Bois d'Iris de la Collection Extraordinaire de Van Cleef & Arpels: Iris Océanique

Si Gardénia Pétale de la “Collection Extraordinaire” de Van Cleef & Arpels m’a immédiatement séduite, je dois avouer qu’à la première bouffée de Bois d’Iris, je me suis aussitôt écriée « Qu’est-ce que c’est beau », ce qui ne m’arrive pas si souvent dans l’année… En fait, je n’ai qu’une chose à reprocher à ce parfum, c’est son nom, qui aux dernières nouvelles, est toujours celui d’une création de Jean-Claude Ellena pour The Different Company. L’intéressé ne doit pas être enchanté.

Bois d’Iris m’a rappelé trois autres parfums que j’aime beaucoup, non pas parce qu’ils ont la même odeur, mais parce qu’ils ont tous trois éclairé l’iris de façon inhabituelle. Les deux premiers, Attrape-cœur de Guerlain et Felanilla de Parfumerie Générale, parce que tous, comme Bois d’Iris, jouent sur le contraste chaud-froid en juxtaposant l’ambre et l’iris, ce qui a pour effet d’attendrir le côté trop hautain de l’iris tout en donnant une charpente au fondant des notes baumées. Le troisième, Mythique des Parfums DelRae, parce que comme Bois d’Iris, il développe une dimension intensément tactile. Mais alors que le premier a le velouté d’un gant en daim très fin, le second a le satiné gris perle du bois flotté, un effet sans doute délibérément recherché par l’auteur, Émilie Coppermann – en tous cas, souligné par le dossier de presse.

L’iris de Bois d’Iris n’a aucun relent de terre ou de carotte : comme son nom l’indique, ce sont les aspects boisés de la note qui ressortent, avec la facette métallique-violette. L’évocation marine du bois flotté est renforcée par celle de l’ambre gris, avec ses relents un peu amers de sel et de mousse (il s’agit peut-être d’un début de tendance, puisque l’accord d’ambre gris figure également dans L’Eau Ambrée de Prada).

Le boisé de l’iris s’amarre, au fur et à mesure du développement, à l’odeur boisée-fumée du vétiver ; cette odeur fumée aux facettes froides et minérales se mêle à celle de l’encens. Un fond d’ambre laiteux et de vanille sucrée, presque caramélisée, traversée des lueurs résineuses-fruitées de la myrrhe, réchauffe ces notes un peu austères. Alors voilà ce que sent l’iris, lorsqu’il tombe amoureux de la peau. Votre peau.

Image: Nude Oceana (1936) d'Edward Weston