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dimanche 16 juin 2013

Une journée particulière à l'usine Guerlain d'Orphin...




Ce n’est pas au pif qu’on se dirige vers Orphin. Les seuls effluves qui flottent autour de l’usine des parfums Guerlain sont ceux de la forêt de Rambouillet, toute proche, et des champs de colza piqués de coquelicots que nous venons de traverser. L’usine de 10,000 m2 est située au cœur d’une zone protégée, et Guerlain s’est engagé à ne pas perturber la faune par des odeurs étrangères, nous explique Elisabeth Sirot, directrice internationale des relations publiques de la maison, tandis que nous confions nos sacs au vestiaire et enfilons des blouses jetables.   

Aujourd’hui, Orphin s’ouvre pour la première fois à la presse, avant d’accueillir le public pendant tout le weekend à l’occasion des « Journées particulières » de LVMH. L’événement a attire tant de passionnés que le nombre de visites a dû être multiplié. À 16.20 pile, notre groupe est guidé par Elisabeth Sirot le long d’un couloir où sont exposés des photos des pérégrinations de Thierry Wasser. En tant que parfumeur maison de Guerlain, son rôle ne consiste pas uniquement à composer de nouvelles créations ou à être le porte-parole de la maison : c’est également lui qui est responsable des achats de matières premières. Ce qui fait qu’il passe la plupart de son temps entre deux vols, et au moins un jour par semaine à Orphin pour contrôler la qualité des ingrédients, des concentrés à diverses étapes de leur production, ainsi que des produits finis.

C’est lui qui nous accueille après que nous ayons traversé les salles où les matières sont entreposées, dans trois pièces de températures différentes.« Je viens pour aider Paulo à la manufacture », plaisante-t-il en nous présentant Paulo Dinis, responsable de la fabrication des parfums. « Mais c’est moi qui ai les clés du coffre », ajoute-t-il en parlant de celui qui recèle les formules créées par la dynastie Guerlain depuis 1828. « J’ai les doubles », précise Paulo.  « Tu le paieras cher », rétorque le parfumeur...


Quelque 750 formules sont fabriquées ici, ce qui comprend également les parfums des cosmétiques (qui sont pour leur part fabriqués dans l’usine Guerlain de Chartres) et les parfums sur mesure réalisés pour certains clients. La pratique n’est pas nouvelle, précise Thierry Wasser en nous montrant un cahier d’Aimé Guerlain où figure l’eau de toilette créée pour son ami le comte Chaptal de Chanteloup. La quantité de concentré fabriqué peut varier de 120 grammes pour un parfum sur mesure à une tonne pour La Petite Robe Noire. Le parfumeur aborde brièvement la question des qualités de matières premières – par exemple, alors que Jean-Paul Guerlain préférait formuler avec de l’essence de bergamote mûre, Wasser travaille avec une essence récoltée plus tôt. La rose de mai, dite « rose pays », récoltée à Grasse ? Elle figure dans Shalimar, qui n’est pas seulement un oriental mais aussi un floral, précise Thierry Wasser, en ajoutant que lorsqu’il s’agit de se procurer cette essence rare (il ne reste que très peu de champs de rose à Grasse), « ce n’est pas la guéguerre, mais la guerre » avec certaine maison dont le siège social est implanté à Neuilly… Sachant qu’il s’adresse à plusieurs blogueurs, il ne résiste pas au plaisir de décocher quelques flèches à l’IFRA : « Disons que j’apporte d’autres couleurs à leur arc-en-ciel ».


Comme un autre groupe nous talonne, nous passons en vitesse dans la salle où les concentrés maturent dans leurs fûts en inox, avant de pénétrer dans la « cathédrale » où se déroule le processus de maturation, une fois l’alcool et une petite quantité d’eau ajoutés aux concentrés, dans 163 cuves de 300 à 4000 litres… Puis une exposition de flacons historiques – la maison en a créé 850 depuis 1828 --, un aperçu de la salle où sont imprimées les étiquettes, et une visite aux dames de tables qui procèdent au baudruchage des flacons d’extrait, scellés par un fil doré… Enfin, nous assistons aux dernières étapes du conditionnement, entièrement automatisé. Des flacons de La Petite Robe Noire défilent à toute allure, clic ! le bouchon, plop ! l’étiquette, zou ! le flacon glissé dans la boîte en carton dépliée/repliée, avant d’être mis sous cellophane… C’est un peu Les Temps modernes, un peu Playtime

Je crois deviner une bouffée de Mitsouko. Mais non, c’est mon pull. Nous n’avons rien senti, en somme, lorsque nous déboulons dans le parking ensoleillé pour céder la place à une foule de plus en plus dense… L’orgue de Jacques Guerlain, exposé avec les flacons historiques, ne nous aura pas livré ses secrets. Si on n'y a pas mis le nez, c'est qu'on a été très gentiment accueillis et qu'on est vraiment très bien élevés.


Photo repiquée sur le site des Journées Particulières de LVMH pour la même raison!

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