
Certes, nous sommes nombreux à déplorer que les
grandes marques en manquent, de créativité, et se piratent les unes les autres
en empilant tous les ingrédients des best-sellers du moment dans des mash-ups aux effluves de carambolage
olfactif. Qu’elles consacrent des budgets plus importants à la promotion et au
packaging de leurs parfums qu’à ce que contiennent leurs flacons.
Il n’en reste pas moins que si les consommateurs
convoitent J’Adore, Coco Mademoiselle
ou Terre d’Hermès – sans compter Shalimar, N°5 ou Angel, bref pas les plus indigents des jus, et ceux précisément
dont « s’inspire» Pirate-Parfum – c’est bien parce que Dior, Chanel,
Thierry Mugler ou Hermès ont consacré des budgets maousse à développer, à faire
connaître et à soutenir leurs produits, en s’appuyant sur le prestige de leurs
marques respectives.
On ne peut pas aimer le parfum et soutenir
Pirate-Parfum, comme le souligne Auparfum.com. L’affaire a été entendue le 11
février. Pour le coup, franchement, on espère que les « vingt grandes
marques » obtiendront gain de cause.
Sur la
question ô combien épineuse du droit d’auteur en parfumerie, voir mon billet
consacré à la question, ainsi que celui de Poivre Bleu sur Auparfum.
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