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dimanche 14 février 2010

Frédéric Malle affranchit le sillage de la peau



La parfumerie fine s’est enfin affranchie du corps.

C’est prévisible. D’une part, parce qu’au cours de la dernière décennie, les parfums mainstream penchent de plus en plus vers les notes de la parfumerie fonctionnelle, tandis que bougies et parfums d’ambiance se raffinent constamment. D’autre part, parce que les parfumeurs puisent de plus en plus leur inspiration dans les lieux et les ambiances, plutôt que de chercher à traduire des archétypes féminins ou masculins – la série « Jardins » d’Hermès ou la collection « Voyages » de L’Artisan Parfumeur sont des exemples de cette école.

Je me suis souvent dit au cours de l’année passée que la parfumerie d’ambiance représente l’un des derniers à ne pas être totalement saturé, ou en tous cas, encore sous-exploité. Manifestement, Frédéric Malle s’est fait la même réflexion, et il est passé à l’acte en demandant à certains des meilleurs parfumeurs de l’industrie – Dominique Ropion, Carlos Benaïm et Sophia Grosjman – de composer des parfums d’ambiance répondant aux mêmes exigences que ceux des parfums personnels.

La démarche n’est pas absolument originale, dans la mesure où d’autres maisons, notamment Annick Goutal, Iunx, By Kilian ou L’Artisan proposent également des bougies (et, dans le cas de L’Artisan, des sprays) qui sont soit des adaptations de leurs parfums personnels ou des créations, composés par les mêmes parfumeurs.

Mais Frédéric Malle a poussé sa réflexion plus loin, en demandant à « ses » parfumeurs de développer les possibilités offertes par le divorce entre le parfum et la peau. Leur structure et leur développement peuvent différer ; il devient possible de faire l’impasse sur les notes qui « accrochent » le parfum à la peau.

Et voilà où l’affaire devient intéressante. Malle a demandé à sa dream-team de se fonder sur le genre de formule qui n’aboutit pratiquement jamais en rayon : des esquisses olfactives ou des « captures » d’odeur de lieux ou de fleurs par la « Living Flowers Technology » développée pour IFF par feu le Dr. Braja Mookherjee…

Frédéric Malle a poussé l’aventure plus loin en faisant développer, en plus de la traditionnelle bougie, une façon plus ou moins inédite (L’Artisan Parfumeur propose déjà le diffuseur « Chez Moi »). Songeant qu’une flamme était une curieuse façon de diffuser la senteur fraîche du gardénia, du muguet, du lys, de la rose ou du magnolia, il a cherché à reproduire la façon dont les fleurs émettent leur parfum dans l’air toute la journée, sans les notes de tête, de cœur et de fond de la parfumerie personnelle. Cette recherche a abouti à une boîte rouge appelée la « Fleur Mécanique », sorte de radio olfactive à une chaîne : si l’on appuie une fois sur le bouton, on obtient deux heures du « chant du gardénia » ; deux pressions correspondent à trois heures de diffusion. Le parfum lui-même est contenu dans un flacon rechargeable inséré dans le gadget.

Frédéric Malle a également fait développer le « Rubber Incense », un petit tapis en caoutchouc imprégné de Saint des Saints, composé par Carlos Benaïm à partir de la capture « Living Flower » de l’air des temples indiens par le Dr. Mookherjee. Ces tapis peuvent être glissés dans les placards, les tiroirs ou les voitures. On ne suggère pas de les utiliser en tapis souris mais c’est tentant… Le parfum lui-même est assez difficile à définir, avec ses relents de santal et d’encens… Il est également proposé en bougie, tout comme le Coffee Society de Carlos Benaïm, « l’odeur éphémère d’un salon quelques minutes après la fin d’un dîner parisien, quand les invités viennent de partir », et les Russian Nights de Sophia Grojsman, avec ses accords muscade, cannelle, iris et santal.

