Pourquoi Blanc de
Courrèges réussit-il un iris-patchouli gourmand nettement plus pimpant et
enjôleur que La Vie est Belle de Lancôme ?
Axiome : plus un
lancement coûte cher, plus le jus sentira la peur. Or, Courrèges n’a pas les moyens de se faire
peur à ce point-là. Belle endormie
courtisée par Bernard Arnault et François Pinault, elle a été conquise par deux
publicitaires, Jacques Bungert et Frédéric Torloting, qui ont su convaincre
Coqueline Courrèges qu’ils sauraient préserver et transmettre la vision d’André
Courrèges. La maison mythique se situe désormais entre le luxe et le
niche : son propos n’a pas été dilué, sa modernité reste aussi impeccable
que son blanc iconique. Elle n’a besoin ni d’un créateur-star, ni d’une égérie
coûteuse. Son aura lui suffit. Via Lorience, société détentrice des licences
Mauboussin et Lulu Castagnette, les deux classiques de la maison, Empreinte
(chypre rosé) et Eau de Courrèges (eau chyprée à notes menthe et absinthe) ont
été restaurés par Vincent Schaller de Firmenich, la maison qui les avait créés,
avec des budgets confortables permettant de s’offrir de belles matières
premières naturelles. Et pour le lancement qui marque le retour des parfums
Courrèges dans les circuits sélectifs, la maison a fait confiance à une jeune
parfumeuse, Julie Massé, formée par le
grand Pierre Bourdon chez Fragance Resources, puis par Christine Nagel chez
Mane où elle travaille aujourd’hui (on se doute que ce talent naissant sera
courtisé par des géants comme L’Oréal, si ce n’est déjà le cas).
Le brief ? Blanc, la
couleur iconique de Courrèges. L’idée, bête comme chou et qui donc ne sent pas la sueur des brainstormings torturés : rassembler des notes qui sentent
le blanc. Blanc textile d'abord : aldéhydes, muscs blancs et iris pour le côté linge propre et poudre. Blanc dragée et colle Cléopâtre ensuite avec l'héliotropine. Le patchouli,
commun à Empreinte et à l’Eau, traduit selon
Julie Massé l’aspect architectural du style Courrèges puisque cette note boisée apporte de
la structure à la composition. Mais son interprétation de l'icône olfactive des 60s est aussi éloignée du patch-baba que les modèles
Courrèges ne l’étaient des frusques des Flower Children : le patchouli de
Blanc, récuré de ses facettes camphrées-moisies, a d’ailleurs été rebaptisé...
« patchouli blanc ». Comme toujours avec le patchouli qui, contrairement à ce que tentent de nous faire croire les pyramides olfactives, agit forcément en tête-coeur-fond, la note est perceptible dès le départ d'un développement qui reste facetté du début à la fin, simple mais
foncièrement lisible et, disons, habitable.
Cette fluidité, ce
confort, cette façon de lisser les aspérités des notes jusqu’à les transformer
en halo soyeux, il me semble que c’est en train de devenir le style-maison de
Mane. Serait-ce l’influence de Christine Nagel, qui dirige l’équipe fine fragrance et forme les jeunes
parfumeurs ? Il y a, en tous cas, quelque chose comme un tour de main
qu’on peut repérer dans les créations de Mane pour Etat Libre d’Orange (Like
This et Bijou Romantique de Mathilde Bijaoui, Archives 69 de Christine Nagel,
Dangerous Complicity de Violaine Collas qui sortira en septembre). De quoi rêver que l’équipe de charmeuses de
Mane fassent des ravages dans le sélectif. Parce que le mainstream, ça pourrait
être ça.
Bonjour Denyse,
RépondreSupprimerun grand hourra pour le redémarrage de cette marque dont j'ai tant aimé les parfums et qui fleurait bon la joie de vivre des 70's. C'était de très belles créations, immédiatement identifiables, sexy, modernes, nouveaux pour l'époque. Les flacons étaient formidablement bien designés, aussi simples qu'audacieux,ils était pour moi toute jeune adolescente le symbole même de cette nouvelle femme libre et épanouie, féminine et drôle qui me faisait tellement rêver.
Savez vous qui était le créateur de ces 2 magnifiques jus, Empreinte et l'Eau ?
