Parfums et Ponge
Un dialogue de
Jean-Christophe Hérault
et Denyse Beaulieu
La poésie a-t-elle un parfum ? Peut-on écrire un poème en
odeurs ?
Le 16 juin prochain, je suis accueillie par la Maison de la Poésie
de Paris avec Jean-Christophe Hérault, parfumeur chez IFF (Rosabotanica chez Balenciaga, la Collection Extraordinaire de
Thierry Mugler...).
Jean-Christophe Hérault y présentera une série de compositions
olfactives suscitées par cinq textes du poète français Francis Ponge, – L’Huître, La Guêpe, Le Mimosa, Carnet du bois de pin et La Mounine. Le thème du mimosa étant ce
qui m’a poussée à proposer ce dialogue à Jean-Christophe, qui avait créé un « kaléidoscope »
autour de l’odeur de cette fleur pour une séance de Speed-smelling...
Au programme : olfactions, dialogue entre Jean-Christophe et
moi-même, et lectures d’extraits de ces textes par l’acteur et metteur en scène Pierre Baux,
auteur d’adaptations de Francis Ponge pour le théâtre.
Je serais évidemment ravie de vous y voir – attention, il faut
réserver sa place : pour ce faire, cliquez ici.
À l’origine de
cette soirée, une intuition, suscitée par la lecture du recueil dont la plupart
de ces textes sont tirés, La Rage de
l’expression. Ou plutôt, deux évidences. D’abord, que ces textes composaient des parfums. Comme l’écrit
Ponge :
… de ce paysage
il faut que je fasse conserve […], que j’en lie un bouquet pouvant être tenu à
la main…
Ensuite, que la
démarche même du poète dans ces textes pouvait éclairer celle du parfumeur, du
moins dans son approche du figuratif, dans la mesure où Ponge cherche à rendre
compte de la spécificité des objets (ou des paysages) à travers des métaphores
audacieuses.
Certains textes
de La Rage de l’expression, où Ponge
reformule plusieurs fois différemment ses « définitions » du mimosa,
de la guêpe, du bois de pin ou d’un paysage proche d’Aix-en-Provence, m’ont par
ailleurs rappelé la face cachée du travail du parfumeur alors qu’il
équilibre et agence différemment ses notes et ingrédients pour cerner l’effet
souhaité. Et ça aussi, j’avais envie de le montrer via Ponge.
Dans La Rage de l’expression, encore :
Je désire moins
aboutir à un poème qu’à une formule, qu’à un éclaircissement d’impressions…
… ne pas publier
seulement la formule à laquelle on a pu croire avoir abouti, mais […] publier
l’histoire complète de sa recherche, le journal de son exploration.
Supposons que le
parfum, par-delà son statut de marchandise, soit aussi une façon de connaître le monde. (Ponge : « l’expression de l’idée, de la qualité
propre, différentielle, comparée du sujet »). Un tel éclairage peut
être une tentative de le penser,
c’est-à-dire de le soustraire à la fois à l’aphasie de l’inculture olfactive et
au verbiage d’un discours commercial où les mots « poésie » et
« émotion » ne sont plus que des déclencheurs d’achat…
Par-delà l’illustration des mots par les senteurs –
il ne s’agit pas de traiter le poème comme une espèce de brief marketing doté de plus-value culturelle –, cette rencontre mettra plutôt en regard
deux pratiques créatives liées l’une et l’autre à la définition de l’objet dans
ce
qu’il « a de brut, de différent ».
Et permettra, donc, d’éclairer ce qui, de l’art trop méconnu du parfumeur, est aussi une façon de connaître le
monde ; une rage de l’expression.
Événement réalisé avec le soutien d’International Flavors
& Fragrances (IFF)
Maison de la
Poésie de Paris
Le 16 juin 2016
à 19h00
Passage Molière
157 rue Saint-Martin
75003 Paris
157 rue Saint-Martin
75003 Paris
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