Cinq des parfums sont proposés en Fleurs Mécaniques et en bougie : la Rosa Rugosa de Carlos Benaïm, une rose sèche et fraîche à assortir au sillage peau plus sombre et vineux d’Une Rose d’Édouard Fléchier ; sa Rubrum Lily, dont les accents chauds et épicés peuvent se marier à la fraîcheur humide de Lys Méditerranée ; enfin, sa Jurassic Flower, portrait olfactif du magnolia. Le 1er mai de Dominique Ropion est la représentation réaliste du muguet, fondée sur des formules historiques de muguet enrichies des trouvailles de la technologie headspace ; son Gardénia la nuit est une capture « Living Flower ». Quant au Santal Cardamome du même Dominique Ropion, il s’agit d’un accord trouvé par ce dernier alors qu’il travaillait avec Frédéric Malle à la reconstitution de l’odeur du santal de Mysore (dont l’essence, surexploitée, ne peut désormais plus être utilisée), il n’est proposé qu’en bougie.

Et alors, tout ça, ça sent bon, me demanderez-vous ? Si, très bon. J’aime particulièrement le gardénia, crémeux et sensuel, et je trouve le Saint des Saints très intriguant. Mais… c’est très cher, si cher que je n’ai senti la collection qu’en boutique : à 105 euros, la bougie au gardénia est hélas la plus onéreuse (les autres se vendent entre 60 et 90 euros), tandis que la Fleur Mécanique vaut 260 euros CORRECTION : parfum compris (la recharge est vendue entre 50 et 70 euros). Quant au Rubber Incense, il est à 75 euros. À ces prix-là, je préfère encore m’acheter un parfum pour la peau, quelque tentantes que soient ces propositions…


À vous maintenant : Quelles sont les ambiances que vous aimeriez voir capturer par la technologie "Living Flowers"?


Illustration de « Coffee Society » par Konstantin Kakanias, tirée du dossier “Fleurs Mécaniques, Esquisses & Matières” de Frédéric Malle Éditions de Parfums.


29 commentaires:

  1. D,

    Nous avons eu, semble-t-il, un cheminement similaire. J'ai d'abord été favorablement intriguée par le concept, ravie par les senteurs, puis... 100 euros pour une bougie?
    J'ai passé mon tour.

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  2. Six, d'autres bougies sont aux prix du marché (60 euros), mais hélas, ce n'étaient pas mes préférées. Par ailleurs, bien que je me laisse de temps à autre tenter par une bougie, comme je change très fréquemment de parfum, il est difficile de toujours harmoniser mon sillage et celui de mon environnement.
    Cela dit, je trouve en effet que le principe qui a présidé à ces compositions est passionnant.

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  3. Je me suis précipitée sur ces senteurs dès leur lancement et j'en ai été enchantée... seul le prix a freiné mon enthousiasme. Comme toi, j'ai trouvé le Gardénia divin. Je le trouve tellement beau que je regrette juste que ce ne soit pas un parfum à porter et payer 105 euros pour une bougie me semble pour le moins extravagant et inenvisageable. Nous sommes d'accord que pour ce prix, je préfère m'offrir un vrai parfum.

    Par ailleurs, "Chez Moi" qui semble être le précurseur de la fleur mécanique, fonctionne très mal et je l' ai vu soldé au BM. J'espère que celle de Malle marche vraiment...

    Je ne sais pas si le concept prendra. Autant, nous avons vu l'inverse, à savoir de nombreux parfums de corps qui sentaient l'ambiance cosy: certains de Lutens ou de L'Artisan ( Thé et pain d'épices est devenu Tea for two) et le Tobacco Vanille de Ford se décline en bougie.

    Il existe déjà de beaux parfums d'ambiance, remplis de produits nobles et je pense à ceux des parfums Nicolaï dont l'image fait certes ringarde mais qui a de très bons parfums.

    En conclusion, je reste dubitative sur cette démarche, surtout vu les prix pratiqués.

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  4. Il manque l'odeur du Lilas, à associer à "En passant" et l'odeur d'un mimosa pour "une Fleur de Cassie", non? Après, je me souviens de votre article, Denyse "Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère", après la question "ai-je envie de sentir comme un endroit?" se pose celle-ci "ai-je envie qu'un endroit sente comme moi?" Personnellement, une odeur d'intérieur complémentaire me tente plus qu'une reproduction fidèle de mon sillage.