Hélène
Hélène, Vincent Schaller de Firmenich, chargé de la restauration des deux parfums, m'a parlé d'un M. Gonon dont le nom, hélas, ne me dit pas grand chose. Je n'ai pas pu les tester sur peau et ne les ai pas portés à l'époque, mais ce que j'ai senti m'a paru beau, et généreux en belles matières premières.
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RépondreSupprimerJ'adore la bouteille! Et puis ça fait du bien d'entendre enfin parler d'un lancement classe, pas surmediatisé avec starlettes, et le jus en vedette, avec un budget correct pou les matières premières. Ça mérite l'effort de les rechercher pour les sentir.
RépondreSupprimerWaouh, voilà un lancement qui fait envie. J'ai toujours adoré Courrèges, pour moi la mode du XXI eme siècle et pas seulement des sixties. J'ai ressenti récemment Courrèges in Blue qui se fait encore à la boutique et j'ai été saisie de nostalgie... Empreinte est un classique, les autres se portent bien, on peut en effet espérer un "miracle" de cette petite grande Maison! Où la trouve t'on? Et quand ?
RépondreSupprimerA propos, Robert Gonnon (1926_1989) était un parfumeur de Firmenich, c'est lui qui a signé Empreinte, Sikkim de Lancôme, Métal, O de Lancôme et participé à Anaïs Anaïs.
RépondreSupprimerTara, le flacon est en effet très joli! Quant au lancement pas starisé, c'est peut-être une affaire de budget, mais on peut imaginer que deux grands pros de la pubs aient pu tourner cela à leur avantage!
RépondreSupprimerRebecca, en effet, la modernité de Courrèges est indémodable, et j'avoue que tous les modèles déjà proposés sur leur site me font envie (même si, hélas, ils ne sont pas dans mes moyens). Blanc sort en septembre, Empreinte et Eau de Courrèges sont déjà disponibles sur le site de Courrèges et doivent être diffusés sur le circuit sélectif.
RépondreSupprimerRebecca, merci pour ces précisions, que Vincent Schaller ne m'avait pas donnés (ou alors que je n'avais pas notés...). Robert Gonnon a signé bien des classiques, honorons sa mémoire!
RépondreSupprimerBonjour Denyse,
RépondreSupprimerje viens de me rappeler que j'ai chez moi depuis plus de 10 ans un flacon d'EdT d'Empreinte. JE vais aller remettre mon nez dedans et vous tiens au courant de mes impressions.
Hélène
ah, j'oubliais :
RépondreSupprimeril y avait eu il y a une quinzaine d'années un lancement d'un parfum Courrèges au flacon identique mais blanc givré qui fleurait bon la poire fraîche. Une idée de quel jus il s'agissait ?
Encore Hélène
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RépondreSupprimerHélène, j'attends donc vos impressions d'Empreinte (pas mal comme formule), mais quand à cet autre Courrèges, si Rebecca repasse par ici elle pourra peut-être nous renseigner, ce n'était pas une marque que je suivais tellement à l'époque... à tort.
RépondreSupprimerPour Hélène : il me semble que c'était "Courrèges 2020", un parfum fruité comme il y en avait encore peu en 1997... je m'en souviens !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce que Courrèges a fait, espérons que cela devienne un modèle à suivre pour d'autres marques "abandonnées" et oubliées qui méritent aussi leur revival !
Jeanne, merci pour l'info, ce parfum n'est absolument pas apparu sur mon radar à l'époque! Et je suis bien d'accord, c'est un joli relancement qui je l'espère en inspirera d'autres...
RépondreSupprimerun pur avis sur BLANC de Courrèges...
RépondreSupprimerMoi qui ne supporte pas le patchouli.... les fleurs blanches.... et bien méga surprise ! et très agréablement ! un parfum que je qualifierais de cocoon quand on le porte on se sent bien, très léger, très féminin d'une douceur exceptionnelle mais chaud et doux comme un cachemire. Bref un flacon qui dénote dans la salle de bain, un parfum pour nous rassurer et nous rendre belle... je suis conquise :)
virginie.
Virginie, merci pour cet avis qui rejoint le mien: Blanc est en effet un cocon tout doux mais élégant.
RépondreSupprimerA quand la réédition de Sweet de Courrèges ????? Mon rêve depuis une bonne quinzaine d'années.... Lætitia
RépondreSupprimerEcoutez, quand je les verrai (je crois qu'il y aura une actualité bientôt) je leur poserai la question -- je ne connais pas ce parfum...
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