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samedi 31 mai 2008

La corruption des fleurs blanches (IV): Beyond Love de By Kilian




Tant de lignes exclusives et de marques de niche nous ont déferlé sur le nez l’an dernier – Les Exclusifs de Chanel, Tom Ford Private Collection, L’État libre d’Orange, etc. – que j’avoue l’avoir levé (mon nez) sur L’œuvre noire proposée par Kilian Hennessy. Des parfums sous-titrés comme si on n’avait pas pu choisir entre deux noms à la fois transgressifs et un peu nunuches (Love/ Don’t Be shy ; Beyond Love/ Prohibited ; Liaisons Dangereuses/ Typical Me ; Cruel Intentions/Tempt Me ; A Taste of Heaven/ Absinthe Verte ; Straight to Heaven/White Cristal), ainsi qu’une prose marketing exaltée qui convoquait le ban et l’arrière-ban des références culturelles, de Faust à Freud en passant par Byron, Baudelaire et Yourcenar, avaient achevé de m’énerver.


Le texte a aujourd’hui été retiré du site web de la marque, signe que peut-être, chez By Kilian, on prête attention aux remarques émises ça et là dans la blogosphère parfumée. Restent les parfums dans leurs flacons et coffrets somptueux, qu’un snobisme inversé m’avait empêchée jusque là d’essayer… Sachant que certains d’entre eux avaient été composés par Calice Becker (J’adore, Donna Karan Gold, la réédition du Cuir de Lancôme, sans oublier Tommy Girl et Beyond Paradise portés aux nues par Luca Turin), je m’y suis enfin décidée, poussée par le très charmant et très enthousiaste jeune vendeur du Bon Marché, qui m’a généreusement offert tous les échantillons de la gamme.


Je ne l’ai pas regretté, du moins en ce qui concerne leur tubéreuse, Beyond Love, dont l’incroyable ténacité sur papier (une semaine au moins) embaumait, entêtante, les abords de mon clavier…


De combien de façons peut-on accommoder la tubéreuse ? Plusieurs, apparemment. Beyond Love est assez différent de Fracas, Carnal Flower ou Tubéreuse Criminelle pour l’ajouter à ma collection, car il relève d’une esthétique distincte, hyperréaliste. Ce ne sont pas ici les accords insolites de l’absolu de tubéreuse qui sont mis en valeur, comme dans le Serge Lutens, mais la tubéreuse même qui est recréée à l’aide d’absolu, de concrète et d’accords reconstitués (notes vertes et notes de pétales, indique le site, très disert et précis sur la formule), ainsi que d’un absolu de jasmin d’Égypte forcément naturel.


À cents lieues de ses sœurs précitées, Beyond Love est une représentation de la fleur en haute définition, vue de si près que ses détails sont amplifiés, plus précis encore que dans la nature (selon Luca Turin, c’est version la plus fidèle).


Une plongée ralentie à l’extrême au cœur même de la fleur, dont le côté beurré est accentué par une note de noix de coco, à peine levée par un accord vert, enrichie par un fond de musc et de sauge sclarée (substitut végétal de l’ambre gris). Une crème de tubéreuse, presque comestible, un peu animale, exposée jusqu’à l’indécence, qui donne envie de s’y rouler toute nue.


Image : Tuberose, a nocturnal flower, par Erika Yoshida, sur http://www.flickr.com/

2 commentaires:

  1. Bien pour toi! Une autre tubereuse en plus! ;-)

    Leur lavande masculine fait du plaisir, mais il n'ya pas aucune originalite dans la composition pour le prix...

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  2. J'ai bien aimé cette lavande, A Taste of Heaven, qui me semble plus concentrée que, disons, Caron Pour un Homme, mais je ne l'ai pas encore testée sur la peau, pas plus que les autres parfums de la ligne. Mais après Beyond Love, c'est la composition qui m'a le plus plu, en tous cas sur touche.

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