    Je rêverais d'un parfum d'intérieur qui sente vraiment le feu de cheminée, avec des variations type "je fais griller des marrons".
    60 euro pour une bougie, même ça je passe mon tour! Ça ne vaut pas ça, la preuve, c'est que sur une vente par internet, il y avait des Annick Goutal pour 6 euro, des parfums bradés à l'extrême, ça veut dire que même à ce prix ils font encore des bénéfices! Le prix des "niche", bougies ou parfums, c'est mon gros coup de gueule en ce moment. Et personne ne va réussir à me faire croire que c'est justifié! C'est justifié par le fait que leur clientèle a les moyens de dépenser 150 euro pour un flacon, mais ces marques se coupent de toute une partie de consommateurs potentiels (dont je fais partie, pas envie de me faire plumer).
    C'est vraiment frustrant et je suis persuadée que tous ces "confidentiels" pourraient être vendus au prix des mainstream (la preuve en est ceux qui en rejoignant le rang des exclusifs doublent de valeur alors qu'ils étaient à 50 euro auparavant).

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  5. Rebecca, tu as raison de rappeler que d'une part, plusieurs parfums pour soi sont déjà très proches du parfum d'ambiance et que d'autre part, certains parfums d'ambiance comme ceux de Nicolaï sont beaucoup moins onéreux et d'excellente qualité.
    Cela dit, j'ai beaucoup aimé l'idée du headspace affranchi du corps...j'y vois une piste de recherche assez passionnante.

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  6. Clochette,je suppose que la ligne maison de Frédéric Malle est toujours susceptible de s'enrichir.
    Quant aux odeurs de feu de bois, je crois que ça existe déjà chez Diptyque, non?
    Et pour les prix... il ne faut pas oublier que plus un parfum est fabriqué en petite quantité, plus il est onéreux pour la marque, même indépendamment des matériaux utilisés. Il y a sans doute parfois de l'abus mais pas forcément toujours. Se couper de consommateurs potentiels fait partie de la stratégie marketing puisqu'acheter un parfum plus rare et plus cher assure au consommateur qu'il ne se retrouvera pas avec le sillage de monsieur ou madame tout le monde.
    Et il ne faut pas oublier que les Exclusifs de Chanel, par exemple, font 200 ml par rapport aux 100 ml des conditionnements précédents (que je n'avais d'ailleurs jamais payés 50 euros).
    Enfin, il me semble plus préoccupant de constater que même la parfumerie "mainstream" semble augmenter ses prix à chaque lancement: là, pour le coup, c'est beaucoup moins justifié.

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  7. Je comprends tous ces arguments, Denyse, mais dans une certaine proportion, 150 euro pour un flacon, même en connaissance de tous ces paramètres, c'est de l'exagération. Je serais prête à payer 20, 30 ou 50% plus cher pour la confidentialité, la qualité etc, mais pas le double ou le triple! Je pensais précisément à "Mayotte" chez Guerlain, anciennement "Mahora".

    Je te rejoins complètement sur le prix des mainstream, par contre, avec une nuance: il y a très souvent des offres de réduction de 20% sur ceux-là, sans parler des sites internet type FrangrancesX qui les brade (desquels les "niche" sont absents pour la majorité).

    Sinon, Denyse, personnellement, ça ne te dérangerait pas de partager ton parfum avec ton salon?

    Pour la bougie de Dyptique, je ne l'ai malheureusement jamais sentie, mais j'ai hâte!

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  8. Clochette, les braderies et déstockages se sont multipliés en conséquence de la crise, mais si je peux me réjouir de prix doux en tant que consommatrice, je serais désolée de trouver certains bijoux jetés ainsi dans le bac aux aubaines.
    Pour ce qui est de partager mon parfum avec mon salon... Ma foi, ma maison est déjà un concert d'odeurs, entre le sillage du jour, les touches qui trainent sur la table et tous les échantillons. Les bougies ne font en général qu'ajouter à la cacophonie!
    Mais pour une personne qui porte un parfum, et qui adore se retrouver environnée de telle odeur, pourquoi pas?

