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mardi 25 novembre 2008

Nuit de Longchamp de Lubin: chypre en tenue de soirée


Je possède depuis un certain temps un flacon de Nuit de Longchamp vintage d’âge indéterminé – il pourrait dater des années 50 à 70 – mais il ne m’a jamais beaucoup attirée, essentiellement parce que les aldéhydes et la bergamote des notes de tête ont viré. Je n’avais donc pas tellement d’idées préconçues du parfum lorsque je suis tombée sur le testeur dans le rayon Lubin du Printemps.

Dès que je l’ai humé, j’en ai eu les jambes molles… Bergamote, ciste labdanum, mousse de chêne, structurant un nuage ondulant de fleurs blanches : un chypre. Un vrai de vrai. J’ai eu l’impression d’être enfin rentrée chez moi.

Lancé en 1934 pour fêter les premières courses nocturnes de l’Hippodrome de Longchamp, Nuit de Longchamp a la souplesse sensuelle d’un fourreau en satin de soie blanche taillé en biais des années 1930. Il se déploie au rythme fluide et gracieux d’un classique, de la bergamote juteuse à en faire venir l’eau à la bouche fondue dans l’ylang-ylang crémeux jusqu’à la mousseline savonneuse de l’accord fleurs d’oranger-jasmin, en passant par le duo iris-rose. Le fond balsamique – de baumes de Tolu et du Pérou – enrichit ce bouquet floral d’une note boisée et vanillée relevée de cannelle, qui adoucit les notes terreuses du patchouli, du vétiver et de la mousse de chêne d’accents caramélisés – soupçon de chair dorée sous le frôlement du satin blanc. Une volute de quelque chose qui ressemble à de l’encens, mais qui pourrait être la note froide et médicinale de la cardamome mariée à la fumée des baumes, s’insinue entre les accords capiteux…

Le propriétaire des parfums Lubin, Gilles Thévenin, précise que la formule de Nuit de Longchamp, retrouvée dans les archives de la maison – mais hélas anonyme – a été modifiée par Lucien Ferrero et Henri Bergia d’Expressions Parfumées. Pour autant que je puisse en juger d’après mon flacon vintage assez abîmé, l’esprit de cette nouvelle version semble assez fidèle à l’originale : manifestement, la reformulation de ce chypre floral aldéhydée a été réalisée avec goût et soin.

L’ensemble, ravissant, a toute la grâce de stars de l’époque jusque dans leurs scènes de comédies les plus échevelées. D’ailleurs, Nuit de Longchamp parle précisément dans la tessiture des personnages de Constance Bennett, Myrna Loy ou Carole Lombard – jeunes femmes que le mariage n’empêche pas d’être chics, spirituelles et délicieusement séduisantes. Femme-femme mais pas dadame, et juste assez enjoué pour laisser deviner qu’on peut follement s’amuser en tenue de soirée – nuit aux courses ou courses de nuit ?

Image: L'actrice Constance Bennett (1904-1965)


À suivre: jeudi, L de Lubin

9 commentaires:

  1. j'ai hâte de pouvoir sentir ces rééditions

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  2. Elles sont exquises, Véro. Je ne porte que ça depuis la semaine dernière!

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  3. Ohh merci Chère CC pour ces nouvelles lubinesques ! Tu me mets l'eau à la bouche avec ce Nuit de Longchamp, virée au Printemps sous peu, très peu.

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  4. Lamarr, je pense que ça risque de t'intéresser... J'attends des nouvelles!

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  5. Me revoici après test de Nuit de Longchamp, fort désappointée je l'avoue car hélas celui ci m'a laissé relativement indifférente, voire déçue. Sur ma peau, c'est un franc accord floral rose-jasmin qui prédomine et perdure, à la façon d'un Joy, sans habillage, ni fond boisé ni notes terreuses qui sortent du lot (ou bien est-ce que l'habillage, discret, enrobe le tout à la perfection et ne m'est pas perceptible ?).
    Il est très monolithique sur ma peau, doux, tamisé, un fleuri-fleuri en murmure, sage, trop sage, corseté, presque austère. Je l'eu imaginé un rien plus débridé, plus tapageur, plus ample. Non, il est étriqué comme une robe trop moulante.
    J'ai rapidement senti (mais uniquement sur touche) L, qui m'a tout de suite fait penser à Choc de Cardin, très post-hippie chic, presque working woman du tout début des 80's, tailleur épaulettes, un semblant de Charlie de Revlon, une impression de déjà senti, peut-être là aussi un peu trop clairet, un chypre qui ne voudrait pas dire son nom. A réessayer sur peau cependant.

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  6. Mais non pas "Anonyme" ;-)

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  7. Mais il faut essayer sur la peau, Lamarr, ah la la... ;-)
    C'est là que Nuit de Longchamp déploie sa base balsamique. Pour L, d'accord avec le parallèle Choc de Cardin et l'image post-hippie chic. Ce qui signifie que la réédition est sans doute assez fidèle à l'esprit de l'original. (Enfin, bon, si tu n'es pas renversée, c'est une dépense de moins à envisager...)

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  8. C'est que je n'avais plus de peau pour tester L Carmen ! Par contre, Nuit de Longchamp a été testé sur ma peau ;-(
    Je le vois aussi comme une dépense en moins ;-)

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  9. Bonjour à toutes et tous,

    Je post ce petit commentaire pour vous informer que la première boutique des parfums Lubin vient de voir le jour à deux pas de l'église Saint Sulpice.
    Située au 21 rue des canettes, vous pourrez y découvrir tous les parfums lubin ainsi que notre future gamme de bougie pour parfumer votre maison qui sera disponible courant novembre 2010.

    N'hésitez pas à nous rendre visite car nous serons heureux de vous faire découvrir notre univers.

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