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  9. Pour en revenir au sujet premier, je ne trouve pas indispensable la technique du headspace appliquée au parfum d'ambiance mais ce n'est que mon opinion.

    Personnellement, je n'aimerais pas sentir comme mon salon; je pense notamment à la note Maharadjah qui existe en room spray/bougie et en Eau de parfum... et qui est la plus vendue.

    Je comprends tous les paramètres liés à une petite productionn n'empêche que je pense qu'il existe un seuil psychologique où les gens ne sont pas disposés à aller, en l'occurence une bougie à 105€. 70€ me paraissent déjà hors de prix.

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  10. (Je ne les ai pas encore essayé.)
    Pour une fois qu'apparemment le seul défaut d'un parfum en est le prix, on ne va pas se plaindre. :)
    Une offre intéressante à connaitre et sentir, même si on ne repart chez soi qu'avec le plaisir de les avoir senti, à défaut de les posséder.

    Je n'ai toujours pas essayer la pratique des bougies, j'ai peur qu'elles imprègnent définitivement l'odeur de ma chambre, l'endroit où j'essaie mes parfums. Qu'elles s'accrochent aux rideaux, partout. Ëtre hanté par une fragrance quand on aime justement en essayer beaucoup et en changer.

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  11. Porter un parfum, c'est une relation intime charnelle, de soi à soi d'abord, puis de soi aux autres. Là, le parfum diifusé, partagé, le parfumqui habite l'espace, même si c'est notre espace personnel, c'est tout à fait autre chose. Ce concept me laisse rêveuse, à défaut d'être séduite. A vrai dire, oui, je franchirais sans doute plus vite le pas si la barre des prix n'était pas placée si haut, c'est là que le bât blesse et d'ailleurs il est remarquable qu'on parle tant de prix dans les commentaires...
    M-alizarine

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  12. « Le parfum sans corps », et « le corps sans parfum » pourraient bien intituler les parties successives d’un roman de Canetti : j’adore!

    Le concept d’un parfum sans corps est en effet fascinant. Et après avoir passé le week-end à gratter mon poignet (extrêmement) gêné par un attar de trop, j’y vois aussi des attraits très concrets !
    Cela dit, je me sens toujours un peu frustrée quand je tombe sur un bougie/parfum d’ambiance magnifique qui n’ait pas une contrepartie pour la personne. Rien qu’à entendre nommer une « gardenia » FM je lamente, en pleurnichant, son absence des rayons edp. Je veux que mon parfum me suive !
    Et on ne parle pas du prix, on est d'accord... ;)
    Le bracelet maison FK est une idée beaucoup plus à mon gout… mais bon, à condition que je puisse choisir le parfum du bracelet chez d’autres maisons, parce que là, euh, franchement….

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  13. Rebecca, moi l'idée du headspace me passionne, mais c'est sans doute mon côté geekette! J'espère pouvoir un jour sentir les reconstitutions d'IFF (on peut rêver).

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  14. Julien, même si mon appart est vaste, j'ai toujours un peu peur de ça moi aussi... et mes bougies me font parfois des années, du coup!

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  15. M-alizarine, c'est un peu ma faute, car je donne rarement des prix dans mes avis. Il faut dire que ceux-là freinent un peu les achats impulsifs! Mais l'idée d'une conception différente du parfum une fois qu'il ne doit plus embrasser la peau me séduit énormément.

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  16. Zazie, bon, pour les parfums MFK, on est d'accord. Quant au gardénia, l'odeur se marie si naturellement à celle de la peau que j'avoue en avoir testé sur poignet, je n'ai pas pu m'en empêcher! Je crois que ce serait en effet un parfum pour soi ravissant.

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  17. En les sentant, j'ai été fasciné par Saint des saints et son odeur de pierre froide un peu moussue et humide. Ma première réaction a été: dommage qu'ils ne le fassent pas en parfum. Mais effectivement ai-je envie de sentir comme un endroit? Après j'ai pas été vraiment convaincu par le Rubber qui dégage une odeur de plastique + la fragrance et quand à la "fleur mécanique", je trouve l'idée bonne mais comme tout le monde le prix m'a un peu rebuté, 260 euros pour un diffuseur d'huiles essentielles amélioré: sans moi. En fait la boite rouge m'a rappelé un peu le film de Tati, Mon Oncle avec tout ses gadget hyper moderne des années 60.
    Sur le headspace par contre je suis totalement convaincu qu'il y a des choses à explorer et cette collection d'ambiance est enthousiasmante. Je rêverai d'y sentir d'autres lieux comme la forêt amazonienne par exemple, un chèvrefeuille qui dure plus d'un quart de seconde et sans le cortège d'agrumes habituelles, des odeurs comme le Palo santo d'amérique du sud, le copal.. Exotisme et authenticité, à l'instar de la démarche de Sandrine Videault avec Manoumalia.

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  18. Odoriser Desodoriser

    Tout est parfumé et plus rien n ‘a d ‘odeur ! Aujourd ‘hui Odoriser et Désodoriser ont pris le même sens. Un arsenal pour le carnaval du cinquième sens. Bougies, bombes, pots-pourris, diffuseurs, déodorants…créent leurs faux-semblants, cigare masqué au jasmin et oignon maquillé à la lavande…combien de ces nouveaux mutants envahissent le quotidien…. Une fenêtre ouverte reste pourtant une solution idéale comme le bain demeure un rituel avant de se parfumer. Quelle qu ‘en soit la qualité, le déodorant est parfum qui n ‘avoue pas son nom. Si l ‘on refuse le parfum, on pourra ainsi l ‘acquérir sous une autre identité.
    Marketing? Il existe un grand marketing qui s ‘articule autour de la création, généreux, progressif. Intelligent, il prépare l ‘avenir, le maîtrise. Se revendiquant de la même fonction, d ‘autres aménagent autour de leurs propres peurs qu ‘elles nomment consommateurs un univers en toute mediocrité.
    L ‘absence d ‘odeur semble être devenue une sorte d ‘angoisse qui pourrait, selon les invidus, faire apparaître meme l ‘idée même d ‘une « mauvaise odeur ». Notre époque fuit toute possibilité de retrouver la réalité à travers l ‘odorat, elle en a peur, elle fuit sa mémoire. Le goût du ne saurait exister qu ‘à partir d ‘une forme de conscience des lieux, des matières, des êtres…
    Si ce n ‘est le cas, le parfum peut disparaitre. Il abîme les sens beaucoup plus qu ‘il ne les active.

    Serge Lutens

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  19. Anatole, il est vrai que ces captures d'ambiances représentent des possibilités infinies de voyages immobiles dans l'espace ou les saisons... Je n'ai pas pu, comme je l'ai dit, tester le diffuseur, mais ce qui manque souvent au parfum pour soi, c'est le volume -- je pense par exemple à l'odeur des tilleuls. Recréer cette impression de volume serait fabuleux.

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  20. Moon Palace, très beaux propos de Serge Lutens... Mais pour les vrais amoureux de parfums et des odeurs, rien n'est exclu: sentir les vraies choses ou leur double virtuel, les bonnes ou les mauvaises odeurs, s'environner de l'odeur d'un temple indien dans un appartement parisien. Il ne s'agit pas toujours de masquer mais de multiplier les plaisirs et les expériences.

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  21. Multiplier les experiences certes, mais ne s'agit-il pas avant tout de multiplier les filons commerciaux?
    Serge Lutens a raison, cette derive des produits parfumes tue le parfum; porter un parfum c'est autre chose que le simple domaine des odeurs.
    J'ai appris par l'ex directrice d'Annick Goutal qu'a l'epoque ils lui avaient demande de developper sa gamme de produits, elle etait d'accord pour les bougies et une creme pour le corps qui accompagnaient ses parfums mais surtout pas aller au-dela de ca. Le jour ou elle est morte, ils ont sorti les lotions pour les mains, les deodorants, les cailloux a bruler, les shampooings et la liste est longue!

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  22. Moon Palace: filons commerciaux, ben oui! Ce sont des entreprises, après tout...
    Je suis entièrement d'accord pour dénoncer la pléthore de produits parfumés à tout va -- Dieu sait qu'il est difficile, par exemple, de trouver des produits capillaire dont l'odeur n'est pas offensante. Dans le cas présent, il s'agit de compositions mises au point avec autant de soin que celles de la haute parfumerie, pas de cacophonie olfactive.
    Pour ce qui est d'Annick Goutal, j'avoue que je suis plutôt heureuse de me savonner et de me crémer à Songes de temps en temps, et leurs soins à la rose ont une odeur délicieuse.

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  23. Je prefere tout de meme la position de Serge Lutens, de toute facon lui aussi comme tout le monde est confronte a une certaine realite economique. Il prefere lancer une gamme de maquillage haut de gamme a succes qui en aucun cas devalorise sa parfumerie (le maquillage Lutens devance les parfums dans tous les points de ventes Barney's aux Etats-Unis) plutot que de se vautrer dans la sortie de produits parfumes pour le corps, la maison, la voiture... Il proposait en 2003 les Fonds de Parfum Lutens pour les supprimer peu de temps apres; il a une vision du parfum qui respecte le "Parfum" - toutefois je reconnais que le coup d'ouvrir une fenetre c'est plus evident quand on vit a Marrackech plutot que dans une banlieue sordide en europe ou en amerique du Nord, par contre plus tard il disait encore que les toilettes doivent sentir les "eaux" et surtout pas les bombes et les plug-ins parfumes et la je suis entierement d'accord avec lui.

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  24. Moon Palace, Serge Lutens est un très grand maquilleur et sa ligne de maquillage, magnifique, en est plus que légitimée. Mais je ne vois pas en quoi une crème parfumée dévalorise un parfum: depuis l'époque de François Coty, les maisons proposent des déclinaisons de leurs créations. Serge Lutens tient aujourd'hui un discours destiné à soutenir sa plus récente création, et quelle que soit mon admiration de très longue date pour lui, je ne me sens pas tenue d'adhérer à ses moindres propos. Ni d'imposer certaines odeurs nauséabondes aux autres lorsque je peux les recouvrir d'un pschitt.

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  25. Attention je n'ai rien contre les cremes pour le corps ou meme un bain moussant qui accompagnent un parfum mais faut pas aller au-dela de ca non plus, sinon faut bien reconnaitre qu'on tombe dans la surexploitation marketing d'une gamme de parfums et c'est que dans une certaine mesure c'est devalorisant.

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  26. Moon Palace, va les sentir rien que par curiosité, ce ne sont pas des produits dérivés mais de vraies compositions.

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  27. Justement j'y vais jeudi, j'ai besoin de passer chez Barney's, mes impressions ici plus tard dans la semaine - je promets d'etre objective et de ne pas jouer les petites pestes ;)

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  28. Bonjour Denyse, j’ai dédié ma dernière visite chez Malle aux parfums pour la maison et en effet, comme tu le disais, je ne les ai pas aperçus comme des extensions des parfums pour le corps, mais comme une ligne qui a une propre dignité, une valeur et un concept complètement aboutis. Je ne pense pas que le parfum pour la maison soit une expression dévalorisante en terme artistique, plutôt je crois que l’adoption du parfum comme «ameublement olfactif» soit une façon intellectuelle de fournir des repères olfactifs inexistants aux gens qui habitent la pièce parfumée, voire une sorte de voyage immobile qui nous transporte ailleurs.
    Je pense que le gardénia est vraiment étonnant pour la qualité et la richesse et…même pour le prix… Un seul reproche: l’utilisation des cloches à sentir pour les bougies qui fait trop Cire Trudon…

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  29. Antonio, je ne pourrais pas mieux dire. Ah, ce gardénia...

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